| Photographie par: Carla Barkman |
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Par Sarah Coulber
Janice Weidman a acheté en 1979 sa propriété de Winnipeg, au Manitoba, et a depuis entretenu son petit lot urbain avec amour. Et même si elle ne dispose que de 650 mètres carrés pour s’exprimer, Janice a néanmoins garni son jardin d’une foule de plantes qui lui profitent ainsi qu’à la remarquable variété d'animaux sauvages qui lui rendent visite, chacun y trouvant son compte.
Janice attribue son intérêt pour le jardinage naturel à ses parents. Elle explique : « Ma mère a eu une énorme influence sur mon amour du jardinage et de la nature. J'ai grandi dans une ferme à Starbuck, au Manitoba, et je l’ai regardée entretenir son jardin pour nous nourrir, sans pesticides. À l'automne, elle jetait tous les restes de matière organique sur un tas au fond du jardin, que Papa retravaillait. Ça ne s’appelait pas du compostage à l’époque! »
Les parents de Janice ont également favorisé son intérêt pour la nature, qui l’a mené à se joindre à la Manitoba Naturalists Society pendant un certain temps. « Grâce à eux, j'ai découvert les plantes indigènes et le jardinage pour la faune. J'ai commencé à lire des livres sur les plantes indigènes et à acheter des plantes chez Prairies Habitats, un fournisseur local de plantes indigènes, appartenant à John Morgan. »
Aujourd'hui, le mantra de Janice, lsa « Journée de la Terre tous les jours », se traduit dans un grand nombre de ses choix, y compris ceux de son jardin. Elle s'abstient d'employer des pesticides et n’arrose jamais sa pelouse. Elle réussit même à éviter d'arroser son potager pendant la plus grande partie de la saison de croissance. Janice composte et laisse ses tontes de gazon sur la pelouse afin qu’elles restituent leurs éléments nutritifs au sol, pour nourrir l'herbe.
Sa sélection de plantes reflète aussi son désir de faire une différence dans ce monde; elle cultive de nombreuses plantes indigènes de sa région. Citons entre autres des arbres et des arbustes tels que le mélèze (Larix laricina), l’alisier (Viburnum lentago), la shépherdie argentée (Shepherdia argentea), la symphorine blanche (Symphoricarpos albus), l’épinette blanche (Picea glauca) et les cornouillers racemosa et stonolifère (Cornus racemosa et c. stolonifera). Parmi les plantes vivaces indigènes qu’elle a choisies figurent encore l’eupatoire maculée (Eupatorium purpureum , anciennement appelée Eupatorium purpureum), la gaillarde vivace (Gaillardia aristata), l’agastache fenouil (foeniculum Agastache) et le barbon de Gérard (Andropogon gerardii).
Ensemble, ces plantes créent un habitat qui représente une source naturelle de nourriture et d’abris, avec de l’espace pour nicher et se reposer. En fait, l'un des arbustes indigènes préférés de Janice, le cornouiller gris « a des belles fleurs blanches, et les baies blanches qui en résultent ont été englouties par les grives solitaires et les rouges-gorges familiers cet automne. Les baies bleues de l’alisier ont été dévorées par ces mêmes oiseaux. La shépherdie argentée a abrité des parulines lors de leur migration printanière à travers la cour, et les juncos mangent maintenant des insectes qu'ils trouvent dans ses branches. » Les fleurs de ces plantes nourrissent aussi des insectes utiles comme des abeilles et des papillons pollinisateurs.
Parmi d’autres favoris, citons enfin l’asclépiade incarnate (Asclepias incarnata) avec son « parfum céleste – j'ai vu ma première éclosion de papillon monarque cette année en raison des œufs qui étaient pondus dessus; l’agastache fenouil – qui fleurit tout l'été et que les abeilles adorent – et le pétalostemon pourpre – très, avec une forme intéressante, que les abeilles adorent également. »
Les rencontres de Janice avec la faune sauvage concernent des mammifères aussi, comme la fois où elle a eu la chance d’apercevoir l’un des chats sauvages insaisissables du Canada. « Il y a quelques années, raconte Janice, un jour de printemps, je regardais par la fenêtre de ma cuisine. Je n’en ai pas cru mes yeux. Il y avait un lynx roux dans mon jardin, qui lapait l'eau d'un vieux pneu que j’avais placé autour d'une plante. Lorsqu'il a levé les yeux et qu’il a remarqué que je le regardais, il s’est sauvé. Quelle sensation! J'habite dans une ville! »
Un autre mammifère, parfois considéré comme une nuisance, a fait le bonheur de Janice. Comme elle l'explique : « Cet été, je regardais encore par la fenêtre de ma cuisine et j’ai vu une petite tête près du hangar du jardin. « Est-ce un castor? », me suis-je demandé. L’animal se dandinait, et c'était une marmotte. Elle a tranquillement brouté mon herbe et mes rudbeckies laciniées, est restée près de trois jours, puis a disparu. »
La tolérance de Janice pour certains actes de grignotage lui permet de garder les choses en perspective, étant donné que l’essentiel de son jardin demeure indemne. Elle se donne même beaucoup de mal pour aider les animaux, en cultivant par exemple des zizias des marais (Zizia aptera) pour inciter des queues d’hirondelle à y pondre leurs œufs. Le jardin de Janice s’enorgueillit de nombreux autres papillons, tels que des monarques, des fritillaires et des belles dames, ainsi que des grenouilles des bois, des libellules mangeuses de moustiques, des troglodytes, des parulines, des jaseurs et de nombreuses abeilles indigènes.
Janice, comme tout autre jardinier, est confrontée à sa juste part de défis. Par exemple, « les lapins à queue blanche aiment se régaler d’arbustes en hiver. Je place dont un cercle de grillage de quatre pieds [un peu plus d'un mètre] de haut, maintenu en place avec des barres d'armature. Cela les empêche de mâcher la base des arbustes, même s’ils arrivent à en atteindre une extrémité lorsque la quantité de neige est élevée. Les arbustes peuvent ainsi s’établir et avoir une chance de s’épanouir. »
Un autre défi auquel Janice a été confrontée consistait à abattre un grand arbre qui poussait sous des fils électriques. « J'ai laissé la souche, j’ai étalé des journaux autour, et je les ai recouverts de tontes de gazon que j’ai laissées se décomposer pour tuer l'herbe. J’ai ensuite tout incorporé au sol et j’ai planté quelques arbustes et fleurs indigènes. Maintenant, j'ai ce que j'appelle ma « plate-bande de souche » : il pousse des champignons intéressants sur la souche ainsi que ce que j'ai planté autour – c’est un projet très amusant. »
Janice a également appris à « accorder une attention particulière aux exigences d’éclairage des plantes indigènes. Mon carré de fleurs et de graminées sauvages indigènes, devant ma maison, devient plus ombragé à mesure que les arbres grandissent. J'ai essayé un bon nombre d'espèces différentes au fil des ans, et seulement les quelques-unes qui tolèrent la mi-ombre survivent. » Janice conseille aux jardiniers de « s'en tenir à ce qui fonctionne, bien que l'expérimentation représente la moitié du plaisir! »
Janice est constamment inspirée par la vie en harmonie avec la nature, plus récemment par l’intermédiaire de son fils Paul, qui travaille sur son doctorat en sciences biologiques et recherche les effets du changement climatique sur les lacs d'eau douce. « Je l'ai beaucoup entendu parler des changements que subit notre Terre au fil des ans! Et il est effrayant de prendre ainsi conscience de la disparition des habitats et des espèces. »
Mais Janice a plaisir à savoir qu'elle fait tout ce qu'elle peut pour sa planète dans son espace personnel, et elle a même inspiré sa fille à faire de même sur sa propre propriété.
Le jardin de Janice est certifié par le programme de certification de la Fédération canadienne de la faune. Pour plus d'information sur ce programme et sur d'autres, consultez le programme de certification de la fédération canadienne de la faune.