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À la recherche de la couleuvre mince



April Overall

Photo : Jeffie McNeil

Les experts croient que la couleuvre mince (Thamnophis sauritus) rampait dans tous les coins de notre pays il y a environ 5 000 ans, à une époque où les températures étaient plus douces au Canada. Mais lorsque le climat s’est refroidi, la totalité de l’espèce s’est divisée en deux populations distinctes : celle des Grands lacs et celle de l’Atlantique. La population des Grands lacs habite en Ontario et a été inscrite comme espèce préoccupante par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), tandis que la population de l’Atlantique, qui compte à peine entre 1 000 et 3 000 couleuvres minces, se limite à la partie sud-ouest de la Nouvelle-Écosse et est inscrite comme espèce menacée. La perte d’habitat, la collecte pour le commerce d’animaux de compagnie, la mortalité sur les routes et la prédation représentent les plus grandes menaces pour ces créatures rampantes.

Jeffie McNeil, coordonnatrice des travaux sur le terrain et des données sur la couleuvre mince à l’Institut de recherche Mersey Tobeatic, a passé les huit dernières années à faire de la recherche sur la population de l’Atlantique de la couleuvre mince et, grâce à une subvention de 17 000 $ provenant du Fonds pour les espèces en voie de disparition de la Fédération canadienne de la faune, elle travaille sur son prochain projet visant à découvrir la répartition et les habitats d’hivernage de la couleuvre. « La première étape en vue de protéger une espèce en péril consiste à savoir où elle se trouve et cette tâche est particulièrement ardue avec la couleuvre mince, en raison de sa petite taille et de son faible indice de détectabilité », indique-t-elle.

Un plan d’eau

Jusqu’à présent, la couleuvre mince n’a été observée que dans trois bassins hydrographiques en Nouvelle-Écosse : ceux de la rivière Mersey, de la rivière Medway et de la rivière Pleasant. Cependant, Mme McNeil est portée à croire que la rivière LaHave pourrait être l’habitat de la couleuvre mince également, puisque ce bassin hydrographique n’est qu’à 30 km de son aire de répartition principale. De mai à août, Mme McNeil et les membres de son équipe effectueront des relevés visuels dans 25 zones humides qui se trouvent dans le bassin hydrographique de la rivière LeHave dans l’espoir de localiser des couleuvres minces. S’ils en trouvent par hasard, les couleuvres seront marquées au moyen d’étiquettes ou de coupes d’écailles ventrales, mesurées, pesées et remises en liberté à l’endroit où elles ont été capturées. Les chercheurs prendront également en note l’endroit où ils ont découvert la couleuvre, son comportement et les menaces possibles pour elle.

Laissez-vous guider par votre flair

Lorsqu’arrive le mois d’octobre, la couleuvre mince part à la recherche de terriers d’animaux – des monticules de fourmis jusqu’aux tunnels de campagnols – et de crevasses entre les rochers pour se trouver un abri convenable pour passer l’hiver. Elle hibernera pendant jusqu’à sept mois et sortira de sa cachette en avril. Cependant, puisqu’elle choisit d’hiberner dans les gîtes d’hibernation d’autres animaux, c’est difficile pour elle de trouver un bon abri, étant donné surtout que bien des habitats sont perdus au profit de l’activité humaine. Ce qui demeure toujours un mystère pour les chercheurs est la question à savoir quels genres d’habitats elle préfère pour l’hibernation : aux abords des zones humides ou les habitats terrestres? En prenant en considération que cette couleuvre parcourra de grandes distances pour trouver l’endroit parfait pour passer l’hiver, les caractéristiques du lieu d’hivernage sont assez cruciales pour assurer la conservation d’une espèce en péril. Durant les mois d’hiver, Mme McNeil effectuera des relevés dans 10 habitats terrestres ou plus autour d’une zone dans laquelle on a observé la présence de couleuvres minces. De mars à avril et de septembre à novembre, les chercheurs partiront à la recherche de ce serpent dans la région en compagnie de chiens dressés pour le dénicher grâce à leur flair.