Pour certains, le jardinage biologique consiste simplement à ne pas utiliser d’engrais ou de pesticides synthétiques. Pour bien d’autres, il s’agit d’un concept plus vaste d’harmonie avec la nature et d’équilibre, atteints par l’incorporation ou l’imitation d’éléments caractérisant les milieux naturels, ainsi que par d’autres techniques écologiques.
Pourquoi opter pour un jardinage biologique?
Lutter contre la nature, c’est s’engager dans une voie fort difficile, caractérisée habituellement par une dépendance croissante aux engrais et pesticides synthétiques. En plus d’être néfaste pour l’environnement, la faune et la santé humaine, un jardinage de ce type peut se révéler également coûteux et prendre beaucoup de temps, car les aidants naturels du jardinier désertent les milieux peu accueillants.
Le jardinage biologique est assorti d’avantages d’ordre général. En voici quelques-uns :
- les méthodes qui lui sont associées contribuent à maintenir la bonne qualité de notre air, de notre eau et de nos sols, ce qui nous donne...
- des jardins ne présentant pas de risques et offrant un cadre agréable de détente familiale, tandis que...
- les animaux des environs, de même que d’autres qui sont éloignés, en retirent des avantages, ce qui veut dire que…
- nous obtenons à notre tour des services fauniques, qu’il s’agisse par exemple de lutte contre les espèces nuisibles ou de pollinisation, sans compter que...
- les plantes des jardins biologiques ont tendance à avoir meilleure mine, à être plus vigoureuses et à être également plus luxuriantes.
Au bout du compte, bien qu’il y ait différents degrés de jardinage biologique, les gens se tournent vers ce type de jardinage, spontanément ou bien au terme d’une réflexion, parce qu’ils comprennent que nous faisons partie de la nature et que notre existence est tributaire d’une planète en bonne santé. Les motivations de certains dépassent le seul désir d’assurer leur bien-être et participent en plus d’un respect pour cette vie qui nous entoure et dont tous les êtres vivants de notre planète, nous y compris, tirent ce qui leur est nécessaire; il s’agit d’un respect marqué par la volonté de jouer un rôle utile pour l’harmonie du vivant.
Que votre intérêt soit naissant ou débordant, que vous disposiez de peu ou de beaucoup de temps, que vos moyens soient limités ou étendus, poursuivez la lecture pour découvrir des possibilités d’orienter votre jardin vers les avantages d’un jardinage biologique et comprendre pourquoi cela présente de tels avantages.
Comment s’y prendre
Voici les grands axes du jardinage biologique :
- l’amendement de la terre lorsqu’elle en a besoin;
- la culture de végétaux variés offrant un habitat à des espèces animales elles aussi variées;
- l’aménagement et l’entretien du jardin d’une manière qui permet à ses organismes de bien y vivre;
- la résolution des problèmes rencontrés ou éventuels par des moyens inoffensifs, en adoptant d’abord des mesures préventives.
Soins édaphiques
Pour créer un jardin dynamique, il faut d’abord veiller à la qualité de la terre, dont l’utilité est double. Dans une terre de bonne qualité, d’importants organismes du sol foisonnent; leur travail de décomposition met des nutriments à la disposition des racines des plantes. Pour avoir des plantes radieuses, il est essentiel d’avoir une bonne biodiversité édaphique. Une terre de bonne qualité présente en outre une texture qui réduit ou élimine les besoins d’arrosage.
Dans la nature, des nutriments retournent sans cesse dans le sol sous forme de tissus végétaux et animaux en décomposition. Ce processus permet aux plantes de rester en bonne santé. Elles évitent plus facilement les maladies et résistent mieux aux organismes nuisibles. Ce sont des plantes plus robustes, qui ont meilleure mine.
Dans notre quête de jardins soignés, nous ne rendons souvent rien à la terre ou bien nous lui ajoutons des engrais synthétiques. Ces produits peuvent être trop forts et nuire aux organismes utiles du sol. Ils peuvent également représenter une dose trop importante pour les plantes dans un court laps de temps, un peu comme les stéroïdes chez les humains. En outre, ils peuvent avoir un effet nocif sur nos cours d’eau et nos étendues d’eau. L’eau de pluie transporte les résidus dans l’eau souterraine, dans les cours d’eau et, au bout du compte, dans les océans. Cela a une incidence sur la qualité de l’eau que nous buvons, que nous utilisons pour nous laver et dans laquelle nous nageons. Cela a également une incidence sur la santé des animaux et végétaux aquatiques qui ont besoin d’un habitat propre qui ne leur fait pas de tort.
Les engrais naturels, tels le compost, le terreau de feuilles, le fumier vieilli ou même le purin d’orties, nourrissent le sol, et par conséquent vos plantes, sans nuire de quelque manière que ce soit au milieu environnant. Dans bon nombre de cas, ils amendent également la terre en lui ajoutant de la matière organique (provenant de tissus vivants), ils l’aèrent, lui permettent de mieux retenir l’humidité, ce qui est bon pour vos plantes, et réduisent le ruissellement, ce qui est bénéfique pour d’autres milieux.
Le paillage de vos plates-bandes avec des matériaux naturels, par exemple des copeaux de bois, de la paille ou des feuilles, empêchera les mauvaises herbes de pousser, retiendra l’humidité par temps très chaud, empêchera l’érosion du sol et maintiendra sa température à un niveau convenable. De plus, le paillis offrira des nutriments à la terre au fil de son lent processus de décomposition.
L’herbicyclage, qui consiste à laisser les rognures de gazon là où elles sont après la tonte, retourne des nutriments à la terre si celle-ci contient suffisamment de microorganismes pour suffire à la tâche. Dans le cas contraire, on peut épandre une fine couche de compost une ou deux fois par année pour favoriser l’effectif et la bonne santé de cette édafaune si utile au jardinier.
La végétation qu’il leur faut
La culture de toute une gamme de végétaux – des arbres, des arbustes, des plantes grimpantes, des vivaces à fleurs, des fougères et des graminées – favorisera la biodiversité à la surface. Ces plantes offriront à une multitude d’insectes, d’oiseaux et d’autres animaux utiles de la nourriture, des abris, des endroits où ils se sentiront chez eux. Ces animaux étant en mesure d’habiter chez vous, ils se nourriront en outre d’autres animaux qui autrement pourraient poser problème.
Il est aussi utile de mélanger ces végétaux, car une surface étendue ne comprenant qu’un seul type de légume ou de plante à fleurs sera plus facilement trouvée et mangée par les ravageurs.
Ajoutez à votre terrain des plantes indigènes à votre région, car l’évolution de ces espèces s’est faite de manière parallèle à celle d’autres espèces sauvages, et elles sont également adaptées aux conditions météorologiques locales.
Aménagement et entretien d’un jardin biologique
Le processus de création et d’entretien d’un jardin offre des possibilités de favoriser son caractère biologique. Par exemple, le fait de placer une plante dans un endroit présentant un ensoleillement, un type de sol et un niveau d’humidité correspondant à ses besoins augmentera les chances que non seulement elle survive, mais qu’elle prospère. En plus de favoriser des sols en santé, cela réduit encore le besoin de recourir à des pesticides ou des engrais de synthèse qui peuvent avoir des effets défavorables sur l’environnement, à petite et grande distance.
Dans l’optique d’un jardinage biologique, il est de même utile d’examiner les plantes régulièrement lorsqu’on se promène au jardin, afin de détecter tout problème éventuel, qu’il s’agisse de mauvaises herbes, d’organismes nuisibles ou bien de maladies. Habituellement, plus on s’occupe tôt des problèmes, plus il est facile d’y remédier.
La prévention peut également consister à enlever les mauvaises herbes au début de leur croissance et lorsque le sol est humide, par exemple au printemps ou après une pluie abondante, car il est alors plus facile de les arracher. D’autres mesures préventives peuvent consister à enlever du jardin les tissus végétaux atteints de maladies ou bien à intercaler davantage d’espace entre les plantes qui ont besoin d’une bonne circulation d’air pour ne pas être attaquées par le mildiou.
Vous pouvez donner une dimension supplémentaire à votre jardinage biologique en réduisant votre consommation d’eau grâce au paillage et à l’amendement, comme mentionné ci-dessus, mais aussi en recueillant l’eau de pluie dans des tonneaux, et en arrosant les plantes le matin, au niveau du sol. Vos plantes ne s’en porteront que mieux, votre facture d’eau sera réduite et les répercussions défavorables de la surutilisation d’eau seront elles aussi réduites.
Essayez-vous à faire votre propre compost, l’or du jardinier. Examinez la superficie de votre pelouse en vous demandant de quelle portion vous avez besoin pour les diverses activités auxquelles elle sert; déterminez ensuite quelles parties vous pouvez remplacer par des milieux plus naturels qui offriront un meilleur habitat à des animaux. En plus d’aider votre jardin, cela réduira les besoins d’entretien associés à la pelouse. Réfléchissez également aux possibilités qui s’offrent à vous pour l’entretien de la partie de gazon restante, notamment à celle de ne pas l’arroser et de le laisser entrer en dormance pendant l’été (si c’est ce qu’il ferait dans votre région). Voyez s’il est possible d’utiliser une tondeuse manuelle! Il y a même des variétés de gazon qui ne demandent qu’une seule tonte par mois.
Des solutions aux problèmes
Si vous mettez en pratique toutes les idées préventives que nous avons mentionnées jusqu’ici, il y a de bonnes chances que vous n’ayez pas besoin de vous tourner vers les insecticides et les herbicides. Si un problème apparaît, essayez d’y remédier de l’une des manières décrites ci-dessous, en ne perdant pas de vue le principe de culture biologique qui veut qu’on commence par la solution la plus inoffensive.
Tenez les insectes à bonne distance de vos cultures potagères au moyen de minitunnels recouverts d’un film qui laisse suffisamment passer les rayons du soleil, mais qui empêche les intrus d’atterrir sur les plantes. En ce qui concerne les animaux de plus grande taille, tenez-les à l’écart de certaines parties de votre terrain au moyen d’une barrière. Vous pouvez aussi faire appel à des répulsifs. Des assiettes à tarte ou d’autres objets qui se font facilement emporter par la brise pourront surprendre des animaux en quête de nourriture. D’autres types de répulsifs produisent l’effet désiré en raison de leur odeur; dans cette catégorie, les mélanges d’ail et d’œufs, ainsi que les vêtements couverts de sueur éloigneront divers animaux. Le compagnonnage des plantes, qui consiste à regrouper des plantes d’espèces différentes, est un autre moyen d’éloigner les déprédateurs et de veiller à ce que les plantes trouvent tous les nutriments dont elles ont besoin.
Vous pouvez également envisager de ramasser des insectes à la main. Il est aussi possible de les arroser. Si après quelques coups vous ne constatez pas de résultats satisfaisants, ajoutez une petite quantité d’un détergent doux et écologique. De nombreux produits peuvent être présentés comme inoffensifs, mais rappelez-vous que c’est en lisant l’étiquette et en posant des questions que vous saurez quels sont les meilleurs à cet égard. Si cela ne fonctionne pas, essayez les pesticides biologiques ou bien les pièges (dans le cas des limaces, de la bière). Sachez toutefois que le cycle de nombreuses espèces déprédatrices comprend une phase d’endommagement temporaire de végétaux, suivie d’une période pendant laquelle ceux-ci peuvent reprendre leur développement normal. Si vous faites quelques recherches, des situations qui se répètent d’année en année pourraient vous demander beaucoup moins de temps.
Notre fiche d’information sur les méthodes naturelles de lutte contre les insectes, ainsi que les sections sur les animaux importuns et sur l’entretien des pelouses offrent une mine de renseignements précis sur ce sujet.
Il y a tant de moyens de travailler en harmonie avec la nature. Parmi les avantages d’une telle approche : un jardin bien vivant dont les besoins sont comblés de manière naturelle. Alors pourquoi ne pas réfléchir un peu à l’aménagement de votre jardin et laisser Dame Nature en prendre soin tandis que vous vous détendez?
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Les problèmes associés aux pesticides Voyez votre jardin comme un petit écosystème : tous les organismes vivants y sont en équilibre. L’utilisation de pesticides (des produits chimiques conçus pour tuer) perturbe cet équilibre de deux façons. Souvent, par contamination de l’air, de l’eau et du sol, les pesticides ne nuisent pas qu’aux organismes visés. Ils peuvent ainsi exterminer ou affaiblir les populations d’espèces importantes, notamment d’insectes pollinisateurs. Ces insectes utiles jouent un rôle important dans la santé de nos jardins. On a également constaté que d’autres animaux pouvaient voir leur santé décliner, notamment des oiseaux, qui ingèrent habituellement les toxines en mangeant des aliments contaminés. L’étendue des dommages peut être vaste, car les pesticides peuvent être emportés par l’eau et l’air vers des écosystèmes fort éloignés. Il y a ensuite l’effet direct des pesticides : ils exterminent certaines populations d’insectes ou de mauvaises herbes qui pouvaient constituer une source de nourriture pour des animaux. Les populations de papillons se mettent à décroître lorsque des herbicides les privent de nourriture. La santé d’animaux appartenant à de nombreuses espèces, notamment des oiseaux, des grenouilles, des crapauds et des chauves-souris, est tributaire d’une présence suffisante d’insectes. C’est le cas des colibris, qui ont besoin d’une certaine quantité d’araignées et d’insectes comme source de protéines! Pourquoi ne pas permettre à ces animaux de maîtriser vos populations d’insectes naturellement? |
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