Stephanie Bonner
Avec ses ailes de couleur d’un orange vif et hardi, bordées d’une épaisse lisière noire, mouchetées de points blancs, le monarque (Danaus plexippus) est peut-être le papillon le plus reconnaissable au Canada. Mais savez-vous au moins à quel point cette créature est magnifique en réalité? Avec son épuisant processus de migration, ses besoins particuliers en matière d’alimentation et la dégradation continue de son habitat, le monarque continue de lutter pour obtenir sa place dans un monde en changement perpétuel.
Survol
Il y a trois populations de monarques en Amérique du Nord : celles de l’Ouest, du Centre et de l’Est. Le groupe de l’Ouest comprend tous les monarques que l’on retrouve à l’ouest des montagnes Rocheuses jusqu’à la côte du Pacifique. Ce groupe passe l’hiver le long de la côte de la Californie dans des arbres d’eucalyptus. La population du Centre vit dans les contrées méridionales du Guatemala, d’El Salvador, du Honduras, du Belize, du Nicaragua, du Costa Rica, de Panama et du Sud du Mexique. Cette population n’effectue que de brèves migrations saisonnières et se reproduit toute l’année. Enfin, la plus grande population est celle du monarque de l’Est, qui vit exclusivement à l’est des montagnes Rocheuses. Ce groupe effectue la plus longue migration, en partant du Canada pour se rendre jusqu’au Sud du Mexique. Il y arrive à un moment qui varie entre le début de novembre et la fin de décembre. Cette multitude de papillons entamera son voyage de retour en mars et au début d’avril. En chemin, les femelles pondent leurs œufs là où elles peuvent trouver des plants d’asclépiade et la nouvelle génération retrouve son chemin jusqu’à la maison.
Faire le plein
Étant donné que les monarques ne se nourrissent exclusivement que d’asclépiade durant les premières étapes de leur existence, ils ne survivront que dans les endroits où pousse cette plante. Aussi loin que s’étend et s’adapte la variété de l’asclépiade, le monarque en fait autant. Cette plante comporte des poisons appelés des glucosides cardiotoniques qui n’ont aucun effet sur les larves du monarque, mais que celles-ci emmagasinent dans leur corps et transportent avec elles. Les prédateurs qui essaient de manger des larves de monarque ont un mal terrible à les digérer et associent cette mauvaise expérience à la larve aux couleurs éclatantes du monarque. Cette caractéristique permet aux espèces de monarque de survivre.
Au moment où les larves se transforment en papillons, ces derniers continuent de se nourrir d’asclépiades, mais ils ajoutent d’autres végétaux et fleurs sauvages à leur alimentation. Le monarque recherche le nectar de ces fleurs sauvages pour accroître ses forces et ses réserves de gras en vue de la longue migration à laquelle il devra se soumettre, l’automne venu.
Assiégé
Comme si l’éreintant périple aller-retour vers des climats plus doux n’était pas suffisant pour ces merveilles ailées, les conditions environnementales et une perte de l’habitat de reproduction menacent sa survie. Entre les coupes à blanc de forêts caducifoliées dans l’Est des États-Unis et le Sud-Est du Canada et la perte d’habitat et l’expansion de l’exploitation agricole dans les Grandes plaines, le monarque a été obligé de se déplacer vers l’est au cours du dernier siècle. La population de monarques de l’Est doit subir les contrecoups de l’exploitation forestière, de la perturbation de leur habitat par l’être humain et de la prédation – particulièrement durant son séjour au Mexique. Du côté de l’Ouest, les populations de monarques sont forcées de quitter leur habitat en raison de l’expansion de l’aménagement immobilier le long de la côte californienne. Et comme ils volent vers le nord au printemps, les conditions environnementales changeantes et la perte de leur habitat de reproduction représentent des menaces supplémentaires pour eux.
Vous pouvez leur porter secours
- Ne restez pas assis chez vous à regarder ce papillon disparaître progressivement du paysage canadien sans rien faire. Vous pouvez faire une différence pour le merveilleux monarque.
- Rendez-leur visite. De la fin d’août au début d’octobre, le monarque visite le Parc national de la Pointe-Pelée, en route vers des climats plus doux. Le centre d’accueil du parc offre des programmes publics sur la migration du monarque. Rendez visite aux naturalistes et aidez-les à compter les papillons! Cliquez ici pour obtenir un calendrier des activités entourant la visite du monarque.
- Faites pousser un jardin accueillant pour le monarque. En raison d’un paysage canadien en changement perpétuel, c’est avantageux pour les papillons de s’alimenter d’un vaste éventail de fleurs. Donc, plantez des fleurs ouvertes et profondes aux teintes rougeâtres, bleuâtres ou violettes dans votre jardin. Leurs préférées? L’eupatoire maculée, la liatride (Liatris) et l’asclépiade. Vous en apprendrez davantage à propos de la façon de cultiver un paradis pour l’agent de pollinisation sur le site Web du Jardinage pour la faune.
- N’utilisez pas de pesticides. En plus d’éliminer ces satanées mauvaises herbes, les pesticides tuent les asclépiades dont les chenilles de monarque ont désespérément besoin pour survivre, de même que d’autres fleurs sauvages bénéfiques. Et tant que vous y êtes, achetez des engrais biologiques et forcez l’industrie de l’agriculture à cesser d’utiliser des pesticides sur les récoltes.