| Photo par : Jennifer Howard |
Par Jennifer Howard
En 2004, j’ai lu un article de la Fédération canadienne de la faune qui expliquait comment faire certifier son jardin et le rendre favorable à la faune. Cet article m’a semblé tout à fait adapté à mon cas personnel, étant donné que j’ai grandi entourée d’animaux sauvages, et que j'aime l'idée de jardiner en gardant la faune à l'esprit.
J'habite Big Bay Point, à Innisfil, en Ontario, avec ma famille depuis bientôt 21 ans maintenant. Au cours de toutes ces années, j'ai créé un jardin dans lequel je me sens bien et qui est invitant pour la faune. Par conséquent, de nombreux oiseaux et autres animaux fréquentent notre lot de 30 mètres sur 45, comme des cardinaux à poitrine rose, toutes sortes de pics, des cerfs, des renards et des dindons sauvages.
Mais au fil du temps, le nombre d’animaux et le nombre d’espèces ont diminué. Au cours des cinq dernières années, nous avons lutté contre un mégacomplexe hôtelier (240 hectares) empiétant sur notre rue. Mais nous avons perdu après un dur combat. De nombreuses espèces en péril fréquentent ce secteur, comme la tortue mouchetée, le pic à tête rouge et l’engoulevent d’Amérique. Jusqu'à présent, des milliers d'arbres ont été coupés, et j'ai constaté une décroissance notable du nombre d'oiseaux migrateurs qui fréquentent habituellement les lieux. J'ai également remarqué une décroissance du nombre de monarques, n’en ayant aperçu que six seulement cette année, jusqu’à présent.
Nous nous devons donc d’aider ces espèces en péril. Et vous le pouvez aussi. Si nous voulons que ces espèces survivent, elles doivent avoir un autre endroit où aller. J’ai un grand jardin, mais cela ne signifie pas que les petits jardins ne puissent être utiles. Il suffit d’avoir de la nourriture, de l'eau, des abris et de l'espace. Quelle que soit la taille de votre terrain, ça peut fonctionner. Tout est affaire de planification.
De nombreuses espèces de plantes indigènes poussent sur ma propriété, parmi lesquelles des pruches, des cèdres, des genévriers, des érythrones d’Amérique, des ancolies et des fougères, et je prévois l’acquisition de quelques arbustes fruitiers. Ensemble, ces plantes fournissent de la nourriture et des abris. J'ai ajouté deux tas de branches mortes et un vieux conduit de terre cuite jamais utilisé issu d'une cheminée. Si vous devez enlever des arbres morts ou dangereux autour de votre jardin, laissez six à neuf mètres de tronc et de nombreuses grosses branches pour les pics et les autres oiseaux. Ils ont besoin d’arbres morts. Vous pouvez également y installer des maisons d’oiseaux ou des mangeoires. Je jardine également de façon biologique, et j’utilise du paillis et du compost.
Pour ce qui est de l'eau, j’ai un grand étang avec des poissons, et au fil des ans, nous avons attiré quatorze grenouilles vertes de diverses tailles qui sont maintenant chez elles. J'ai également un plus petit étang peu profond avec une fontaine, qui accueille quotidiennement des oiseaux de diverses espèces qui viennent y boire et s’y baigner. Les écureuils et un raton-laveur occasionnel accompagné de ses petits viennent y boire et s’y rafraîchir aussi. C’est vraiment merveilleux!
Nous avons ajouté une tonnelle au-dessus du petit étang, avec du treillis qui le protège de la chaleur du soleil, ainsi que des mangeoires pour colibris et orioles, sur lesquelles les bébés oiseaux aiment jouer.
Mon fils a construit un grand double nichoir, que nous avons monté sur la tonnelle. Mes bébés oiseaux utilisent le treillis pour attendre que maman ou papa viennent les nourrir, et une vigne pousse dessus cette année. Mon petit refuge faunique est également entouré d’une clôture pour empêcher mon chien d'y entrer.
Grâce à tous ces habitats, j’accueille de nombreux pics à tête rouge, grands pics, pics à ventre roux, pics chevelus et pics mineurs, ainsi que des pics maculés, des pics flamboyants, des cardinaux, des mésanges, des orioles de Baltimore, des colibris et d’autres espèces encore. En été, ils sont tous accompagnés de leurs petits. Le printemps et l’automne amènent des moineaux, des parulines, des cardinaux à poitrine rose, des passerins indigo et d'autres espèces. Ce printemps, j’ai été très chanceuse d’apercevoir deux tangaras écarlates mâles prendre un bain agréable et leur éclat de couleur était merveilleux.
Je pense que la chose la plus drôle qui est arrivée jusqu’à présent – parmi de nombreux incidents – est l'histoire du bébé grand pic. Nous faisions refaire notre toit; il faisait chaud et le couvreur était en plein travail lorsque le père grand pic a amené son bébé pour le nourrir. J’ai entendu le couvreur s’arrêter une minute, puis continuer. Le père grand pic se nourrissait de suif, tandis que le bébé était perché sur la tonnelle, regardant le couvreur. Il était si mignon. Le bébé était assis là, penchant sa tête de gauche à droite. Je pense qu'il se disait que ce gars-là était un drôle de pic. Après tout, il martelait le toit, comme s’il jouait du tambour. Le père ne s'occupait pas du tout du couvreur et continuait à se nourrir. Le bébé restait assis là, observateur, émettant de petits « euh, euh ». De toute évidence, il était très bien diverti. Une fois le repas terminé, le père s’est envolé vers les arbres et le bébé l’a bientôt suivi.
J’ai demandé au couvreur s'il avait vu ce couple d’oiseaux. « Oui, certainement. Ils m'ont presque fait décoller du toit », a-t-il répondu en riant. Le couple d’oiseaux l'avait surpris en volant directement au-dessus de lui et en le frôlant au passage. Il a pensé que leur visite était formidable! Désormais, tous les ans, la mère et le père grand pic retournent à la tonnelle en compagnie de leurs nouveaux bébés. Le père porte son attention sur la nourriture tandis que le bébé examine tout, et parfois la mère arrive accompagnée de l'autre bébé.
Vérifiez quelles sont les plantes indigènes adaptées à votre zone et prenez le temps d’établir votre plan.
Faites preuve de créativité. Amusez-vous. C’est une excellente façon d’initier vos enfants à notre merveilleuse faune. Donnez-leur un livre pour prendre note des oiseaux que vous voyez et des événements auxquels vous assistez au quotidien. Et vous assisterez à des scènes merveilleuses une fois que vous aurez établi votre refuge faunique. Ma petite-fille de 10 ans, Ashleigh, adore ce jardin. Elle m’aide à nourrir les oiseaux et les poissons. Elle a son propre appareil-photo, ses jumelles, son livre d'identification des oiseaux et son journal d’observations quotidiennes. Elle a obtenu de sa mère qu’elle équipe un secteur de leur jardin avec une vasque pour oiseaux, des mangeoires, quelques maisons d’oiseaux, du suif et quelques jolies fleurs pour les papillons. Ce coin du jardin est devenu un pôle d’attraction agréable pour les oiseaux et les papillons. Une autre ornithologue amateure est née dans la famille!
Je ne sais jamais ce que je verrai en regardant par la fenêtre de ma cuisine. Tous ceux qui viennent ici aiment cet endroit, et disent qu’il y a un peu de magie dans notre jardin. Je vais souvent me promener sans rien voir, pour revenir dans un jardin plein d'oiseaux. Ainsi, à mesure que leur habitat naturel disparaît – et il disparaît – nous pouvons leur donner un endroit où aller. Cela ne suffira pas à arrêter la décroissance des populations. Nous devons protéger les zones humides et les forêts. Mais au moins, grâce à ce programme de certification, nous pouvons réellement améliorer leur situation.
Je peux honnêtement dire que ce jardin est la meilleure chose que j’ai jamais faite ici, et je recommande fortement le programme de certification Habitat arrière-cour de la Fédération canadienne de la faune!