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Des millions d'envahisseurs étrangers vivent parmi nous, s'accaparant de nos habitats, délogeant d'autres formes de vie, se propageant dans les villes, les banlieues, les terres agricoles et l'arrière-pays. Ils sont souvent difficiles à repérer dans une foule, et parfois, nous ne savons même pas qu'il s'agit d'espèces étrangères.
Qui sont ces envahisseurs étrangers?
Ce ne sont pas des extraterrestres venus de lointaines galaxies. Ce sont des animaux et des plantes provenant d'autres parties de la Terre qui s'emparent de nos terres et de nos eaux. Appelées également « non indigènes » et « exotiques », ces espèces n'étaient pas ici à l'arrivée des premiers explorateurs et des pionniers. Contrairement aux espèces originaires du pays, qui ont évolué au cours de millions d'années dans leurs propres environnements, les espèces non indigènes sont des étrangères. Il s'agit d'espèces exotiques importées comme le rat surmulot, le genet à balais et la spongieuse. Beaucoup causent d'énormes dommages environnementaux et économiques. Les envahisseurs étrangers menacent l'équilibre naturel du Canada et de la Terre entière.
Comment se sont-ils infiltrés ici?
Les envahisseurs étrangers s'infiltrent dans de nouveaux environnements d'un grand nombre de façons. Les gens jouent habituellement un rôle dans leur entrée parfois accidentelle, parfois intentionnelle. Les modes d’introduction comprennent entre autres :
- Le transport maritime. La plus grande source d'envahisseurs est l'eau de ballast qui assure la stabilité des navires de haute mer et qui est ensuite vidée dans les ports à la grandeur de la Terre. La moule zébrée, le goujon de mer et le cladocère épineux ont été introduits de cette façon. D'autres arrivent clandestinement dans la cargaison à bord de navires, de trains, de camions et d'avions.
- La construction de canaux. Les voies d'eau artificielles ont permis à la lamproie de mer, un poisson de l'océan Atlantique ayant l'apparence d'une anguille, de franchir des obstacles naturels et d'envahir les Grands Lacs.
- Le rejet d'ordures. Les ordures flottantes d'origine humaine servent de maison mobile aux espèces marines comme les anatifes, les vers et les mollusques, et leur permettent de parvenir à des rives lointaines en traversant l'océan.
- Les loisirs. Il arrive souvent que des plantes et des animaux voyagent clandestinement en se fixant à des embarcations, vélos de montagne, véhicules tout terrain, bottes de randonnée et agrès de pèche. L'écrevisse américaine (Orconectes rusticus) a franchi nos frontières méridionales dans des seaux à appâts déversés dans les eaux canadiennes.
- Les animaux domestiques. Le rejet d'animaux d'aquarium est à la source de l'introduction de tortues à oreilles rouges, lézards d'Europe et autres reptiles exotiques dans la nature.
- Le jardinage et l'agriculture. L'évasion de plantes cultivées des jardins et des terres agricoles vers les terres humides, les régions herbagères et les bordures de routes est un véhicule courant pour les envahisseurs étrangers comme la salicaire et l'alliaire officinale, qui couvrent à présent des millions d'hectares à la grandeur du Canada.
- Les voies naturelles. Le vent, l'eau et la faune peuvent contribuer à la dispersion de plantes et d'animaux exotiques.
- Les introductions intentionnelles. Les étourneaux sansonnets et les moineaux domestiques qui ont été relâchés dans le Central Park de la ville de New York, au XIXe siècle, ont envahi l'hémisphère occidental. La truite de mer et la carpe en provenance d'Eurasie se sont répandues partout dans les eaux de l'Amérique du Nord.
Quelles sont leurs répercussions?
Il existe des espèces étrangères qui ne sont pas envahissantes, et certaines ont même des effets avantageux. Beaucoup d'espèces introduites comme le soya et le blé sont bénéfiques. La truite de mer et le faisan de Colchide d'Eurasie ont donné de l'essor à la diversité biologique et sont recherchés par les chasseurs et les pêcheurs sportifs canadiens. D'autres, comme le longicorne brun de l'épinette et la spongieuse, ont détruit d'innombrables hectares de terres à bois. Les envahisseurs étrangers sont comme une gomme géante qui efface les animaux et les plantes indigènes - le tissu même du réseau de vie. Les répercussions comprennent :

- La perte et la dégradation de l'habitat. Des centaines de sangliers originaires d'Europe se sont échappés des fermes d'élevage dans l'Ouest canadien, où ils retournent la terre des sols herbagers, des jardins et des forêts à la recherche de tubercules, de bulbes et de racines, détruisant tout sur leur passage.
- Concurrence avec les espèces indigènes. En cherchant nourriture, eau, abri et espace, les envahisseurs étrangers finissent par déloger les espèces indigènes. La salicaire d'Eurasie envahit des milieux humides en supplantant les quenouilles et les roseaux, et en formant des peuplements denses impénétrables. La concurrence du genêt à balais, de l'euphorbe ésule et de l'alliaire officinale est un facteur dominant des menaces visant de nombreuses plantes des régions herbagères et forestières.
- Prédation. Des intrus comme les millions de chats domestiques et sauvages du Canada, sont des ajouts importuns à la chaîne alimentaire et tuent d'innombrables oiseaux et mammifères chaque année. Les lamproies de mer ont précipité l'effondrement des populations de touladi, de saumon et de doré.
- Perte de biodiversité. Le déclin ou la disparition d'espèces indigènes résultant de l'infiltration d'espèces étrangères perturbe la diversité biologique et l'équilibre écologique qui maintient le réseau de vie. En plus de déloger les plantes indigènes, la myriophylle en épi rend les plans d'eau impropres aux poissons, perturbant les aires de frai et provoquant l'effondrement des écosystèmes aquatiques.
- Répercussions socio-économiques. Compte tenu des pertes de milliards de dollars subies par le gouvernement, les collectivités, l'industrie, les services publics, l'agriculture et les loisirs, nous continuons de payer cher pour ces envahisseurs étrangers. Les dommages causés jusqu'à présent par les moules zébrées qui s'agglutinent aux pipelines, aux bateaux, aux bouées et aux engins de pêche représentent plus de 100 millions de dollars. En outre, des millions de dollars sont dépensés chaque année pour l'éradication des rats, les lampricides et les mesures de contrôle d'autres espèces indésirables. Les répercussions des espèces exotiques nuisibles à l'agriculture, comme la spongieuse qui s'attaque aux forêts et l'euphorbe ésule qui s'attaque aux terres agricoles, sont incalculables. La pratique d'activités comme la natation et la navigation de plaisance est impossible lorsque des plantes envahissantes comme l'hydrocharis grenouillère et le cabomba de Caroline congestionnent nos voies navigables. En outre, comme le Canada ne serait pas le même sans ses espèces et ses espaces indigènes, les envahisseurs détruisent non seulement notre milieu naturel, mais aussi notre identité.
Que pouvons-nous faire?
Les scientifiques canadiens et internationaux reconnaissent l'énormité du problème des envahisseurs. Les solutions proposées sont parfois divergentes, mais leurs conseils éclairés sont à l’origine de la stratégie du « cycle de rétablissement ». Ce processus continu s'établit comme suit : la prévention de l'introduction et de la propagation d'espèces exotiques; le contrôle ou l'élimination de ces espèces; la surveillance de leur présence; le rétablissement des espèces indigènes et de l'habitat. Vous pouvez collaborer à la lutte contre les envahisseurs étrangers en utilisant cette stratégie chez vous :
- La clé de la prévention est la sensibilisation, alors apprenez le plus possible au sujet des ennemis envahisseurs, des amis indigènes, et apprenez à distinguer ces espèces les unes des autres. Etudiez les répercussions des envahisseurs exotiques dans votre région. Ensuite, informez votre école et votre collectivité de cette menace écologique par des affiches, des dépliants, des présentoirs et autres moyens. Posez des gestes de prévention en obéissant aux lois qui interdisent l'introduction d'espèces non indigènes au Canada. Si vous êtes plaisancier, observateur d'oiseaux, pêcheur sportif ou adepte des milieux naturels, ne transportez jamais d'espèces étrangères d'un endroit à un autre.
- Entreprenez des projets en vue d'aider à contrôler l'envahissement. Les mesures de contrôle comportent des stratégies mécaniques, chimiques, biologiques et manuelles. Les méthodes manuelles, comme le sarclage, le bêchage et la coupe des plantes exotiques, conviennent le mieux aux élèves.
- Surveillez la présence, l'abondance, l'aire de distribution, la propagation et les répercussions des espèces non indigènes au cours d'une période donnée en participant a un recensement biologique ou en amorçant votre propre sondage. Les données recueillies contribueront aux initiatives scientifiques en vue de débarrasser nos habitats de ces intrus.
- Entreprenez des projets de rétablissement afin de redonner la santé aux habitats endommages et de ramener les plantes et les animaux indigènes dans leur milieu naturel.
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