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Photographie par : Sarah Coulber |
Par Sarah Coulber
Bien que j'aie toujours aimé la nature, ce n'est que vers la jeune vingtaine que j'ai commencé à lui prêter une attention plus sérieuse. En plus des oiseaux et des plantes à fleurs de la couverture forestière, je me suis essayée à identifier les arbres autour de moi, en commençant par ceux que je voyais le plus souvent. À ma grande surprise, j'ai découvert qu'un des arbres les plus imposants de mon bois local était un arbre avec lequel j'avais grandi toute ma vie, quoique sous la forme de haie. Ce thuya occidental, Thuja occidentalis, avait toujours été là, rattrapant les balles qui s’échappaient de mon terrain de basket-ball (alias l’allée de la maison), fournissant une cachette parfaite, et offrant un arrière-plan permanent d’un vert que mon père s’occupait à tailler chaque été.
J'ai alors commencé à en apercevoir partout, dans les haies comme sous forme de petits arbres arrondis. Les thuyas les plus remarquables dont je me souviens, cependant, sont ceux qui croissent dans certains bois que j'ai explorés dans la Ceinture de verdure d’Ottawa. Ils mesuraient environ dix mètres de haut, peut-être plus, et toutes leurs branches inférieures, celles qui se trouvaient à ma hauteur, étaient tombées ou étaient nues. Comme ils étaient agglutinés, ils donnaient l’impression que l’on sortait du sentier pour s’aventurer dans une cathédrale vivante, avec des piliers en troncs d'arbres, de hauts plafonds et une douce lumière qui s’infiltrait à travers les feuilles.
Cette espèce, également appelée thuya de l’est, pousse du sud-est du Manitoba jusqu’au Nouveau-Brunswick et aux parties occidentales de la Nouvelle-Écosse et de l’Île-du-Prince-Édouard. En raison de sa préférence pour les sols humides, on la trouve le long du littoral et dans les zones marécageuses, bien qu'elle se produise également dans des zones arides aux sols non acides, comme sur du calcaire.
L’autre espèce canadienne de Thuja est le thuya géant (Thuja plicata), un arbre immense qui pousse le long de la côte de la Colombie-Britannique et dans les zones plus humides de l'intérieur, près de la frontière orientale de la province avec l'Alberta. Également appelé cèdre de l’Ouest, il s’agit de l'arbre-emblème de la Colombie-Britannique.
Apparence
Alors que le thuya occidental peut croître jusqu’à 15 à 20 mètres, son cousin de l'Ouest, le thuya géant, peut atteindre la hauteur énorme de 60 mètres. Les deux espèces peuvent vivre plusieurs centaines d'années. Si l'arbre a grandi à haute altitude, sur des falaises et dans des fissures où la croissance des racines est limitée, toutefois, il apparaît rabougri, comme un petit arbuste.
Les deux espèces ont des feuilles vertes écailleuses et leur écorce mature est brune et filandreuse. Les cônes sont petits chez les deux espèces – environ un centimètre –, mais les écailles de l’espèce occidentale se terminent en pointes recourbées, alors que les écailles de l'espèce orientale sont arrondies à
l'extrémité.
Le Canada abrite deux autres plantes qui portent le nom « cèdre ». Ces deux plantes appartiennent à des genres différents et ont des caractéristiques différentes. L'une de ces plantes est le genévrier rouge (Juniperus virginiana), que l’on trouve dans quelques lieux du sud de l'Ontario et, dans une moindre mesure, dans le sud du Québec. L'autre est le cyprès jaune (Chamaecyparis nootkatensis), qui pousse le long de la côte de la Colombie-Britannique. Bien que ses feuilles soient similaires en ce qu'elles comportent des écailles, le genévrier rouge est une forme de genévrier et comporte des baies au lieu de graines. Le cèdre jaune, également appelé cyprès de l'Alaska ou faux-cyprès de Nootka, comporte de petits cônes comme ceux du Thuja, mais ils sont plus arrondis et chaque écaille est dotée d’une pointe qui dépasse sur son dos.
Utilisations
Les deux espèces de Thujas fournissent un abri précieux à une foule d'oiseaux et de mammifères tout au long de l'année. Pour ce qui est de la nourriture, les graines des cèdres nourrissent les écureuils et une variété d'oiseaux, parmi lesquels les tarins des pins, les juncos et les sizerins flammés. Les lièvres d’Amérique et les chevreuils grignotent les feuilles et les rameaux des cèdres, qui les aident à survivre aux hivers.
Les tribus autochtones ont utilisé ces deux espèces d’arbres d’une multitude de façons, pour traiter les infections et d'autres maladies à l’aide de leurs huiles, onguents et thés, pour tisser l’écorce interne afin de confectionner des vêtements, pour concocter des thés riches en vitamine C à partir du feuillage, et pour sculpter d’énormes mâts totémiques et des canoës à partir du bois léger résistant à la pourriture. Les colons européens ont également découvert de nombreuses utilisations de ces arbres, des manches à balai aux poteaux, en passant par les clôtures de perches de cèdre en zigzag qui bordent encore de nombreuses routes de campagne. Les cèdres sont actuellement utilisés pour la confection de produits tels que le bois d’œuvre, les bardeaux de toiture et les huiles essentielles.
Mise en garde : Nous ne recommandons pas l'utilisation de ces plantes à des fins médicinales ou alimentaires. De nombreuses plantes sont toxiques ou nocives si elles sont consommées ou utilisées en application externe. Les informations de nature alimentaire et médicinale ne figurent ici qu’à titre d’intérêt, mais leur exactitude n’a pas été vérifiée.
Propagation
Vous pouvez faire pousser de jeunes arbres en recueillant et en plantant des graines au début de l'automne, saison où elles tomberaient naturellement sur le sol depuis leurs cônes bruns et secs. Plantez-les dans une couche froide ou directement dans le jardin, en ne les recouvrant que d’une fine couche de sol. Vous devriez voir les jeunes plants pousser au printemps ou à l'été suivant. Leurs premières feuilles ressembleront à des aiguilles, mais vous verrez avec le temps de vraies feuilles se former, avec l'aspect écaillé typique des cèdres. Conservez les semis dans la mi-ombre partielle pendant au moins la première année.
Alternativement, si l’une des branches inférieures atteint facilement le sol, enterrez-en une partie dans le sol, et utilisez une pierre pour la maintenir en place. Après qu'elle ait pris racine, coupez la branche et plantez-la ailleurs.
Soins
Bien que les cèdres préfèrent généralement le soleil et poussent mieux dans les milieux ouverts, ils tolèrent quelque peu l’ombre. Donnez-leur des sols humides, riches et bien drainés, pour une santé optimale, mais si le sol de votre jardin est différent, n'ayez pas peur de les planter pour voir ce qui se passe. J'en ai fait pousser quelques-uns dans l'argile au fond de mon jardin et ils se portent très bien.
En hiver, les jeunes arbres qui auraient du mal à survivre au broutage répété des cerfs peuvent être enveloppés dans de la toile de jute. Les plus gros arbres déjà établis n'ont pas besoin de cette protection, et bien que vous puissiez parfois noter une ligne droite au pied de vos cèdres, là où les cerfs les ont grignotés, ces arbres sont suffisamment grands pour continuer à se développer malgré tout.