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Ne perdons pas le nord!



April Overall

Photo par: Megan Lorenz, Etobicoke ON

Vous connaissez le jeu de la patate chaude? Les joueurs forment un cercle, et ils se passent une patate de main en main pendant que la musique joue. Quand la musique s’arrête, celui qui se retrouve avec la patate doit quitter le cercle. Il faut à tout prix éviter cela! Or, avec la hausse des températures due au changement climatique, la faune se retrouve dans le même genre de situation, et elle essaie désespérément de ne pas se faire brûler par le changement climatique. Quels animaux éviteront ce sort? En voici quelques-uns auxquels nous donnons de bonnes chances d’y arriver.


Petit oiseau fait son nid
Puisque le printemps fleurit 1,7 jour plus tôt qu’il ne le faisait durant la première moitié du 20e siècle, certaines espèces sauvages s’inspirent de Mère Nature en se reproduisant plus vite. Lorsqu’elles s’y mettent précocement, les espèces ont une progéniture qui a de meilleures chances de survie; elles peuvent même transmettre des informations génétiques selon lesquelles il faut démarrer les choses plus tôt, ce qui permet à l’ensemble de la population de s’adapter au changement climatique.

Les oiseaux à travers le monde sont plus pressés qu’auparavant de garnir leurs nids. Un tiers des oiseaux du Royaume-Uni, des oiseaux chanteurs à la sauvagine, pondent 8,8 jours plus tôt que d’habitude. En Amérique du Nord, les hirondelles bicolores pondent neuf jours plus tôt qu’ils ne le faisaient il y a 40 ans, tandis que le guillemot marmette se reproduit jusqu’à 24 jours plus tôt qu’il y a 10 ans seulement. Mais cette précocité n’est pas l’apanage des oiseaux. En Amérique du Nord, le crapaud de Fowler se reproduit six jours plus tôt qu’il y a dix ans, les écureuils roux du Canada 18 jours, et la tortue caouanne, dix jours.

La ruée vers le nord
Levez les yeux, et vous y verrez peut-être des créatures qu’on a plutôt l’habitude de voir sous des cieux plus méridionaux. De nombreuses espèces s’adaptent au changement climatique en se dirigeant vers le nord, à la recherche de températures plus fraîches.

En cent ans, le damier d’Édith, un papillon, a élargi son territoire de 92 km vers le nord de son aire de répartition normale, dans l’Ouest des États-Unis. Et il n’est pas seul à le faire. En Amérique du Nord et en Europe, plus de 35 espèces de papillons ont changé leur aire (de jusqu’à 200 km!) en faveur de régions septentrionales.

Jusqu’où iront-elles? Eh bien, certaines régions inhospitalières commencent à attirer certaines espèces. Le renard roux s’est mis à faire des incursions dans le territoire du renard arctique en se dirigeant vers le nord. Et le saumon coho, qui a l’habitude des eaux tempérées, se tourne lui aussi vers le nord, allant, dans un cas particulier, jusqu’à 2 000 km au-delà de son aire de répartition normale.

Mais tous ces déplacements sont lourds de conséquences. L’introduction d’espèces nouvelles dans certains territoires pourrait en fait perturber l’écosystème. Une étude de 2008 a constaté que si les eaux antarctiques s’échauffaient de quelques degrés, les requins pourraient s’y rendre et y demeurer quelque temps, après une absence d’environ... 40 petits millions d’années! S’ils arrivent dans l’Antarctique, cela signifie qu’un nouveau superprédateur introduit dans les habitats océaniques du continent, causant d’énormes bouleversements dans l’écosystème.

Sonner l’alarme
L’hibernation permet aux animaux de conserver l’énergie lorsque la nourriture se fait rare, de ralentir la respiration et d’abaisser la température corporelle et le taux métabolique. Mais comment les mammifères savent-ils à quel moment ils doivent hiberner? Ils ont cette information dans le sang! Quand les températures commencent à baisser, la leptine – une hormone protéique – permet au corps de savoir quand la faim se manifeste et quand il faut cesser de manger.

Lorsque les températures sont à la hausse à cause du changement climatique, de nombreux animaux qui hibernent reçoivent une dose de leptine plus faible et se réveillent avec le ventre qui gargouille. La marmotte à ventre jaune, qui sort normalement la tête de son trou à la mi-mai, a commencé à le faire environ un mois plus tôt qu’il y a 30 ans! Mais le réveil est ardu. Cela demande pas mal d’énergie, et le taux métabolique doit tellement augmenter que toute la graisse emmagasinée pendant l’hiver est brûlée. Et même si les animaux sont réveillés, qui dit que les plantes qu’ils consomment sont en fleur et prêtes à manger? De plus en plus, les espèces ne sont plus en synchronisation les unes avec les autres, ce qui cause de gros problèmes dans le fonctionnement de l’ensemble.

Par ailleurs, certains animaux hivernants ont complètement laissé tomber cette pratique. Les chercheurs ont constaté que les ourses brunes qui ont des petits ont renoncé à hiverner depuis quelques années, puisque des températures plus douces et la diminution de l’enneigement leur permettent de trouver des aliments de base, comme les noix et les baies, à longueur d'année.

Des mœurs déréglées
Le changement climatique influence plus que la température. Pour de nombreux reptiles, la température décide de leur genre. Les tortues peintes, par exemple, comptent sur des températures stables en juillet pour assurer l’équilibre entre les mâles et les femelles de leur progéniture. Une hausse de seulement deux à quatre degrés suffirait à augmenter le nombre de femelles. De même, la tortue imbriquée a produit plus de femelles que de mâles ces dernières années en raison de la hausse des températures. Lorsqu’il y a un tel déséquilibre, les espèces ont du mal à se reproduire, ce qui grève les générations futures.

Quel comportement!
Une nouvelle étude montre que le réchauffement climatique pourrait mener certains poissons à changer de comportement. En étudiant les traits de personnalité des demoiselles, un écologiste et biologiste de l’évolution du poisson à l’Université de New South Wales a constaté que la hausse de trois degrés de la température de l’eau cause une altération du comportement des poissons. Ils deviennent six fois plus actifs, quatre fois plus agressifs et quatre fois plus audacieux. Pourquoi? Probablement à cause d’une accélération de leur métabolisme. Comme les poissons ont le sang froid, un accroissement de la température de l’eau réchauffe également leur sang. Cela produit un regain d’énergie qui leur ouvre l’appétit. Pour se nourrir, ils deviennent plus audacieux et agressifs, ce qui les rend plus vulnérables aux prédateurs. Tout un cercle vicieux, pas vrai?