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Funeste champignon



Stephanie Poff

À l’approche de l’Halloween, l’ambiance se fait quelque peu sinistre. Vous voulez entendre une histoire véritablement effrayante? Lors d’un voyage, un touriste apporte sans le savoir un champignon étranger qui se propage rapidement dans toute l’Amérique du Nord. L’agent infectieux décime des populations, et des chercheurs croient que cela pourrait mener à l’extinction de certaines espèces! Cela vous semble sorti tout droit d’un film d’horreur? En fait, c’est une histoire bien réelle. L’épidémie en question, c’est celle du syndrome du museau blanc, et cela fait six ans qu’elle ravage les populations de chauves-souris. La FCF participe activement à l’étude de sa cause et de sa propagation en s’associant des chercheurs de l’Université du Nouveau-Brunswick.

C’est en 2006 que le syndrome du museau blanc (SMB) a commencé à faire périr des populations de chauves-souris hibernant dans des grottes aux quatre coins de l’Amérique du Nord. Introduit par un touriste dans une grotte située près d’Albany, dans l’État de New York, le champignon en question, Geomyces destructans, envahissant, s’est depuis répandu dans quatre provinces canadiennes et dix États américains. Au Canada, le syndrome est actuellement présent en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick, en Ontario et au Québec. Les chauves-souris infectées se réveillent souvent pendant leur hibernation; elles sont plus vulnérables aux perturbations. La multiplication des périodes de veille et l’augmentation de la température corporelle épuisent leurs réserves adipeuses. À cause de cette consommation accrue d’énergie, elles meurent de froid. Les chauves-souris atteintes ont souvent le museau blanc (d’où le nom du syndrome).

Karen Vanderwolf, étudiante diplômée de l’Université du Nouveau-Brunswick, et Don McAlpine, zoologiste et conservateur de musée, ont détecté l’apparition du syndrome au Nouveau-Brunswick en 2011. Dans le cadre du Programme pour les espèces en voie de disparition, la FCF mènera une collaboration de deux ans avec Karen afin d’étudier les populations infectées. Cet été, Karen a effectué des travaux de laboratoire qui lui ont permis d’identifier 81 espèces de champignons dans les échantillons qu’elle avait prélevés en hiver. D’autres résultats suivront.

Karen se prépare maintenant à la saison de travaux de terrain. Du 16 au 18 octobre, à Ottawa, elle assistera à la première conférence canadienne sur le syndrome du museau blanc. Au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, le syndrome a fait périr à ce jour 90 p. 100 de la population de petites chauves-souris brunes. Des études montrent qu’une incidence encore plus importante pourrait être observée dans les prochaines années chez des espèces moins communes, le vespertilion nordique et la pipistrelle de l’Est. Si vous parlez anglais et souhaitez vous renseigner davantage sur les travaux de Karen, nous vous invitons à consulter les billets qu'elle publie dans notre blogue.