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Le sort de la baleine noire de l’Atlantique Nord


Jun 14, 2018
Sean Brillant

En 2017, douze baleines noires de l’Atlantique Nord sont mortes dans les eaux canadiennes. Cinq autres sont trépassées dans les eaux américaines. Puisqu’il ne reste qu’environ 430 de ces baleines dans le monde, nous devons faire tout notre possible pour sauver ce précieux mammifère marin. 

Le savoir, c’est le pouvoir

Pour sauver une espèce, de bonnes connaissances sont essentielles. Les chercheurs savent actuellement que la baleine noire de l’Atlantique Nord est gravement touchée par les collisions avec les navires et l’empêtrement dans des engins de pêche et savent aussi que la pollution acoustique et chimique peut lui nuire. Toutefois, nous ne connaissons pas tout sur cette espèce. Nous savons qu’elle se déplace beaucoup – elle passe la moitié de son temps dans les eaux américaines et l’autre moitié dans les eaux canadiennes. Mais elle migre aussi durant l’hiver et nous n’avons aucune idée où elle se rend. Nous en avons encore tellement à apprendre sur cette mystérieuse espèce. Plus nous en saurons, plus nous pourrons l’aider. 

À la lumière de notre manque de connaissances sur la baleine noire de l’Atlantique Nord, le gouvernement du Canada pèche par excès de prudence. Il a défendu la pêche dans une grande partie de l’océan au nord de l’Île-du-Prince-Édouard, car c’est là qu’on a observé le plus grand nombre de baleines noires l’an dernier. Le gouvernement a aussi imposé plusieurs exigences et limites très strictes aux industries de l’expédition et de la pêche. Le ministère des Pêches et des Océans et Transport Canada ont adopté d’importantes mesures pour sauver l’espèce et aussi apprendre à la connaître davantage.  

La Fédération canadienne de la faune (FCF) continue de mener des recherches sur les menaces à la baleine noire, et nous encourageons aussi le public canadien à se renseigner sur cet animal. La FCF a créé le programme La Garde pour informer les citoyens de ce qu’il faut faire s’ils trouvent un mammifère marin – qu’il soit mort ou vivant. 

Plus on en sait, mieux c’est. 

Surveillance

Le gouvernement du Canada exige maintenant que l’industrie de la pêche déclare ses rencontres avec des mammifères marins. Il y aura beaucoup plus de surveillance cet été – des avions, des planeurs et des bateaux surveilleront la côte atlantique pour y repérer des baleines noires. Le programme WHaLE de l’Université Dalhousie, soutenu depuis plusieurs années par la FCF, se poursuivra aussi. Trois planeurs seront continuellement dans l’eau pour une période de trois mois cet été. Ces planeurs chercheront des baleines, y compris des baleines noires, dans le golfe du Saint-Laurent et le bassin Roseway. Et le programme WHaLe repérera et enregistrera la présence de rorquals bleus pour la première fois cette année.  

Interventions de secours 

Le gouvernement a lancé un nouveau programme d’intervention auprès de mammifères marins et a aussi de nouveau donné le feu vert à des spécialistes de désenchevêtrer les baleines noires. Conséquemment, les groupes régionaux qui composent l’Alliance canadienne des réseaux d'urgences pour les mammifères marins travailleront fort cet été à désenchevêtrer toute sorte de baleines lorsque c’est possible et, si le pire advenait et que nous perdions d’autres baleines noires, les spécialistes auront accès à davantage de ressources pour les nécropsies. 

Pêche

Cette année, le gouvernement du Canada a imposé de nombreux changements à la pêche pour prévenir l’enchevêtrement et orienter les efforts futurs. En plus des régions où la pêche est interdite, les pêcheurs doivent marquer leurs engins de pêche d’une façon particulière selon l’endroit où ils pêchent. Ainsi, s’ils perdent un engin, il sera possible de repérer son origine. Les pêcheurs devront aussi utiliser des lignes plus courtes et signaler les engins perdus. De plus, la pêche au crabe des neiges commencera et prendra fin plus tôt et moins de casiers seront utilisés par rapport à l’an dernier.  

À la Fédération canadienne de la faune, nous étudions les patrons de pêche et tentons de déterminer si nous pouvons prévoir où la pêche aura lieu. En apprenant à prévoir les déplacements, nous espérons déchiffrer les façons dont les décisions sur la gestion modifient la pêche. 

Nous contribuons aussi à un projet qui examine comment les engins de pêche se perdent dans l’océan. Nous espérons trouver des façons de réduire ces pertes et de mieux suivre les engins qui se perdent, retirer les engins perdus dans les océans et prévenir l’enchevêtrement. 

Cela étant dit, la technologie relative à la pêche fait de grandes avancées, à tel point qu’il pourrait être possible dans peu de temps de pêcher sans cordes. Il s’agit de « pêche sans cordage » et nous espérons à la FCF que cette technique sera utilisée dès l’année prochaine. L’industrie de la pêche elle aussi accueille favorablement la notion. Il y a quelques années, le concept de la pêche sans cordage semblait directement sorti d’un livre de science-fiction, mais après cette année, il pourrait s’agir d’une option viable. 

Expédition

Puisqu’une des plus importantes menaces aux baleines noires de l’Atlantique Nord est la collision avec les navires, le gouvernement du Canada a décidé que dans une grande partie du golfe du Saint-Laurent, les navires devront réduire leur vitesse à 10 nœuds. De plus, les chenaux maritimes seront surveillés de près et, si on y repère des baleines, les navires devront aussi y réduire leur vitesse à 10 nœuds. 

Bien qu’il y ait eu de nombreux travaux sur les effets nuisibles des collisions avec les navires sur les baleines, ces enquêtes ont surtout porté sur les très gros navires qui se déplacent à haute vitesse. Certains sont de la taille d’un immeuble de grande hauteur et ils se déplacent habituellement à une vitesse de 18 nœuds. Toutefois, personne n’a vraiment examiné la possibilité que des plus petits bateaux de pêche et voiliers qui se déplacent moins vite nuisent aux baleines. Nous menons une étude préliminaire pour déterminer si on doit aussi s’inquiéter de ces bateaux. 

Si vous avez déjà vu une baleine noire de l’Atlantique Nord nageant dans l’océan, vous savez à quel point il vaut la peine de sauver l’espèce. Ces magnifiques créatures font partie  de notre patrimoine canadien et de l’image que nous nous faisons de nous-mêmes. Il  y aura des décisions difficiles à prendre et des changements à imposer pour assurer leur survie, mais ces baleines valent les efforts que devront déployer les gouvernements, les industries de la pêche et de l’expédition - et nous tous. Nous retirons beaucoup d’avantages de l’océan. Nous devons donc modifier nos activités pour ne pas nuire à ces mammifères, ainsi qu’à d’autres espèces marines.