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Voici Elly


Jun 8, 2017


anguille

Il y a anguille sous roche avec cette histoire.

Elle commence dans la mer des Sargasses, près des Bermudes. Et elle pourrait connaître une fin tragique à 5000 km de là, dans la rivière des Outaouais.

C’est l’histoire d’une anguille d’Amérique femelle, une espèce de poisson unique qui peut atteindre un mètre de longueur. Appelons-la Elly. Elle est née dans l’océan Atlantique, mais a vécu la majeure partie de sa vie en eaux douces canadiennes. En fait, elle passera environ 25 ans dans la rivière des Outaouais avant d’atteindre la maturité et de pouvoir se reproduire. Elle se plaît tout particulièrement au fond de la rivière, où elle se nourrit de petits organismes aquatiques comme les crustacés, les petits poissons et les insectes, notamment les délicieuses écrevisses! Elle est nocturne, c’est-à-dire qu’elle se nourrit la nuit en utilisant son sens de l’odorat aiguisé pour trouver de la nourriture. Mais elle ne peut pas percevoir les dangers qui se dressent sur son chemin, comme les barrages et les turbines hydro-électriques. Et elle n’est pas seule. Les autres anguilles femelles qui vivent dans la rivière sont elle aussi en grand danger.

Risquer sa peau

L’anguille d’Amérique a déjà représenté plus de la moitié de tous les poissons de la rivière des Outaouais. Mais les barrages hydro-électriques ont eu un impact dramatique au cours du dernier siècle.

Le nombre de poissons migrant à partir de la rivière des Outaouais a chuté drastiquement. Auparavant, plus de 250 000 anguilles faisaient chaque année la traversée épique du fleuve Saint-Laurent jusqu’à la mer des Sargasses à partir de la rivière des Outaouais. Aujourd’hui, on estime leur nombre en milliers à peine, ce qui représente un déclin de 99 pour cent! L’espèce a été ajoutée à la liste des espèces en voie de disparition en Ontario. La pêche à l’anguille a été interdite. Mais l’espèce n’a pas récupéré.

En termes simples, la triste vérité est que les barrages empêchent les jeunes anguilles d’Amérique, appelées anguillettes, d’atteindre la majeure partie de leur habitat. Celles qui réussissent à se frayer un chemin autour des barrages et à atteindre l’âge adulte sont souvent découpées par les turbines hydro-électriques lorsqu’elles tentent de retourner vers l’océan pour pondre.

Mais nous avons la possibilité de changer la fin de cette histoire et de fournir à ce poisson fascinant un passage sécuritaire entre les eaux douces et sa zone de fraie.

Une pente glissante

La Fédération canadienne de la faune contribue à mener les efforts de conservation de l’anguille d’Amérique. Considérant que chaque anguille peut pondre jusqu’à vingt millions d’œufs à la fois, chaque histoire couronnée de succès a le potentiel de faire toute une différence.

La FCF a aidé à la mise en place de petites échelles à anguilles temporaires pour constater si les anguilles juvéniles tentent de migrer en amont à une étape aussi précoce de leur développement. Si les anguilles juvéniles se fraient un chemin à travers nos échelles jusqu’au piège permettant de les capturer vivantes, elles seront marquées et relâchées pour poursuivre leur voyage en étant suivies de près par les chercheurs.

La FCF et ses partenaires de conservation ont demandé aux gouvernements provinciaux et fédéral de cesser de reporter la mise en place de mesures pour protéger les anguilles.

Les solutions peuvent comprendre l’installation d’échelles permanentes ou l’arrêt des turbines durant la période de pic migratoire. La FCF collabore avec ses partenaires afin de réduire les risques et elle est reconnaissante des efforts de conservation des groupes comme Énergie Ottawa. Énergie Ottawa est en train d’installer une échelle à anguilles dans les chutes de la Chaudière pour aider les anguillettes à migrer au-delà du barrage. Et pour aider les adultes comme Elly à retourner dans l’océan en toute sécurité, le groupe est en train d’installer une grille devant certaines de ses turbines, ainsi que des canaux de dérivation sécuritaires au-dessus et à côté des grilles. Il reste encore tellement de travail à accomplir, mais nous pouvons travailler ensemble pour rétablir cette espèce incroyable si abondante par le passé.

Suivre le courant

Quant à Elly, l’héroïne de notre histoire, son destin reste inconnu. Elle tentera probablement de retourner vers la mer cet automne. Pour le moment, elle continue de nager à la recherche de nourriture pour devenir plus grande et plus forte. Elle est capable d’absorber l’oxygène non seulement par ses branchies, mais aussi par sa peau, ce qui lui permet de se déplacer brièvement sur le gazon humide ou dans la boue. Alors qu’elle prenait de la maturité, elle est passée du jaune marron à une couleur argentée avec un ventre crème. Elle peut recouvrir entièrement son corps d’un mucus qui la rend presque impossible à tenir. Mais nous espérons que vous ne la laisserez pas glisser entre les mailles du filet et que vous soutiendrez nos efforts pour une migration réussie. La survie de l’espèce pourrait en dépendre. Visitez HelptheEels.ca pour obtenir plus d’information.