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Anguille en péril



Claire Preston

American Eel

Autrefois extrêmement nombreuses dans l’ensemble des affluents du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent, les anguilles ont vu leur population décroître considérablement. En 2006, la décroissance dans ce bassin a été de près de 90 p. 100. L’espèce est inscrite depuis 2007 à la liste des espèces en voie de disparition de la Loi sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario.

Cette décroissance énorme peut être attribuée à plusieurs facteurs, notamment la mise en place de barrages hydroélectriques, un accès réduit à une partie de l’habitat en raison d’ouvrages qui font obstacle aux montaisons, la destruction et l’altération des milieux naturels fréquentés par l’espèce dans l’ensemble, ainsi que la pêche commerciale. La construction de barrages met en péril l’anguille de deux manières : d’une part, il y a fragmentation ou perte de l’habitat, car les adultes ont beaucoup plus de difficulté à retourner à l’océan pour y frayer; d’autre part, les turbines hydroélectriques contribuent à un accroissement de la mortalité et du nombre de blessures chez les jeunes anguilles qui nagent vers l’aval (selon la taille des anguilles et le modèle de turbine).

La Fédération canadienne de la faune s’est associée au ministère ontarien des Richesses naturelles, aux Algonquins de l’Ontario et à l’Arnprior Fish and Game Club afin de munir des anguilles de balises dans la rivière des Outaouais et de suivre leurs déplacements. Ce projet se poursuit depuis 2007. Les travaux déjà effectués ont permis de déterminer quelles méthodes et quels endroits convenaient le mieux à la capture des anguilles, et également de recueillir des données sur les déplacements habituels, les préférences d’habitat et le calendrier d’avalaison de plusieurs anguilles. À l’étape actuelle du projet, il s’agit d’enrichir les connaissances tirées des premières études des déplacements des anguilles et de mettre ces connaissances à profit pour élaborer des stratégies de rétablissement de l’espèce dans la rivière des Outaouais.

Dans le tronçon de la rivière des Outaouais qui va du barrage de la Chute-des-Chats au barrage des Chenaux, des chercheurs munissent des anguilles de balises et suivent leurs déplacements afin de connaître les habitudes d’avalaison et de déterminer si les anguilles franchissent le barrage de la Chute-des-Chats et, le cas échéant, à quel moment. Ils surveillent également les migrations vers l’amont en installant des passes migratoires temporaires dans trois barrières présentes sur des affluents du lac des Chats (un tronçon de la rivière des Outaouais); ces passes seront équipées d’un piège à l’extrémité située en amont. Les anguilles qui remontent ces passes et se font piéger seront munies de balises et remises à l’eau en aval. Si les anguilles se font capturer assez souvent, cela confirmera aux chercheurs qu’elles tentent bel et bien de migrer par ces passes; cela pourra également leur donner des renseignements importants quant aux barrières qui pourraient empêcher le retour de migration par la suite.

Ce projet comporte un autre volet important, soit une campagne visant à sensibiliser les gens à l’anguille et à son importance écologique dans la rivière des Outaouais. Les activités correspondantes feront mieux connaître l’anguille auprès des gens de la région; elles encourageront les gens à signaler la présence d’anguilles et demanderont aux pêcheurs de ne pas tuer les anguilles qu’ils capturent involontairement. Le public sera également invité à observer la capture d’anguilles et les activités visant à les munir de balises.

À long terme, l’objectif poursuivi est le rétablissement, en collaboration avec les habitants de la région et les producteurs d’hydroélectricité, d’une voie migratoire sûre pour les anguilles. Le but ultime, c’est que la population d’anguilles dans le lac des Chats et les tronçons adjacents de la rivière des Outaouais puisse un jour reprendre sa croissance.