Bienvenue, 
top-page-banner-2-k.jpg

Au secours des ours polaires


Feb 10, 2015
Claire Preston


Nous sommes tous d’avis que l’ours polaire est une des premières espèces qui vient à l’esprit lorsqu’on pense aux animaux arctiques. Vivant dans le Grand Nord glacial, ces magnifiques bêtes se fient à la glace de mer comme plateforme pour chasser, se déplacer et s’accoupler. Cette dépendance fait en sorte que les 19 sous-populations canadiennes d’ours polaires sont particulièrement sensibles au réchauffement climatique dans l’Arctique puisqu’il nuit à la disponibilité de la glace de mer à longueur d’année. Le déclin constant de la glace de mer menace la pérennité à long terme de l’espèce. La Fédération canadienne de la faune travaille donc avec acharnement à assurer sa survie à long terme en menant des recherches sur la façon dont les ours polaires réagissent au déclin de la glace de mer et en préconisant des lois de protection favorables aux ours.     

Depuis mai 2012, la FCF s’est associée aux chercheurs de l’Université York pour étudier les habitudes d’alimentation et le style de vie de la sous-population d’ours polaires de la baie d’Hudson, leur travail portant principalement sur la région de la baie James dans le nord de l’Ontario. La recherche a comme objectif de suivre les déplacements, la diète et la composition corporelle des ours, ainsi que d’aider à prédire des changements futurs. Cette sous-population d’ours polaires semble être la plus sévèrement touchée par le changement climatique – les ours sont obligés de se rendre au rivage l’été en raison de la fonte complète de la glace de mer, ce qui limite leur accès aux proies marines et les force à jeuner et à se fier à leur réserve de gras. Avec les températures montantes, l’été est plus long et les ours polaires doivent jeuner pour de plus longues périodes. Les étés plus longs offrent aussi moins de temps aux ours polaires de refaire leur réserve de gras et de se préparer pour le jeune qu’ils doivent endurer.   

En septembre 2012, 36 ours polaires ont été capturés et étudiés par les chercheurs le long des côtes des baies James et Hudson en Ontario. Les chercheurs ont pris des échantillons de fourrure, de gras et de griffes de ces ours afin de mener des analyses alimentaires. Des 36 ours, 10 femelles adultes ont reçu des colliers émetteurs qui utilisent le satellite du système mondial de localisation pour permettre aux chercheurs de déterminer l’emplacement exact des ours tout au long de l’année (les 10 ours étant suivis durant trois ans). Les mêmes ours seront capturés chaque année pour prélever des échantillons. Ce processus permettra pour la première fois aux chercheurs de faire le lien entre les habitudes d’alimentation des ours polaires et leurs déplacements sur la glace de mer. L’acquisition de connaissances sur la répartition des habitats et sur la façon dont les ours polaires les utilisent sera extrêmement utile dans l’élaboration de la stratégie de rétablissement des ours polaires en Ontario.       

La première année (2012-2013) de données de surveillance révèle que ces ours polaires se déplacent sur de très grandes distances (jusqu’à 1 800 kilomètres) sur la glace de mer pour chasser. Les analyses actuelles des échantillons de tissus permettent aux chercheurs de déterminer les proies de chaque ours, une « signature » de la proie consommée se logeant dans le gras de l’ours. Les chercheurs comparent les échantillons les plus récents aux échantillons de recherches menées au cours des dix dernières années pour déterminer s’il y a eu des changements à leur diète par rapport au changement d’habitat.  

Les résultats et les avantages attendus aux fins de la conservation comprennent :

  • La surveillance à long terme des effets du changement climatique sur la diète des ours polaires;
  • Une prévision plus exacte de l’adaptation de l’ours polaire au changement climatique;
  • Une description exacte de l’habitat de glace de mer dont ont besoin les ours polaires pour une chasse fructueuse; 
  • La détermination de caractéristiques d’habitat clés pour les ours polaires du nord de l’Ontario (cette information peut être utilisée pour déterminer et promouvoir la conservation de terrain pour les ours polaires). 

Nous attendons avec grande impatience les résultats de la deuxième année, qui seront disponibles sous peu! Les chercheurs auront ainsi une idée plus large de ce qu’endurent actuellement les ours polaires qui sont confrontés au changement climatique. Les données pourraient influencer les lois qui doivent être créées et les mesures qui doivent être prises pour protéger et conserver cet important emblème canadien.