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La compensation est-elle la solution?


Mar 18, 2014
Claire Preston

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La recherche d’un équilibre entre la conservation de la biodiversité et le développement durable cause des maux de tête depuis plusieurs années. La biodiversité est en baisse rapide dans le monde entier, ce qui provoque un sentiment d’urgence chez des personnes de bonne volonté. Certaines entreprises ont décidé d’améliorer leur « karma vert » grâce à des mécanismes de compensation pour la biodiversité. Mettons qu’une entreprise décide de construire dans une zone où cela risque de nuire à un habitat qui a de la valeur sur le plan de la conservation : elle peut « compenser » les dommages en agissant ailleurs, par exemple en remettant une autre zone à son état naturel.

Aux États-Unis, les entreprises peuvent atténuer l’impact de leurs activités sur les espèces en voie de disparition par l’achat de mesures de compensation spécifiques à une « banque de conservation ». Elles doivent alors compenser cette perte d’habitat et de biodiversité en intervenant dans une autre zone critique pour l’espèce en question. En Australie, un système de mise en banque de l’habitat a été lancé en 2006 sous la dénomination « Bio-banking ». Cela permet aux entreprises de verser des cotisations afin de financer la remise en état des sites et de compenser la perte de biodiversité dans les zones de construction.

Est-ce une solution viable pour trouver un équilibre entre la conservation de la biodiversité et le développement durable? Les gouvernements se rendent compte, peu à peu, des avantages potentiels de la collaboration avec les groupes de conservation et les entreprises afin de trouver cet équilibre, mais les programmes de compensation doivent être bien conçus et utilisés pour donner des résultats. Toutefois, cela pourrait bien ne pas être suffisant. Certains groupes de conservation trouvent qu’on devrait faire preuve de prudence avant de mettre en œuvre un programme de compensation de biodiversité, car ils craignent que cela puisse constituer pour les entreprises un « permis de faire des dégâts ». Selon eux, ce ne devrait être qu’un outil de dernier recours. Lors d’un récent congrès sur la compensation à l’Université d’Ottawa, David Browne, directeur de la conservation à la FCF, a donné une conférence qui nous a permis de mieux comprendre pourquoi la compensation n’est pas forcément la solution idéale.

La principale préoccupation qu’inspirent à M. Browne les mécanismes de compensation, c’est leur applicabilité aux espèces en péril et les limitations qu’ils comportent. Lorsqu’une mesure de compensation se justifie, le programme devrait s’adapter à la stratégie de rétablissement de l’espèce, et son approbation ne devrait se faire que sur présentation de preuves plus probantes que celles qui sont actuellement exigées. L’utilité de ces programmes est limitée, parce qu’on connaît relativement mal ces espèces menacées et les techniques à employer pour les rétablir. En outre, on n’est pas certain qu’il soit possible de restaurer l’habitat ou de réintroduire des espèces, de sorte qu’il n’est même pas sûr que ces stratégies donnent de bons résultats à long terme.

Malgré tout, M. Browne estime que les mécanismes de compensation pourraient servir à atteindre des objectifs de rétablissement d’espèces en péril, mais seulement dans des cas précis et dans le respect de conditions strictes. Le gain net obtenu à la suite de la mise en œuvre d’un régime de compensation doit être clairement défini et conforme à l’objectif de rétablissement de l’espèce en question. Il faut clairement définir l’état dans lequel l’espèce doit se trouver avant d’être considérée comme rétablie et utiliser des techniques qui donnent plus de 95 % de certitude que la restauration ou la création d’un habitat ou la réintroduction d’espèces garantira le succès du rétablissement de l’espèce.