Sep 9, 2015
Holly Wilson
Vous vous détendez au jardin quand soudain quelque chose de jaune passe à toute vitesse à côté de vous. Vous auriez peut-être un réflexe de défense, mais vous vous ravisez en vous rendant compte qu’il s’agit d’un bourdon, tout doux et duveteux, qui se pose sur une fleur. En voyant les bourdons danser d’une fleur à l’autre, il est difficile de ne pas admirer le travail étonnant de ces pollinisateurs et leur contribution importante à l’épanouissement de votre jardin.
Vous représentez-vous ce que serait un jardin sans bourdons?
Les bourdons captent l’attention
La décroissance des populations de bourdons de l’Amérique du Nord n’est pas un sujet nouveau. Nous savons depuis des années que les pesticides, les parasites et la perte d’habitat constituent un grand péril pour ces insectes. Cependant, une nouvelle étude publiée en juillet suscite un bourdonnement scientifique, écologiste et médiatique : on croit maintenant que le changement climatique est l’une des causes principales, possiblement la cause principale, de la décroissance des populations de bourdons à un rythme si inquiétant.
Monsieur Jeremy T. Kerr, biologiste spécialiste de la conservation à l’Université d’Ottawa, est l’auteur principal du rapport (en anglais) publié dans la revue Science. Les chercheurs ont compilé des données relatives aux populations de bourdons d’Amérique du Nord et d’Europe pour une période d’environ 110 ans. Les données comprenaient plus de 420 000 observations se rapportant au total à 67 espèces. Les chercheurs ont également examiné les données climatiques correspondant à chaque année.
En raison d’un changement de conditions climatiques et d’une hausse de températures, des espèces fauniques et floristiques doivent modifier leurs périodes migratoires, leurs habitudes de reproduction et leurs aires de répartition. Les bourdons prospèrent dans les climats plutôt frais; on pourrait donc s’attendre à ce qu’une hausse de la température moyenne les amène à se déplacer vers leur nord. Or l’un des résultats importants de cette étude est que les extrémités australes de leur aire de répartition sont repoussées vers le nord sans qu’il y ait de déplacement correspondant de la limite septentrionale, peut-être faute de milieux naturels répondant à leurs besoins. Cela signifie donc que leur aire de répartition se réduit, et cette réduction s’effectue à un rythme très rapide, d’environ neuf kilomètres par an. D’après M. Kerr, les bourdons n’arrivent pas à peupler de nouvelles régions assez vite pour compenser les effets du changement climatique.
Quelles répercussions cela a-t-il pour nous?
Nous devons environ un tiers de ce que nous mangeons aux pollinisateurs, et les bourdons comptent parmi nos meilleurs travailleurs! Les longs poils incurvés de leurs pattes postérieures forment en quelque sorte des corbeilles dans lesquelles sont recueillis d’une fleur à l’autre pollen et nectar. Les bourdons contribuent de manière importante à la pollinisation de bon nombre de nos cultures, tomates et fraises notamment, ainsi qu’à celle de bien des fleurs sauvages indigènes à nos régions. La perte de populations entières de bourdons pourrait réduire notre production alimentaire.
Que pouvons-nous faire?
À grande échelle, certains chercheurs envisagent une migration assistée qui aiderait les bourdons à modifier leur aire de répartition. Ils espèrent que cela leur permettrait de prospérer dans de nouveaux milieux.
À l’échelle locale, nous pouvons faire plusieurs choses dans nos propres cours pour favoriser l’accroissement des populations de bourdons!
- Nous vous encourageons à choisir des plantes qui offriront des fleurs de couleurs variées – les apidés sont particulièrement attirés par le violet, le bleu et le jaune.
- Nous vous encourageons à ne pas utiliser de pesticides synthétiques sur votre pelouse ou dans votre jardin.
- La langue des bourdons est plus longue que celle d’autres apidés et peut ainsi atteindre le nectar et le pollen de bien des types de fleurs. Nous vous encourageons à planter des plantes indigènes et patrimoniales variées dont les fleurs se succéderont du début du printemps (arbres fruitiers, saules, etc.) jusque tard en automne (verges d’or, asters, etc.).
- Nous vous encourageons à planter des fruits et des légumes – les bourdons pollinisent les plants de tomates, d’aubergines, de piments, de melons et de petits fruits.
- Nous vous encourageons à laisser un peu de terre non cultivée, car les bourdons font souvent leurs nids dans la terre.
Pour vous renseigner davantage sur les bourdons du Canada, cliquez ici!