Contexte
L’anguille d’Amérique est un poisson fascinant qui naît dans l’eau salée, puis parcourt des milliers de kilomètres à la recherche de rivières et de lacs d’eau douce où se nourrir et grandir avant de retourner en mer pour pondre. L’anguille d’Amérique était autrefois répandue dans les rivières et lacs de la côte est du Canada, du Québec et de l’Ontario. Beaucoup de groupes autochtones accordent une grande valeur aux anguilles à des fins médicinales, instrumentales, nutritionnelles et cérémonielles. Jusqu’en 2004, l’anguille d’Amérique faisait aussi l’objet d’une pêche commerciale importante en Ontario. Bien qu’elle ait considérablement diminué, sa pêche commerciale est toujours pratiquée au Québec et dans les provinces de l’Atlantique. Aujourd’hui, le cycle de vie complexe de l’anguille d’Amérique est menacé par la surpêche, la perte d’accès à l’habitat, la mortalité due aux turbines hydro-électriques et d’autres facteurs. Par conséquent, les anguilles d’Amérique connaissent des déclins de population dramatiques, dont un déclin de plus de 99 % en Ontario.
L’anguille d’Amérique est classée parmi les espèces en péril par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et par la Loi sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario. Elle est considérée comme une espèce menacée par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). En Ontario, un plan d’action (une déclaration du gouvernement en réponse à la situation) aurait dû être mis en place depuis presque cinq ans. Le gouvernement fédéral a aussi grandement retardé sa prise de décision quant à la protection juridique de l’espèce en vertu de la Loi sur les espèces en péril. Les mesures du gouvernement n’avancent pas assez rapidement pour aider cette espèce en danger critique d’extinction. C’est pourquoi la Fédération canadienne de la faune a mis en œuvre son propre programme pour aider l’anguille d’Amérique et plaider pour sa protection.
Prenez position pour l’anguille d’Amérique
Nous devons exiger que les sociétés hydroélectriques assurent un passage sûr pour les anguilles d’Amérique aux barrages hydroélectriques et aux autres barrières qui bloquent leur migration.
Aperçu du programme
La Fédération canadienne de la faune fait appel à la recherche et aux efforts de défense pour en apprendre plus sur le comportement de l’anguille d’Amérique, mettre en place des options de réduction des menaces pour l’espèce et renforcer l’appui à sa protection et à son rétablissement.
Dans les médias
Réalisations
- 2007 — La FCF s’est jointe au ministère des Richesses naturelles et des Forêts, aux Algonquins de l’Ontario et à l’Arnprior Fish & Game Club pour mettre au point des méthodes pour capturer des anguilles d’Amérique et étudier leurs habitudes de déplacement et leurs préférences en matière d’habitat.
- 2012 — La FCF a commencé à sensibiliser le public en installant des enseignes près des rampes de mise à l’eau et en distribuant des dépliants informatifs.
- 2014 — La FCF a participé au déplacement d’anguilles d’Amérique juvéniles de l’échelle de Beauharnois à la rivière des Outaouais et a lancé une étude de télémétrie acoustique pour faire le suivi de leurs mouvements après leur libération.
- 2017 — La FCF s’est jointe à l’Université Carleton et à Énergie Ottawa pour déterminer les comportements d’avalaison, les choix de passage et le taux de réussite des anguilles d’Amérique après la centrale électrique des chutes de la Chaudière.
- 2018 — La FCF et l’Université Carleton ont collaboré pour évaluer si la pêche récréative représentait ou non une menace pour les anguilles d’Amérique.
- 2018 — La FCF et ses partenaires ont écrit au ministère des Pêches et Océans pour lui demander d’ajouter l’anguille d’Amérique à la liste des espèces inscrites dans la Loi sur les espèces en péril.
- 2020 – La FCF et ses partenaires ont conçu des procédures d'utilisation normalisées pour marquer l’anguille d’Amérique avec des étiquettes à transpondeur passif intégré (PIT).
La pêche récréative représente-t-elle une menace pour les anguilles d’Amérique?
Exploration des interactions entre les pêcheurs à la ligne et l’anguille d’Amérique sur la rivière des Outaouais.
Au suject du project: La Fédération canadienne de la faune s’est jointe à l’Université Carleton pour étudier les interactions entre les pêcheurs à la ligne de l’Ontario et les anguilles d’Amérique.
Objectif: Nous voulions savoir s’il arrive que les pêcheurs à la ligne attrapent des anguilles d’Amérique en pêchant et si c’est le cas, ce qu’ils en font. Nous voulions aussi connaître les effets de la pêche avec remise à l’eau sur les anguilles d’Amérique accidentellement attrapées par les pêcheurs à la ligne.
Histoire:À l’été 2018, nous avons mené des entrevues avec des pêcheurs à la ligne sur la rivière des Outaouais pour en apprendre plus sur leurs pratiques de pêche, leurs expériences avec la capture d’anguilles d’Amérique, leurs connaissances sur cette espèce et leurs valeurs environnementales. En juin 2018, nous avons mené une expérience pour déterminer les taux de mortalité et de blessure des anguilles d’Amérique après une pêche avec remise à l’eau. Nous avons découvert que les anguilles d’Amérique sont résilientes à la pêche récréative, pourvu qu’elles soient remises à l’eau (soit en retirant l’hameçon ou en coupant la ligne).
Futur:Grâce au financement du Cabela’s Outdoor Fund, nous partageons maintenant les résultats de notre travail de 2018 avec les pêcheurs à la ligne et le grand public. Nous avons défini des pratiques exemplaires sur ce qui doit être fait en cas de prise accidentelle d’une anguille d’Amérique en pêchant.
Étudier le passage d’avalaison de l’anguille d’Amérique dans une installation hydro-électrique à voies multiples.
Au suject du project:La Fédération canadienne de la faune, l’Université Carleton et Énergie Ottawa collaborent pour étudier l’avalaison et le taux de réussite du passage de l’anguille d’Amérique dans la centrale électrique des chutes de la Chaudière.
Objectif:Nous voulons savoir comment les anguilles d’Amérique se comportent lorsqu’elles approchent les chutes de la Chaudière, quels passages elles utilisent pour traverser le barrage et leur taux de survie.
Histoire:En 2017, Énergie Ottawa a commencé à exploiter une centrale électrique nouvellement construite spécialement conçue pour une avalaison sécuritaire des anguilles d’Amérique. En 2017, nous avons commencé à utiliser la télémétrie acoustique pour suivre des anguilles durant leur migration après les chutes de la Chaudière.
Futur:Ce projet entamera sa troisième saison sur le terrain en 2019.
Réalisations: Quelques chiffres :
- 5193 poissons de 26 espèces attrapés dans 272 trappes en filet
- 67 heures de pêche électrique nocturne
- 60 anguilles d’Amérique capturées
- 24 anguilles d’Amérique (de la catégorie de tailles appropriée) marquées
- 5 anguilles d’Amérique suivies durant leur migration après les chutes de la Chaudière
Info sur l’espèce
L'anguille d’Amérique
Anguilla rostrata
Longue et mince, l’anguille d’Amérique naît en eau salée, migre en eau douce pour se nourrir et grandir, puis retourne vers l’océan pour pondre.
Habitat:Les anguilles d’Amérique sont des poissons de fond. Durant leur stade d’alimentation, elles se retrouvent dans les ruisseaux, rivières, lacs, baies côtières et estuaires.
Aire de répartition: Les anguilles d’Amérique commencent leur vie dans la mer des Sargasses, qui se trouve dans l’océan Atlantique près des Bermudes. De là, elles migrent sur des milliers de kilomètres pour vivre dans des habitats d’eau douce du Venezuela jusqu’au sud du Groenland, y compris dans la rivière des Outaouais, le Saint-Laurent et le lac Ontario
Faits intéressants
L’expression « glisser comme une anguille » est juste, car comme c’est le cas pour tous les autres poissons, le corps de l’anguille est couvert d’une couche extérieure de mucus qui la protège des maladies, mais qui la rend aussi incroyablement difficile à manipuler!
L’anguille d’Amérique peut atteindre plus d’un mètre de longueur et selon la documentation, elle peut vivre jusqu’à 40 ans.
Pour la toute première fois, des scientifiques ont récemment suivi une anguille adulte durant sa migration de reproduction jusqu’à l’océan. Elle a nagé 49 kilomètres par jour et a atteint des profondeurs de plus de 699 mètres!
Étapes suivantes
Responsable du programme
Nick Lapointe
Nick Lapointe travaille à la Fédération canadienne de la faune comme biologiste responsable de la conservation pour l’écologie de l’eau douce. Originaire d’Ottawa, il a fait un doctorat à Virginia Tech avant de revenir à la maison pour travailler en conservation. Nick étudie les habitats aquatiques, le rétablissement et les espèces envahissantes tout en travaillant à protéger les pêches en eau douce, la biodiversité et les espèces en péril. Il passe ses temps libres à pêcher, à chasser et à cueillir des plantes comestibles dans l’arrière-pays ottavien.
“Que vous aimiez les anguilles ou que vous les trouviez plutôt moches, elles ont déjà été un élément répandu et une ressource précieuse de nos écosystèmes d’eau douce. L’anguille d’Amérique mérite d’être conservée et protégée comme toute autre espèce, mais les gouvernements fédéral et provincial et les sociétés hydro-électriques échouent lamentablement à le faire.”