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La FCF subventionne des recherches visant à déterminer quels sont les meilleurs nids pour les tortues



Annie Langlois

Mettre des animaux en cage en pleine nature, ce n’est pas ce à quoi la plupart des gens s’attendraient de la part de biologistes fauniques... Pourtant, on a beaucoup employé cette technique pour protéger les nids des tortues et les œufs qu’ils contiennent! Les nids de tortues peuvent être attaqués par des prédateurs (par exemple des ratons laveurs, des mouffettes, des renards et des tamias, en milieu forestier) à la recherche d’un mets riche en protéines : des œufs. On a constaté que la protection des nids augmentait fortement la probabilité de survie des œufs, les prédateurs n’étant alors plus en mesure de s’en emparer. Les œufs ne peuvent ni s’enfuir ni combattre, mais dès l’éclosion, les nouveau-nés peuvent s’en aller vers des endroits plus sûrs; avec un peu de chance, ils pourront parvenir au terme de leur croissance. On a souvent recours à des cages pour protéger les nids d’espèces de tortues en péril afin de favoriser le rétablissement de ces espèces.

Mais l’utilisation de cages pourrait aussi être préjudiciable. Formées de grillage, les cages en question sont soit au-dessus du sol, soit dans le sol. Il se pourrait qu’en plus de tenir les prédateurs à l’écart elles empêchent certains nouveau-nés de quitter le nid! Les cages en surface pourraient bloquer la lumière du soleil et empêcher le réchauffement des œufs. Chez certaines espèces, cela peut donner lieu à des malformations, chez d’autres à une composition étrange de la population. Il y a des espèces chez lesquelles le sexe des nouveau-nés est déterminé par la température du nid. Lorsque la détermination du sexe est ainsi thermique, un changement de température peut faire en sorte que les bébés tortues soient tous du même sexe, ce qui peut avoir de grandes répercussions plus tard.

En tout cas, les tortues choisissent avec soin l’endroit du nid. En utilisant des cages, nous modifions l’environnement immédiat. Même munis des meilleures intentions, faisons-nous aux tortues plus de tort que de bien?

Julia Riley, étudiante de deuxième cycle en biologie au laboratoire de Jacqueline Litzgus à l’Université Laurentienne, cherche des réponses à cette question. Au cours de l’été 2010, elle s’est rendue dans le parc provincial Algonquin, où on a beaucoup étudié les tortues peintes et les chélydres serpentines. Chez les deux espèces, la détermination du sexe est thermique, et on connaît également dans les deux cas la fécondité, l’âge de reproduction, les taux de croissance, la superficie des domaines vitaux, les systèmes d’accouplement et d’autres caractéristiques. Comme aucune des deux espèces n’est en péril, il s’agissait pour Julia d’une excellente occasion d’obtenir une réponse à sa question. Elle a trouvé des nids de tortues; de manière aléatoire, certains ont été munis d’une cage au-dessus du sol, d’autres d’une cage dans le sol et d’autres encore n’ont pas été munis d’une cage. Il s’agissait ainsi de suivre l’évolution des nids et des nouveau-nés pour déterminer si leur survie, leur santé et leur sexe étaient différents selon le type de cage utilisé et selon l’utilisation ou non d’une cage.

Grâce à l’aide de la FCF, Julia a pu retourner sur le terrain à l’été 2011 pour obtenir de nouvelles données. Les résultats seront publiés sous peu. Il s’agit de la première étude de ce type, et ses résultats pourraient avoir une incidence importante sur l’intendance des populations de tortues. De nombreuses espèces de tortues marines ou d’eau douce sont en péril au Canada, et une meilleure compréhension des techniques dont nous nous servons pour favoriser leur rétablissement sera d’une très grande utilité aux biologistes travaillant dans ce sens.