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À la rescousse des grenouilles léopards de l’Alberta



Heather Robison

Les grenouilles léopards ne se laissent plus apercevoir facilement dans l’Ouest canadien. Ces grenouilles, qui doivent leur nom aux taches foncées qui parsèment leur corps, sont considérées comme étant menacées en Alberta depuis 1997. On estime que les populations de grenouilles léopards de la province se sont réduites de 60 à 80 p. 100 au cours des 30 dernières années. En 2009, des chercheurs du Zoo de Calgary (en anglais) ont fait une découverte inquiétante : ils n’ont retrouvé des grenouilles léopards que dans 32 des 46 sites où leur présence avait été constatée en 2006. Il s’agit d’un déclin de 30 p. 100 en seulement trois ans. Les chercheurs du Zoo continuent leurs investigations en 2010; ils vérifieront si la tendance de déclin présumée se maintient.

Polyvalence
Les grenouilles léopards sont réparties en Amérique du Nord de la baie d’Hudson au Nouveau-Mexique. Le Zoo de Calgary a compilé une quantité importante de données sur cette espèce. Lithobates pipiens peut atteindre une taille de 10 centimètres et sa peau peut être de couleur vert pâle ou bien d’un brun qui tire sur le vert. Ces couleurs terreuses et les taches de léopard camouflent les grenouilles de cette espèce au regard de leurs proies comme de leurs prédateurs. Les grenouilles léopards peuvent être bien distinguées les unes des autres : il n’y en a pas deux qui soient pareilles. Grâce à leurs taches différentes, les chercheurs sont en mesure d’identifier les individus. En outre, les grenouilles léopards sont robustes : elles supportent le froid et survivent à des altitudes de jusqu’à 3 350 mètres. Elles ne sont pas tatillonnes sur ce qu’elles mangent : des coléoptères, des mouches, des cicadelles, des fourmis, des cloportes, des vers, des escargots, des limaces et même d’autres grenouilles et de petits mammifères – bref, elles engloutissent à peu près n’importe quoi qui entre dans leur bouche! On serait porté à croire que cette adaptabilité contribuerait à assurer un bon taux de survie; pourtant, les grenouilles n’ont pas la vie facile.

Détérioration fatale
Le déclin observé reste inexpliqué dans une certaine mesure, mais ce n’est pas une hypothèse hardie que les changements climatiques, la perte d’habitat, les maladies et la qualité de l’eau puissent compter parmi les suspects. La perte de cette espèce est le triste signe d’un péril auquel est exposé un écosystème en entier. Puisque les grenouilles léopards peuvent s’adapter à des habitats diversifiés, comme des prés, des terrains marécageux, des zones cultivées et des forêts, il y a tout lieu d’être inquiet de la situation. Les amphibiens sont très sensibles aux changements environnementaux parce que leur peau est perméable. Depuis 1980, 122 espèces d’amphibiens se sont éteintes dans le monde; cela correspond à plus de 105 fois le taux présumé d’extinction naturelle.

Appel à l’action
Si vous croyez que vos ronflements dépassent la mesure, écoutez le cri des grenouilles léopards. Au cours de la période de reproduction, ces grenouilles émettent des sons qui font penser à une respiration humaine gutturale et obstruée suivie de grognements. Il s’agit d’un appel à l’action, car les grenouilles veulent se reproduire. Le déclin des populations est lui aussi un appel à l’action qu’entendent des organisations comme le Zoo de Calgary et la Fédération canadienne de la faune, qui joignent leurs efforts pour venir en aide à cette espèce en péril.

À l’occasion de la Marche pour la faune, au Zoo de Calgary, la FCF a remis un chèque de 40 000 $ pour aider le Centre for Conservation Research à améliorer les méthodes de recensement des populations de grenouilles léopards et mieux comprendre les dynamiques qui les caractérisent.

Cette subvention est tirée du fonds d’un million de dollars associé au nouveau programme pour les espèces en voie de disparition de la FCF. Cet appui supplémentaire vient s’ajouter à la subvention annuelle de 25 000 $ que la FCF a accordée au Zoo de 2008 à 2010. Les sommes versées dans le cadre de ce financement annuel sont affectées à un programme de bourses à l’intention de biologistes de la faune, ainsi qu’à des programmes de recherche et de rétablissement visant les chiens-de-prairie à queue noire (en anglais), les putois d’Amérique et les grenouilles léopards.

Les travaux du Centre for Conservation Research du Zoo de Calgary aideront à déterminer dans quelle mesure une assistance humaine, par exemple sous forme de programmes de réintroduction (anglais), de reproduction en captivité ou de corridors de déplacement, pourrait être nécessaire pour assurer la conservation future de l’espèce. Plusieurs questions importantes seront examinées :

• de combien de temps disposent les organisations pour répondre à cette crise?
• quelles sont les causes du déclin observé en Alberta?
• quels sont le type et l’étendue des mesures d’intervention (réintroduction, amélioration des zones humides, etc.) nécessaires pour stopper le déclin de cette grenouille?

La FCF appuie les recherches scientifiques de M. Des Smith (en anglais) au Zoo de Calgary, déterminantes pour comprendre et protéger cette espèce qui se raréfie.