Jan 28, 2014
Sean Brillant, directeur des programmes océaniques de la FCF
Le Natural Resources Defense Council (NRDC), une organisation américaine axée sur la défense de l’environnement, a récemment publié un rapport ayant trait aux mammifères marins qui trouvent la mort dans les pêcheries non américaines (Net Loss: The Killing of Marine Mammals in Foreign Fisheries). Ce rapport indique que plus de 90 p. 100 des produits de la mer consommés aux États-Unis proviennent de pêcheries étrangères, mais que les États-Unis ne font pas respecter une disposition de la U.S. Marine Mammal Protection Act exigeant des pêcheries étrangères qu’elles répondent aux normes américaines de pêche viable, plus précisément en ce qui a trait aux captures accessoires de mammifères marins. Le rapport indique que, chaque année, 650 000 mammifères marins se font ainsi tuer ou blesser par les pêcheries étrangères qui fournissent les États-Unis.
Je suis d’accord avec le principe selon lequel tous les pays devraient veiller à la viabilité de leurs exploitations, de même que de leurs importations, et il est vrai que le Canada tarde à prendre des mesures pour protéger les baleines noires de l’Atlantique Nord contre les pêcheries commerciales, mais les critiques que le NRDC adresse au Canada au sujet des baleines noires sont quelque peu infondées.
Le rapport affirme que les pêcheries de homard et de crabe du Canada mettent gravement en danger les baleines noires de l’Atlantique Nord et insinue qu’aucun effort n’a été déployé pour protéger ces mammifères marins au Canada. Cette insinuation est complètement fausse. Le Canada a joué un rôle d’avant-garde dans la protection des baleines noires contre les collisions avec les navires, et de nombreuses baleines noires ont ainsi été protégées. Cependant, le Canada n’a pas pris de mesures pour réduire le risque d’empêtrement des baleines noires dans les engins des pêcheries commerciales. Cela tarde depuis trop longtemps, et le rapport du NRDC est exact sur ce point.
Des scientifiques, des organismes du domaine de la conservation de la nature, des organismes gouvernementaux et des pêcheurs travaillent sur cette question depuis bien des années. Beaucoup d’efforts ont été déployés pour évaluer par quels moyens le Canada peut protéger les baleines noires contre les engins de pêche.
La Fédération canadienne de la faune, le Fonds mondial pour la nature (Canada) et l’Université Dalhousie mènent conjointement une analyse quantitative des risques que représentent les pêcheries commerciales canadiennes pour les baleines noires. Cela nous permet de voir à quels endroits se situent les risques les plus importants tout au long de l’année et de savoir quelles pêcheries présentent le plus grand danger. Nous avons presque terminé ces recherches, et j’ai présenté les résultats en 2013 au Right Whale Recovery Network de Pêches et Océans Canada, ainsi qu’à la réunion annuelle du North Atlantic Right Whale Consortium. Nos recherches ont permis de constater que, dans l’ensemble, les pêches de poissons de fond constituent le plus grand risque pour les baleines noires au Canada, tandis que la pêche au homard représente un moindre risque.
Nous avons également recommandé au MPO des mesures précises de gestion des pêches qui pourraient être prises au Canada atlantique pour réduire les risques pour les baleines noires. Bien des mesures sont nécessaires, et la FCF a hâte de voir quels changements l’administration publique du Canada va mettre en œuvre pour protéger les baleines noires à partir des recommandations que nous lui avons faites.
Les pêcheries commerciales du Canada constituent effectivement un danger pour les baleines noires, et le Canada a l’obligation, en vertu de ses propres lois, de protéger cette espèce en voie de disparition. La prise de mesures de conservation à cet égard tarde, mais des changements viendront. Pour assurer efficacement la conservation d’espèces sauvages, et particulièrement d’espèces en voie de disparition, il faut à mon avis disposer de connaissances solides afin de savoir comment gérer les activités humaines qui mettent ces espèces en péril. C’est dans cette optique que la FCF accorde une grande priorité aux initiatives de conservation qui se fondent sur des analyses scientifiques.
Nous vous tiendrons au courant des développements associés à notre étude sur les baleines noires.