Bienvenue, 
top-page-banner-2-k.jpg

Quand les caribous des bois doivent se séparer



Natalie Gillis

 

Très vaste, l’aire de distribution dans la forêt boréale du caribou des bois, la sous-espèce de caribou qui a la plus grande taille, va de l’île de Terre-Neuve à la Colombie-Britannique. Malgré cette vaste répartition, la population boréale du caribou des bois est inscrite à la liste des espèces menacées du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) et elle est considérée comme étant en voie de disparition en Colombie-Britannique. Au nombre des principales raisons expliquant la décroissance qui semble caractériser les populations, il y a la diminution du nombre de faons qui survivent à leur premier année. La cause première est la prédation : les faons qui servent de proies à des loups et des ours noirs n’ont jamais été si nombreux.

Le Fonds pour les espèces en voie de disparition de la Fédération canadienne de la faune a récemment accordé la somme de 30 000 $ sur trois ans à MM. Craig DeMars et Stan Boutin, chercheurs au département de biologie de l’Université de l’Alberta, dans le cadre d’une nouvelle étude qui contribuera à trouver des moyens de réduire le risque de prédation à l’époque de la mise bas.

Enclos
Il y a une corrélation entre la prédation accrue du caribou et l’activité industrielle. Le caribou a vu son habitat détruit ou fragmenté en petites parties par l’exploitation forestière, l’agriculture et l’exploitation minière. Dans un milieu fragmenté par des routes, des zones de coupe à blanc, des canalisations et des puits de pétrole et de gaz, il est plus difficile pour les femelles enceintes de s’isoler des prédateurs au moment de la mise bas et dans la période néonatale. Les couloirs linéaires, formés par exemple par les routes et les pipelines, permettent également aux prédateurs d’atteindre plus facilement leurs proies. En Colombie-Britannique, le taux de survie des faons nouveau-nés a été particulièrement faible : moins de 30 p. 100 au cours des sept dernières années.

Chacun à sa place
Les caribous des bois ont besoin de vastes étendues forestières relativement intactes, matures, dans lesquelles ils peuvent se disperser, en sorte que les prédateurs aient plus de mal à les trouver. C’est particulièrement important pour les femelles. Habituellement, les biches mettent bas pour la première fois dans leur troisième année; elles donnent naissance à un faon par année, en mai ou au début de juin. Avant la mise bas, elles quittent la harde pour trouver un endroit isolé, tel que la rive d’un lac, une île ou bien une tourbière, où elles donneront naissance. Cette séparation spatiale maximise l’éloignement des prédateurs et réduit le risque que ces derniers fassent leurs proies des faons alors qu’ils sont encore dépendants de leur mère.

Pertinence des recherches de MM. DeMars et Boutin
M. DeMars et M. Boutin muniront des caribous femelles, ainsi que des ours noirs et des loups, les principaux prédateurs du caribou, de colliers émetteurs. Ils suivront ensuite leurs déplacements en faisant des survols hebdomadaires de la région au temps de la mise bas et au cours de la période néonatale. Ils pourront ainsi dénombrer les faons qui survivent et recenser les caractéristiques des sites de mise bas, telles que leur superficie, leur distance du point d’eau le plus rapproché et leur distance du tronçon routier (ou autre élément linéaire) le plus rapproché. Ils suivront également les déplacements des loups et des ours pour voir l’utilisation que font ces prédateurs du même milieu pendant cette période. Ils se serviront des résultats obtenus pour formuler des recommandations visant à réduire le risque de prédation pour les caribous. Les intendants des milieux naturels seront alors en mesure d’orienter les moyens d’action en fonction des facteurs ayant la plus grande incidence sur la survie des faons.