Feb 12, 2016
Annie Langlois
Les prairies abritent des centaines d'espèces végétales et animales indigènes au Canada — une incroyable diversité de vie, toutes ces espèces partageant un écosystème très complexe. Mammifères, insectes, oiseaux, reptiles et plantes coexistent dans un équilibre qui défie l'imagination. Ces habitats étonnants forment l'un des principaux écosystèmes des Prairies canadiennes, mais saviez-vous qu'on les retrouve également du côté sec à l'est de la Colombie-Britannique? Malheureusement, cependant, de moins en moins de prairies demeurent, que ce soit dans les Prairies ou en Colombie-Britannique. Parce qu'une très faible proportion (moins d'un quart) des prairies originales du Canada demeure aujourd'hui, bon nombre de leurs habitants sauvages sont gravement menacés. Le crapaud du Grand Bassin et le crapaud de l’Ouest sont deux de ces espèces en péril.
Les prairies ne sont pas un type d'écosystème dans lequel l'on s'attendrait à trouver de nombreux amphibiens : elles sont généralement sèches et soumises à des températures extrêmes. Alors, quels sont les facteurs qui font des prairies de la Colombie-Britannique un habitat propice à ces deux espèces de crapauds?
Les crapauds du Grand Basin comme les crapauds de l'Ouest commencent leur vie dans des étangs au sein des prairies. Quand ils atteignent leurs forme adulte, ils se déplacent vers les hautes terres arides où ils passent la majeure partie de leur vie quand ils ne sont pas en période de reproduction. Ils se sont adaptés à cet habitat sec où ils s'alimentent et hivernent. Mais le fait qu'ils aient besoin d'au moins deux habitats pour survivre rend leur conservation un peu complexe. Si une menace existe dans un seul des habitats des crapauds, ou sur le couloir de migration qui les relie, il y aura probablement un impact négatif sur leurs populations. Par exemple, le piétinement des œufs par le bétail peut menacer les sites de reproduction, tandis que les routes fragmentent les couloirs de migration et l'urbanisation réduit leur habitat d'hivernage et d'alimentation. Ces menaces peuvent se cumuler, et faire des ravages parmi les populations de crapauds.
Mais afin de pouvoir prêter main-forte à ces crapauds des prairies et de réduire les effets de ces menaces, nous devons savoir où se situent leurs habitats exactement, et quand les crapauds s'y trouvent. C'est ce que le Dr. John S. Richardson et Dustin Oaten, de la University of British Columbia, ont tenté de découvrir.
Avec l'aide de la FCF, les crapauds du Grand Bassin et les crapauds de l'Ouest ont été étiquetés afin de pouvoir faire l'objet de suivis. Et les résultats ont été très surprenants! En suivant les déplacements des crapauds du Grand Bassin, les chercheurs ont découvert qu'ils migrent sur des distances beaucoup plus importantes qu'attendu, entre les étangs où ils se reproduisent et les zones où ils passent le reste de leur temps. Ils ont également constaté que, contrairement aux données recueillies dans le cadre de différents projets, ils utilisaient des terriers préexistants dans des zones à couvert végétal dense proches de leur étang de reproduction pour passer les mois plus chauds et secs de l'été dans la torpeur. En septembre, lorsque les températures refroidissent, ils redeviennent actifs et, tandis que certains restent à proximité dans des terriers pendant tout l'hiver, d'autres migrent vers leurs aires d'hivernage. Le crapauds de l'Ouest, que l'on croyait plus mobiles, sont en fait restés beaucoup plus près de leur étang de reproduction pendant le reste de l'année que les crapauds du Grand Bassin. Ces résultats sont très différents de ce que d'autres chercheurs ont découvert au sujet d'autres populations de crapauds dans d'autres régions!
Il ne fait aucun doute que ces résultats contribueront grandement à déterminer les besoins de ces crapauds spéciaux et les zones à protéger en Colombie-Britannique pour que leurs populations puissent se rétablir!