La viorne trilobée

Texte et photographie par Sarah Coulber

Pour les passionnés des plantes indigènes qui ont assez de place pour un arbuste dans leur jardin, la viorne trilobée (Viburnum trilobum) est peut-être juste ce qu’il leur faut. Comme le sont souvent les autres membres du genre Viburnum, c’est une plante d’une grande beauté. La viorne trilobée se couvre de jolies fleurs blanches à la fin du printemps, fleurs que des grappes de baies d’un rouge vif viennent remplacer vers la fin de l’été. Plus tard, ses feuilles revêtent un éventail spectaculaire de couleurs automnales. Cette espèce de viorne trilobée peut atteindre de deux à quatre mètres de hauteur, alors que sa variété eurasienne reste habituellement plus courte.

Si on les regarde de près, on remarque des bouquets de petites fleurs jaunâtres au centre entourées de fleurs d’un blanc voyant. Ces dernières sont infertiles et elles tombent une fois que les premières sont fécondées et qu’elles commencent à produire des fruits. Les feuilles de la viorne trilobée sont semblables à celles de l’érable, mais avec trois lobes distincts, ce qui leur donne leur nom latin de trilobum. Le bord des feuilles est parfois lisse, parfois garni de dents ou de dentelures, et un même arbuste peut porter des feuilles de types différents.

On appelle aussi la viorne trilobée Viburnum opulus var. americanum (trilobum), puisque certains la considèrent comme une sous-espèce de la variété eurasienne, mais on la nomme souvent simplement Viburnum trilobum. Comme il arrive que cette espèce soit mal identifiée, il est important de bien regarder comment la base des feuilles (le pétiole) se joint à la branche si on veut en acheter une. Les glandes de l’espèce canadienne se distinguent par leur tige, dont sont dépourvues les autres espèces.

Bien que les baies ne soient pas la nourriture préférée de plusieurs oiseaux, elles constituent un aliment important pour leur survie à mesure qu’avance l’hiver. La gélinotte huppée, le jaseur d’Amérique, la grive, le merle d'Amérique, le cardinal et le gros-bec comptent parmi les oiseaux qui mangent les fruits de la viorne trilobée. Des mammifères comme le chevreuil, l’original, l’écureuil roux et le castor se nourrissent aussi parfois de diverses parties de cette plante.

En plus de servir d’aliment, les arbustes de viorne trilobée peuvent aussi constituer un abri contre les éléments pour les oiseaux et une cachette pour éviter les prédateurs. 

Les baies de la viorne trilobée sont apprêtées en sauce et en gelée. Son goût acidulé et sa couleur vive suscitent les comparaisons avec les canneberges, qui proviennent cependant d’arbustes plus bas. Les baies de l’espèce européenne sont encore plus acides et se prêtent peu à la cuisine.

Cet arbuste a aussi des propriétés médicinales, puisqu’il soulage les crampes et les ganglions enflés.

(Mise en garde : Nous ne recommandons pas l’usage de ces plantes pour des fins médicinales ou de consommation. Un grand nombre de plantes peuvent être venimeuses ou nocives si elles sont ingérées ou font l’objet d’un usage externe. L’information dispensée sur les valeurs médicinales ou nutritionnelles des plantes est donnée à titre informatif seulement et provient de différents ouvrages. L’exactitude de ces renseignements n’a pas été vérifiée.)

Il est relativement facile d’entretenir une viorne trilobée. Les habitants de l’Est du pays doivent en inspecter les feuilles pour y détecter les larves de la chrysomèle de la viorne, qui en mange copieusement. Ces insectes d’origine européenne ralentissent la croissance des arbustes et peuvent même les tuer s’ils continuent de sévir d’année en année. Pour éviter ce problème, il suffit de vérifier si les branches ont de petites bosses noires et de couper celles qui en ont à la fin de l’hiver, avant que les larves qu’elles contiennent éclosent. Les branches coupées doivent aller aux ordures pour éviter la propagation des larves. 

La viorne trilobée est une plante indigène de toutes les provinces au Canada. Elle pousse en taillis dans les zones humides, comme les littoraux, les marais et les bords des forêts. Dans le jardin, elle tolère des sols de nature diverse, quoiqu’un sol humide dont l’eau s’écoule bien est préférable. C’est une plante qui aime être en plein soleil, mais elle peut tolérer l’ombre une partie du temps.

Si vous connaissez quelqu’un qui a une viorne trilobée, il est facile d’en prendre les graines pour faire pousser vos propres plants. Recueillez les baies lorsqu’elles atteignent la pleine maturité et qu’elles sont d’un beau rouge vif, plantez-les dans la terre et attendez. Elles mettent environ deux ans à germer, car il leur faut traverser une période de temps chaud, une de temps froid puis une autre de chaleur avant qu’elles montrent des signes de croissance.

Vous pouvez aussi prendre une bouture ligneuse, la tremper dans du mélange d'enracinement et la planter dans un sol léger. Laissez-la dans un endroit baigné de lumière indirecte jusqu’à ce qu’elle commence à pousser.

Si vous souhaitez acheter des plantes indigènes dans votre région, consultez notre liste de fournisseurs (en anglais).