April Overall
Entre la région de Foothills en Alberta et les versants à l’est des montagnes Rocheuses, l’exploitation forestière, l’exploitation à ciel ouvert et le développement des industries pétrolières et gazières sont en effervescence. Ces activités ne sont toutefois pas populaires auprès des grizzlis présents sur ce territoire. Selon le Comité sur le statut des espèces menacées de disparition au Canada, le grizzli du Nord-Ouest (Ursus arctos horribilis Ord), présent aux Territoires du Nord-Ouest, au Nunavut, en Colombie-Britannique et en Alberta, figure sur la liste des espèces préoccupantes en raison du développement humain — industriel, résidentiel et récréatif. Ces développements empiètent sur l’habitat du grizzli et son aire de répartition géographique. Et alors que le développement se poursuivra vraisemblablement, Boyce et Cristescu visent à réduire la pression sur les populations déclinantes de grizzlis et à restreindre au minimum l’interaction avec les humains en étudiant comment les grizzlis réagissent à la présence des mines de charbon à ciel ouvert de Cheviot (active) et de Luscar et Gregg River (fermées).
Un solitaire errant
Les grizzlis sont des animaux solitaires qui se portent bien dans un environnement non perturbé. De plus, ils aiment errer. Le territoire vital moyen d’un grizzli femelle est de 200 à 600 km2 alors que les mâles ont besoin du double, soit de 900 à 1 800 km2. En fait, des chercheurs ont découvert que les grizzlis mâles peuvent parcourir jusqu’à 250 km2 au cours d’une année. Alors que leur aire de répartition en Amérique du Nord a diminué de plus de la moitié, les grizzlis sont davantage susceptibles d’entrer en conflit avec des humains. Entre 1999 et 2004, la moitié des grizzlis dont l’aire de répartition couvre le secteur des mines de Gregg River et Luscar sont morts de causes en lien avec les humains.
Quand le ventre mène
Après la fermeture des mines, des herbages ont été établis dans la région avoisinante et ont attiré nombre de grands herbivores comme l’élan et le mouflon d’Amérique. Selon les observations de terrain de Boyce et Cristescu, cette région hautement fréquentée par les herbivores a suscité l’augmentation du nombre de visites des grizzlis. Les grands herbivores ont aussi attiré des chasseurs de partout sur la planète, augmentant les risques de confrontations entre les humains et les ours. Grâce à une étude réalisée sur les lieux d’abattage des herbivores, les chercheurs de l’Université de l’Alberta seront en mesure de recommander comment s’y prendre avec ces grands mammifères et limiter les risques d’interactions entre les humains et les ours.
Sur la piste
Des caméras numériques miniatures fixées à des émetteurs radio GPS permettront à Boyce et Cristescu de suivre les déplacements des grizzlis et d’ainsi découvrir si ceux-ci utilisent les mines, aussi bien actives que fermées, ce dont ils se nourrissent, s’ils utilisent les mines comme abri, combien de temps ils passent sur le site des mines, s’ils traversent le chemin de transport de la mine active de Cheviot ou s’ils évitent complètement les mines. Cette recherche contribuera à déterminer comment les mines et les routes utilisées pour le roulage du charbon devraient être développées.
Les chercheurs observeront aussi les visites des grizzlis dans les pistes d’excursion entourant les mines afin de découvrir la fréquence et le moment de ces visites. De plus, ils étudieront l’usage humain des pistes afin d’identifier les saisons ou les heures où les conflits entres les humains et les ours risquent davantage de survenir.