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forest bathing green trees

En mille morceaux



April Overall

Vous arrive-t-il, en regardant une séance de relooking ou de rénovation à la télévision, de préférer l’avant à l’après? Moi oui. L’envie vous prend de crier : « Arrêtez, malheureux! », avant que la peinture soit pulvérisée, avant que le fard à paupières violet soit appliqué, avant que le sofa soit recouvert. Au fil des ans, notre pays a subi une métamorphose, mais ce n’est pas une jolie métamorphose. Autrefois s’étendaient à perte de vue broussailles, arbres et verdure, aujourd’hui nos forêts sont réduites à des milliers de fragments. Et bien qu’on trouve au Canada 397,3 millions d’hectares de forêts, de terres boisées et de terres dotées de couvert arborescent, et que le couvert forestier de notre pays représente 10 p. 100 de celui de la planète, le morcellement forestier modifie considérablement les beaux paysages de notre pays. Et alors, quel est le drame? Deux tiers des espèces qui composent la faune canadienne habitent les forêts. Et leur habitat est de plus en plus modifié par l’homme. Si modifié que de nombreuses espèces, incapables de s’adapter à ces changements, sont en voie de disparition. Les cheveux peuvent repousser. Les murs peuvent être repeints. Mais il y a des transformations qui ne peuvent être inversées.

Morcellement forestier 101

Qu’est-ce que le morcellement forestier? Il s’agit tout simplement de la division des milieux forestiers. Les forêts peuvent se morceler naturellement, par l’action des incendies et des infestations d’insectes, ou peuvent être morcelées par les hommes, que ce soit dans le contexte de l’urbanisation, de la création de routes, de l’exploitation forestière, de l’agriculture ou d’autres activités. Le morcellement donne lieu à d’innombrables problèmes tant pout les forêts que pour les animaux qui y vivent.

Multiplication des habitats de lisière. À des espèces différentes correspondent des besoins différents en matière d’habitat. Certaines espèces se sont adaptées à l’intérieur des forêts, d’autres aux espaces non boisés, et d’autres encore aux milieux qui forment la lisière entre les deux. Le morcellement des forêts multiplie ces lisières, ce qui accroît, pour les oiseaux et d’autres animaux des forêts, le risque de prédation par les corneilles et les ratons laveurs. Les nids sont également plus faciles à trouver en bordure des forêts; ils y sont des cibles faciles pour les vachers à tête brune ou d’autres parasites de couvées. De plus, comme de 90 p. 100 à 100 p. 100 des oiseaux sylvestres habitent des aires boisées de 200 hectares ou plus, la multiplication des bordures peut compliquer l’accès à la nourriture et l’eau dont ils ont besoin.
Nouveaux prédateurs. Avec l’expansion urbaine tentaculaire et le remplacement de forêts par des immeubles commerciaux et résidentiels, les animaux des forêts voient nos animaux domestiques s’ajouter au nombre de leurs prédateurs.
Espèces envahissantes. Les espèces envahissantes qu’on a transportées des quatre coins du monde jusqu’en terre canadienne, comme l’alliaire officinale, l’érable plane et le nerprun cathartique, sont des plantes résistantes qui ont été prélevées dans leur sol d’origine et qui se sont assez bien adaptées à leur nouveau milieu pour y survivre. Elles arrivent ainsi à prospérer à des endroits où de nombreuses espèces de plantes indigènes en sont incapables, notamment en bordure des aires boisées.
Moins d’eau. Lorsque les routes, les entrées de cour et les terrains de stationnement sont asphaltés, la pluie ne peut pénétrer dans le sol. Le résultat? Le ruissellement en surface et l’infiltration de l’eau s’en trouvent modifiés, et il y a moins d’eau et d’humidité pour les plantes et les animaux qui vivent dans la forêt.
Aire de répartition réduite. La migration est en elle-même une entreprise difficile, mais elle l’est encore bien davantage lorsque des routes et des immeubles se dressent au beau milieu de l’aire naturelle d’une espèce. Cette situation amène de nombreuses populations à ne plus migrer et à s’isoler; il en résulte des croisements consanguins, ainsi que la décroissance, voire la disparition de la population.

renard rouxPour vous porter à la rescousse

Vous avez grandi en banlieue? Vous avez toujours laissé votre chat se promener en liberté? Ne laissez pas la culpabilité vous abattre! Vous pouvez contribuer à changer les choses à partir de maintenant.

  • Ne construisez pas de maison. Il y déjà un nombre bien suffisant de maisons pour tout le monde. Et chaque fois qu’un nouveau lotissement est construit, les espèces sauvages se font repousser un peu plus loin.
  • Habitez directement en ville. La ville est un milieu bouillonnant de vie, et plus nombreux seront les gens qui choisissent d’y vivre plutôt que de s’installer dans les banlieues, plus les espèces sauvages conserveront leurs habitats.
  • Ne laissez pas Fido terroriser les voisins. Gardez votre chat ou votre chien en laisse afin que les animaux des bois qui jouxtent le bout de la rue soient sains et saufs.
  • Ralentissez. Vous ne savez jamais quel animal essaie de traverser la route au moment où vous conduisez à toute allure en écoutant de la musique à plein volume.
  • Plantez des plantes indigènes. Habituées aux sols canadiens, ces espèces nécessitent moins d’eau que les hydrangées auxquelles vous songiez. Moins les plantes de votre cour utilisent d’eau, plus il s’en infiltrera dans le sol.