Par Maria MacRae
Une vie d’abeilleLa vie d’une abeille comporte quatre cycles : œuf, larve, pupe et adulte. La grande majorité de nos abeilles indigènes construisent leur nid dans le sol. La plupart des autres nichent dans des trous, des tiges de plantes ou des arbres morts. La femelle crée des alvéoles dans le nid qu’elle imperméabilise puis qu’elle approvisionne en nectar et en pollen comme nourriture pour les larves. Elle pond un œuf dans chaque alvéole. Le mode de construction du nid et de finition des alvéoles varie beaucoup d’une espèce à l’autre. Certaines abeilles utilisent des fragments de feuilles ou de pétales comme revêtement; d’autres utilisent de la boue, de la résine ou une substance semblable à de la cellophane qu’elles sécrètent elles-mêmes. Bien que les abeilles solitaires nichent séparément, il arrive que certaines construisent des nids collectifs, peut-être pour profiter de bons sites de nidification. Chez certaines espèces, les femelles partageront un tunnel commun, mais construiront des chambres individuelles pour les œufs, raccordées à ce tunnel. |
Admettons-le : en dépit de leur diversité et de leur rôle comme pollinisateurs, la majorité des abeilles sont généralement mal comprises et peu appréciées. Les quelque 800 espèces de la famille des apidés adoptent une vaste gamme de tailles et de formes.
Quand on pense aux abeilles, on pense d’abord à l’abeille à miel (Apis mellifera), mais cette espèce n’est pas indigène au Canada. Elle a été introduite d’Europe il y a près de 400 ans. Précieuse pour sa production de miel, de cire et d’autres produits, elle est aussi mise en service par de nombreux agriculteurs pour polliniser les récoltes. Les abeilles à miel sont effectivement d’une valeur inestimable, mais les abeilles indigènes, comme les bourdons ou les osmia, sont des pollinisateurs plus efficaces et performants. Certaines abeilles indigènes émergent de l’hibernation plus tôt que les abeilles mellifères, ce qui en fait d’importants pollinisateurs des floraisons printanières.
À la différence des abeilles indigènes, les abeilles à miel sont aussi connues pour défendre leur nid de façon agressive. La plupart des espèces d’ici sont solitaires, ce qui signifie que chaque femelle prépare son propre nid, qu’elle l’approvisionne en nourriture pour ses rejetons, qu’elle y pond ses œufs puis qu’elle n’a plus tellement de soins à fournir. Comme elles n’ont pas de grands nids ou de colonies à défendre, les abeilles solitaires tendent à être beaucoup moins agressives et ne piquent que si elles sont piégées, frappées ou manipulées. Certaines ne se défendent même pas.
Les bourdons sont les plus sociables des abeilles indigènes. Ils forment une colonie temporaire qui commence au printemps avec seulement une reine. Elle pond ses œufs et butine pour elle-même et ses larves jusqu’à ce que les premières ouvrières parviennent à maturité et commencent à l’aider. Ce n’est qu’à la fin de la saison que la reine produit des mâles et de nouvelles reines. La colonie se disperse à l’arrivée de l’hiver et seules les reines survivront jusqu’au printemps.
Les bourdons sont agressifs dans la défense de leur nid s’ils sont dérangés. Mais, loin du nid, comme les autres abeilles, il est peu probable qu’ils piquent si on ne les menace pas.
Certaines espèces, appelées abeilles-coucous, ne construisent pas de nid du tout. Comme leurs homonymes à plumes, elles pondent leurs œufs dans le nid des autres abeilles. Comme elles peuvent compter sur les réserves de nourriture récoltées par les autres abeilles pour leurs larves, les abeilles-coucous peuvent se contenter de butiner pour se nourrir elles-mêmes, sans se préoccuper de ramener de la nourriture au nid. C’est pourquoi elles n’ont pas de poils destinés à accrocher le pollen après leurs pattes et qu’elles semblent peu poilues en comparaison des autres abeilles.
Beaucoup de gens confondent facilement les abeilles et les guêpes. Bien qu’elles appartiennent toutes deux au même ordre des hyménoptères, leurs comportements sont différents.
Alors que plusieurs espèces de larves sont parasitoïdes — ce qui signifie que leurs larves se développent dans ou chez d’autres insectes —, ce sont essentiellement les guêpes qui piquent que la majorité des gens redoutent. Ces espèces incluent les vespula et les frelons, reconnus pour leur agressivité. Elles portent un dard de grande dimension qui leur permet d’immobiliser leur proie. Les abeilles, qui nourrissent leurs larves de pollen et de nectar, sont moins agressives que leurs cousines chasseuses.
Les espèces d’abeilles indigènes de l’Amérique du Nord, comme certains autres de nos pollinisateurs, sont menacées par la destruction de leurs habitats, les pesticides et d’autres dangers. En créant un jardin accueillant pour les pollinisateurs (voir « Protégeons nos pollinisateurs », Biosphère, mars-avril 2008), vous aiderez nos abeilles indigènes. Deux éléments essentiels d’un bon habitat sont la présence de fleurs nourrissantes pour les abeilles et de bons sites de nidification. En ajoutant à votre jardin certaines des espèces préférées des abeilles, vous aiderez à fleurir nos étés pour longtemps.
Des fleurs pour trois saisons | |
| Saison de floraison | Quelques bonnes plantes pour les abeilles |
| Printemps | pommier, bleuetier, cerisier, cornouiller, amélanchier, viorne, violette, saule, fraisier sauvage, géranium sauvage |
| Été | monarde fistuleuse, céphalante, rudbeckie, véronique de Virginie, érigéron, érigéron à feuille d’hysope, reine-des-prés, asclépiade, rosiers indigènes, céanothe d'Amérique, dalea, églantier, achillée millefeuille |
| Fin de l’été et automne | aster, rudbeckie hérissée, verveine hastée, silfe, héliopsis, verge d’or, lobélie syphilitique, eupatoire maculée, tournesols indigènes |