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Jardinage sur balcon pour les débutants

plantes tomates sur le balcon

J'ai passé mon deuxième hiver à Ottawa à regarder dévotement Rosemary & Thyme, une émission anglaise animée par de fins limiers du jardinage, et j’occupais mon temps entre les épisodes à rêver de jardins anglais baignés de soleil. L’été venu, j’ai donné vie à mes rêves et j’ai planté mon tout premier jardin sur mon balcon, avec de nombreuses plantes indigènes au Canada. Ça a été une réussite, mais l’expérience m’a aussi fait prendre conscience que j’ai encore beaucoup à apprendre – ce ne sont pas quelques plantes qui font une jardinière!

 

Le balcon

En plus des épreuves et des tribulations liées au fait d’être une jardinière débutante, mon balcon présente des défis supplémentaires comme le fait d’être exposé au vent, envahi par les pigeons, très petit, orienté à l’Est (et ne recevant ainsi que deux à trois heures de soleil par jour à peine), et situé au huitième étage d’un immeuble élevé proche du centre-ville d’Ottawa. Cet article relate ainsi mon expérience à divers égards au-delà de la courbe d’apprentissage, comme le choix de plantes appropriées pour un balcon « problématique », l’arrosage pendant que l’on s’absente pour la fin de semaine, les solutions aux problèmes de poids, de vent et de pigeons, la détermination des raisons pour lesquelles certaines plantes prospèrent et d’autres pas, en accomplissant le tout à moindre coût (ce qui implique beaucoup de créativité)!


Les récipients

Avant de commencer mon jardin, j’ai appelé le gestionnaire de mon immeuble pour lui demander si des restrictions de poids s’appliquaient à mon balcon. Apparemment, il n’y en avait pas : mon bâtiment comporte des balcons en béton des années 70 qui sont à peu près indestructibles. J’ai néanmoins limité le poids au maximum grâce à des pots légers dont j’ai rempli la moitié inférieure de boîtes d’œufs en plastique, à des jardinières de pépinière ou à de gros morceaux de mousse de polystyrène qui avaient autrefois protégé mon nouveau lecteur de DVD. J’ai superposé là-dessus un tissu de jardinage poreux, puis rempli la moitié supérieure de chaque pot avec un mélange de compost et de terreau commercial contenant de la vermiculite et de la perlite légères.

Avant de me lancer dans cette expérience, j’étais la fière propriétaire d’un chaudron de sorcière noir, un grand pot en plastique léger dans lequel j’avais cultivé quelques herbes l’été précédent. On peut planter beaucoup de plantes dans ces chaudrons, j’en ai donc ajouté deux autres à mon budget de botanique. Je suis aussi allée à Home Depot et j’ai acheté quelques pots en fibre de verre. Ils sont incroyablement légers et sont très bien décorés pour ressembler à du bambou, à du marbre ou à de l’étain, parmi de nombreuses autres textures. J’ai récupéré de vieilles boîtes en plastique sur mon lieu de travail pour surélever certains récipients.

En plus de ces pots, j’ai trouvé des barils d’olives en plastique gratuits dans un restaurant d’Ottawa, et je les ai ramenés chez moi pour les utiliser comme récipients. Tout peut faire office de jardinière, à condition de percer un trou pour le drainage – de vieilles marmites, de vieux landaus métalliques, des barils d’olives. Les possibilités sont infinies et donneront à votre jardin un charme unique et fantaisiste que personne ne peut égaler.


Les plantes

Quelques pépiniéristes m’ont dit que je défiais vraiment les conditions requises pour planter un jardin, aussi j’ai cherché des plantes considérées comme robustes et « à l’épreuve des débutants », poussant dans un sol sec à humide et, par-dessus tout, tolérantes à l’ombre ou à l’ombre partielle. Je voulais aussi des plantes fleurissant à différents moments, pour que mon jardin soit coloré tout l’été.

J’ai planté cinq plantes indigènes : la vigne vierge commune (Parthenocissus quinquefolia), la campanule à feuilles rondes (Campanula rotundifolia), le sceau de Salomon (Polygonatum biflorum), la bermudienne montagnarde (Sisyrinchium montanum) et le géranium maculé (Geranium maculatum).

J’ai aussi planté six espèces d'herbes : la lavande vraie (Lavandula vera), le thym Hartington argenté (Thymus « 'Highland Cream »), le serpolet (Thymus serpyllum), le romarin officinal « Arp » (Rosmarinus officinalis « Arp »), la menthe à épis (Mentha spicata) et la menthe poivrée (Mentha piperita).

J’ai enfin choisi des plantes non indigènes : le bec de grue (Erodium reichardii « Stork bill pink »), la heuchère « Gypsy dancer » (Heuchera « Gypsy dancer »), le coléus et un jeune if colonnaire (Taxus spp.). Certaines plantes m’ont été offertes par de gentils amis.
Une fois planté, mon balcon s’est transformé en oasis urbaine de rose (bec de grue), d’orange (coléus) et de vert (tout le reste).


Histoires de survie

Le pot de fines herbes

Il y a eu beaucoup de bonnes surprises cet été, avec certaines plantes qui ont prospéré alors que je ne m’y attendais pas. Par exemple, le romarin, le serpolet et la lavande, tous indigènes de régions d’Europe ou du Moyen-Orient dotées de climats chauds et ensoleillés, se sont étoffés, et la lavande a même fleuri fin juillet. Ces herbes étaient rassemblées dans un pot dans le coin le plus ensoleillé de mon balcon, mais ne recevaient que trois heures d’ensoleillement quotidiennes, même au cœur de l’été.
Le pot de menthe

La menthe à épis et la menthe poivrée s’en sont encore mieux sorties dans un coin constamment ombragé de mon balcon, à tel point qu’elles ont menacé d’envahir la totalité du pot. Elles étaient à peine tenues en échec par le coléus également agressif dans le même pot, qui a également prospéré et conservé sa belle couleur vive tout l’été.

 

Les plantes indigènes

Les autres plantes qui s’en sont sorties exceptionnellement bien étaient la bermudienne montagnarde, la campanule à feuilles rondes et le géranium maculé; elles ont toutes grandi et fleuri; le géranium maculé au mois de juin, la campanule à feuilles rondes et la bermudienne montagnarde à la fin du mois de juillet.

 

Les plantes non indigènes

La heuchère a fleuri trois fois au cours de l’été et le bec de grue n’a jamais arrêté de fleurir à partir du mois de mars. Le bec de grue est le rêve des apprentis jardiniers – ce membre miniature de la famille des géraniums résiste au vent grâce à ses tiges épaisses densément enchevêtrées et montre toujours un foisonnement irréductible de fleurs roses. L’if s’en est également bien sorti, bien qu’il n’ait pas beaucoup grandi.


Histoires tristes

La lavande

Malheureusement, certaines de mes plantes ont fini par mourir, y compris celles qui s’en sortaient bien au début. Ma lavande était une plante mature (environ quatre ans), aussi ai-je pensé qu’elle s’en sortirait bien. Mais certains jardiniers expérimentés disent que les racines de lavandes préfèrent être entassées dans des espaces restreints, et recommandent de cultiver cette plante dans un récipient à peine plus grand (de quelques centimètres) que la motte racinaire. Je n’ai pas vérifié cette théorie, mais elle pourrait expliquer pourquoi ma lavande est morte, car elle était entourée de beaucoup de terreau dans un de mes chaudrons de sorcière spacieux, avec du serpolet et du romarin pour compagnie.


Une autre considération à prendre en compte est que la lavande préfère les sols relativement secs, et six à huit heures d’ensoleillement quotidien. Les grands chaudrons de sorcière retiennent très bien l’humidité et n’étaient exposés au soleil que quelques heures par jour, donc il se peut que les racines se soient détrempées et que ce type de récipient ne soit pas adapté pour la lavande. Mais je ne peux pas expliquer pourquoi le romarin a survécu et la lavande pas, étant donné que ce sont deux herbes méditerranéennes qui se développent dans des conditions similaires.


Les plantes indigènes

J’ai également perdu deux plantes indigènes – la campanule à feuilles rondes, après son grand spectacle de fleurs, et le sceau de Salomon. La campanule à feuilles rondes partageait un pot avec le bec de grue, et le sceau de Salomon avec le coléus et la menthe. J’ai choisi ces combinaisons parce que je savais que le bec de grue, le coléus et la menthe deviendraient suffisamment denses ou luxuriants pour protéger les plantes indigènes plus délicates des coups de vent sur mon balcon. Malheureusement, cette stratégie a eu l’effet inverse, car ces plantes se sont propagées de manière tellement agressive qu’elles ont étouffé les plantes indigènes en les supplantant.

 

La vigne vierge commune

Ma plus grande déception a été que ma vigne vierge commune n’a pas pris possession du mur Nord de mon balcon comme je l’avais espéré. Elle a plané dans un étrange état d’équilibre où de nouvelles feuilles poussaient au sommet, tandis que celles de la base mourraient.Cette espèce est généralement robuste et peut tolérer l’ombre et une gamme d’humidité du sol, mais les boutures que j’ai enracinées et plantées n’ont pas beaucoup poussé. J’ai également eu des problèmes de moisissure du sol après arrosage, bien que je n’aie pas arrosé de manière excessive. La croissance limitée de ma vigne vierge peut être liée au fait que son pot ne comptait qu’un trou d’écoulement au-dessus d’un bac de récupération de l’eau intégré qui, je l’ai remarqué, ne drainait pas très bien. Le pot était en porcelaine et de forme rectangulaire. Je n’y ai pas percé de trous supplémentaires, parce que j’ai pensé qu’il pourrait se fissurer.


Les défis

Le vent

Les vents violents peuvent rapidement dessécher le sol et les plantes si on les laisse souffler sans les réprimer sur un jardin de balcon. Je savais que mon balcon était particulièrement venteux, parce que je suis au huitième étage et que mon immeuble est le seul bâtiment élevé dans un rayon de quelques pâtés de maisons. Un ami m’a installé un filet à fines mailles acheté à Home Depot, qui faisait partie d’une trousse pour remplacer les écrans des portes-moustiquaires. Nous l’avons monté contre le mur Nord de mon balcon, qui est fait d’un treillis en béton percé de nombreux trous. Ce filet a vraiment contribué à filtrer le vent au maximum. En le bloquant complètement, j’aurais créé beaucoup de turbulence dans d’autres secteurs. Nous avons ensuite monté un treillis en bois contre le filet, sur lequel la vigne vierge commune puisse grimper. Le mur Sud du balcon comporte aussi un treillis en béton, mais un mur continu du bâtiment crée une barrière contre les vents du Sud et du Sud-Est, de sorte qu’une ombrière en bambou a suffi sur ce mur au lieu d’un filet.


L’eau

Les récipients des jardins de balcon devraient vraiment être arrosés tous les jours, mais j’ai constaté que je pouvais laisser passer deux ou trois jours en fonction de la météo. Cela signifiait que je pouvais m’absenter de temps en temps pour la fin de semaine, sans avoir à investir dans un système d’arrosage spécialisé. Cela dit, si vous ne voulez pas vous reposer sur vos amis ou vos voisins, vous pouvez fabriquer une mèche faite maison en enroulant des collants mouillés près de la motte racinaire avec un crayon et en plaçant l’autre extrémité dans un seau d’eau surélevé par rapport au récipient. L’action de la pesanteur maintiendra l’humidité de la mèche. J’ai remarqué que les grands chaudrons semblaient retenir l’eau plus longtemps; par contre, je devais arroser les pots plus petits presque tous les jours.
Les pigeons

Un grand nombre de pigeons envahissent les balcons de mon immeuble quotidiennement. Heureusement, mes voisins du dessus et du dessous ont des balcons vraiment malpropres et laissent les pigeons les envahir. J’ai dû repousser quelques couples se courtisant de mon balcon (habituellement à cinq heures du matin), mais dans l'ensemble ils ont fréquenté les lieux où ils savaient qu’ils étaient les bienvenus. Mon voisin a trouvé une façon efficace de repousser les pigeons. Il a tendu de minces fils à l’horizontale à travers l’ouverture frontale de son balcon, espacés de 20 à 25 centimètres, et installé des écrans en bambou repliables vers le haut ou vers le bas comme des stores romains. Ça fait moins l’effet d’une pollution visuelle que les filets que les gens agrafent à travers leurs balcons, et c’est plus durable.


Les visiteurs fauniques

Je laisse toutes les plantes fleurir et monter en graine dans un effort pour attirer la faune, particulièrement les pollinisateurs. Avant que j’aie planté quoi que ce soit, un couple de roselins familiers a visité mon balcon un après-midi pour se courtiser, ce que j’ai pris comme un bon présage. Au cours de l’été, j’ai vu d’innombrables pigeons, un couple de moineaux, un papillon monarque, des chauves-souris, des abeilles, des coccinelles et de nombreux insectes plus petits que je n’ai pas su identifier voler au-dessus ou à proximité de mon jardin de balcon.


Les leçons retenues

J’ai commencé cette expérience terrifiée qu’elle ne m’expose comme une mauvaise jardinière, mais je suis maintenant rassurée de posséder au moins quelques doigts verts. Quelques plantes sont mortes sous mes soins, mais pour la plupart d’entre elles je pense que je sais pourquoi et je pourrai vérifier mes théories l’année prochaine. D’autres plantes m’ont vraiment estomaquée en faisant preuve d’une santé robuste dans un environnement où je ne pensais pas que grand-chose pousserait, ou même survivrait pour fleurir.

J’ai aussi une meilleure idée des plantes susceptibles de cohabiter dans les pots et des combinaisons que je devrais éviter la prochaine fois. J’ai également appris comment la taille et la forme des récipients peuvent influencer les niveaux d’humidité, le drainage et les performances résultantes des plantes. Je peux améliorer l’espérance de vie de mes plantes l’année prochaine en recherchant le type de confinement et le taux d’humidité que leurs racines préfèrent. En bref, j’ai prêté attention au vent, j’ai tout essayé, et j’ai constaté les résultats.