Au-delà du syndrome du museau blanc

Nous ne perdrons jamais espoir de trouver un traitement pour le syndrome du museau blanc. Les chercheurs du monde entier sont déterminés à contrecarrer cette terrible maladie. Nous sommes toutefois conscients qu'entre-temps nous ne pouvons pas rester tranquillement assis à nous tourner les pouces. Il y a tant de menaces qui pèsent sur les chauves-souris du Canada. Il est temps de s'y attaquer.

Les parcs éoliens sont en augmentation au Canada. En 2013, il a été estimé que 4019 éoliennes étaient en fonctionnement dans notre pays. Et ce chiffre ne cesse d'augmenter. Ces structures menaçantes sont équipées de lames qui atteignent jusqu'à 30 mètres de long et tournent à plus de 80 kilomètres à l'heure. Les chauves-souris peuvent les heurter en vol et également subir une importante hémorragie pulmonaire lorsqu'elles passent à proximité des éoliennes. Si elles s'approchent trop des éoliennes, elles peuvent subir un barotraumatisme en raison de la chute soudaine et rapide de la pression atmosphérique - tout comme les plongeurs sous-marins qui remontent trop vite à la surface.

En 2013, 52 000 chauves-souris sont mortes au Canada en raison de l'énergie éolienne. Bon nombre des chauves-souris touchées sont des espèces migratrices au long cours comme la chauve-souris rousse, la chauve-souris cendrée et la chauve-souris argentée, cependant ces structures mortelles ont également des répercussions sur nos espèces en voie de disparition comme la petite chauve-souris brune (ou vespertilion brun). Et lorsqu'une espèce subit déjà les effets dévastateurs du syndrome du museau blanc, l'ajout de menaces envers les individus résistants à cette maladie anéantissant des colonies entières pourrait ralentir le taux de rétablissement de l'espèce. C'est la dernière chose que nous souhaitons pour les chauves-souris du Canada.

Il est grand temps de nous pencher sur la question de l'énergie éolienne. Nous devons établir un lien visuel entre les voies migratoires de nos chauves-souris et les zones d'établissement des éoliennes partout au Canada. Mettons-nous nos chauves-souris en péril? Nous devons aussi repenser la conception des éoliennes. Saviez-vous que si nous modifions l'angle de leurs pales, nous pourrions contribuer à lutter contre les traumatismes barométriques? De plus, nous devons travailler avec les chefs de file de l'industrie de l'énergie éolienne et ralentir la vitesse des éoliennes lorsque les chauves-souris sont plus actives. Réexaminer l'industrie de l'énergie éolienne pourrait contribuer à sauver des dizaines de milliers de chauves-souris chaque année. Cela en vaut la peine, non?

Au début de l'été, les chauves-souris femelles nichent ensemble dans des endroits chauds et secs pour élever leurs petits. Année après année, ces chauves-souris reviendront dans ces mêmes sites. Nous connaissons l'importance de ces sites pour les populations de chauves-souris, de sorte qu'il serait légitime de croire que nous mettons tout en œuvre pour les protéger, non? Malheureusement, ces sites de repos ne sont pas protégés. Même les trois espèces de chauves-souris qui ont été inscrites comme en voie de disparition (le vespertilion brun, le vespertilion nordique et la pipistrelle de l'Est) ne sont pas protégées dans leurs dortoirs en raison d'un manque de données. Étudions d'un peu plus près les sites de repos préférés de nos chauves-souris bien-aimées.

Les femelles chauves-souris cherchent de vieux arbres et des chicots pour donner naissance à leurs petits. Malheureusement, peu de dortoirs ont été identifiés dans les arbres, au risque de disparaître si ces arbres sont coupés. Or, comme nous le savons, les chauves-souris sont très fidèles à leurs dortoirs. La disparition des sites de repos préférés des chauves-souris peut compromettre leur reproduction et entraîner la chute des effectifs de la colonie.

Nous comprenons que peu de gens souhaitent partager leurs maisons avec des chauves-souris. Toutefois, lorsque des chauves-souris apparaissent dans votre grenier, il est important que vous vous rappeliez qu'elles n'ont rien fait de mal – elles ne se fraient pas un chemin à l'intérieur en rongeant quoi que ce soit. Les chauves-souris pénètrent dans les bâtiments par de petits orifices présents dans les gouttières, les évents d'utilité, les fenêtres et les portes. Alors, veuillez ne pas virer ces petits mammifères dehors trop tôt. Ces dortoirs de maternité sont essentiels à la conservation des chauves-souris. Une femelle chauve-souris peut ne donner naissance qu'à un petit par année. De plus, les chauves-souris s'effraient facilement, et abandonnent leurs jeunes si elles sont perturbées. Tout propriétaire abritant ces hôtes indésirables fait face à une situation sensible et délicate, aussi veuillez lire nos sept étapes de gestion des chauves-souris dans votre maison afin de prendre les meilleures décisions.