La vaste majorité des prairies indigènes restantes du Canada se trouve sur des fermes et des exploitations privées. Le reste est dispersé sur des terres publiques détenues principalement par les gouvernements provinciaux qui décident de l’utilisation des prairies. Très peu d’entre elles sont protégées et il y a une absence évidente de législation et de politique fédérale, provinciale et municipale pour guider et coordonner les mesures de conservation.
À la recherche de leadership
Sans un leadership fort de la part du gouvernement fédéral en collaboration avec les provinces, les prairies continueront à disparaître. Dans les dernières décennies, les politiques de soutien à l’intensification de l’agriculture ont réduit la biodiversité des prairies. Les zones humides sont asséchées, les coupe-vents sont éliminés et les prairies indigènes sont labourées au nom de l’augmentation des rendements et de la rentabilité. Il y a moins d’espèces sur les terres et un risque accru de polluants agricoles s’écoulant dans les bassins versants, ce qui a une incidence sur les poissons et les invertébrés aquatiques.
Entre-temps, la propriété des pâturages communautaires fédéraux – qui abritent de nombreuses espèces en péril – a été transférée aux provinces sans aucune garantie de protection, les laissant ouverts à d’autres utilisations telles que l’exploitation pétrolière et gazière et l’utilisation récréative hors route, qui peuvent ne pas être compatibles avec la protection de la biodiversité.
La gestion fragmentaire des prairies indigènes par les autorités et les gouvernements ne fonctionne pas. Il est temps que le Canada s’engage dans une stratégie nationale qui permette de sauver ce qui reste de cet écosystème autrefois vaste et aujourd’hui en péril.

Des bisons font une pause pour s’abreuver dans le parc national des Lacs-Waterton.

Plus de 80 % des prairies indigènes ont disparu au Canada, et les pâturages communautaires de l’Administration du rétablissement agricole des Prairies (ARAP) représentent une grande partie de ce qu’il reste.
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La voie à suivre
Le gouvernement canadien doit collaborer avec les provinces, les propriétaires terriens, l’industrie, les organisations non gouvernementales, les communautés autochtones et les chercheurs pour élaborer une législation et une politique fédérales qui informent et coordonnent les mesures de conservation des prairies dans l’ensemble du pays. Ces mesures peuvent prendre plusieurs formes, notamment la création de zones protégées, des mesures d’incitation pour les propriétaires terriens, des mesures d’incitation qui conduisent à la protection des prairies indigènes, et un inventaire approprié de ce qui reste des prairies afin de mieux éclairer la prise de décision.
Zones protégées
- En 2020, le Canada a promis au monde de protéger 30 % des écosystèmes terrestres et aquatiques d’ici à 2030. Avec moins de 1 % des prairies indigènes officiellement protégées en tant que parcs, il est logique que cet écosystème de prairie soit le premier à bénéficier d’une meilleure protection. Les prairies peuvent être sauvegardées par le biais de zones protégées fédérales-provinciales, de zones autochtones protégées et conservées et d’autres mesures de conservation effectives par zone (AMCE). Les AMCE ont été définies au Canada comme des refuges protégés de manière informelle, qui contribuent à la conservation des espèces, des habitats et des écosystèmes.
Incitatives pour la protection de la biodiversité
- Les producteurs agricoles sont très attachés à la terre et nombre d’entre eux voudraient bien protéger la faune et les zones naturelles de leur propriété. Cette protection a cependant un coût. La sauvegarde de la biodiversité est souvent synonyme de réduction des profits. La conservation des espèces sauvages ne doit pas se faire à l’encontre des éleveurs et des agriculteurs. Nous avons besoin de politiques fédérales qui garantissent que les agriculteurs et les éleveurs seront indemnisés et reconnus pour la protection des prairies indigènes. Il existe des mesures incitatives privées, mais les gouvernements fédéral et provinciaux doivent trouver des solutions à long terme. Découvrez comment appuyer les éleveurs peut sauver les prairies >
Élimination des subventions pour transformer les prairies en terres agricoles
- Les caractéristiques naturelles telles que les zones humides et les prairies indigènes protègent non seulement la biodiversité, mais fournissent également des écoservices précieux tels que le stockage du carbone, la prévention de l’érosion des sols et l’atténuation des inondations. Les agriculteurs et les éleveurs qui laissent ces caractéristiques naturelles sur leurs terres sont mieux protégés contre les intempéries et risquent moins d’avoir besoin de l’aide de l’État en cas de phénomènes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses.
Pourtant, le maintien de ces caractéristiques dans le paysage est relativement peu récompensé. Au contraire, la politique agricole canadienne a toujours récompensé les producteurs qui convertissent des éléments naturels en terres cultivées ou qui surpâturent les prairies. Cette aide prend la forme de subventions financières, telles que l’assurance récolte, qui permettent aux producteurs de traverser les périodes difficiles. Les agriculteurs et les éleveurs qui s’en sortent le mieux lors de ces crises – grâce aux écoservices qu’ils ont maintenus – ne sont souvent pas admissibles à ces subventions, car la situation n’était pas « suffisamment grave » pour qu’ils fassent une demande.
Le Canada a besoin d’une stratégie de conservation des prairies qui récompense les producteurs qui gèrent leurs terres dans une optique de résilience, plutôt que de subventionner ceux qui éliminent les écoservices du paysage.
Inventaire des prairies
- Il ne reste en gros que 15 à 25 % de prairies indigènes au Canada, mais ces estimations sont fondées sur des évaluations de paysages datant des années 1990. La meilleure estimation pour la Saskatchewan est de 9 à 12 %, mais il n’existe aucun moyen de connaître avec précision la quantité de prairies perdue chaque année. Le gouvernement fédéral doit commander un inventaire précis de ce qu’il reste afin de mieux éclairer les mesures de conservation.
Qu’est-ce que cela signifie?
Les prairies offrent d’immenses avantages à la société grâce aux espaces récréatifs, au fourrage pour le bétail, à la régulation du climat, à l’atténuation des inondations et à d’autres écoservices. Un leadership national fort est non seulement nécessaire pour protéger ce qu’il reste de cette prairie indigène, mais il est également vital pour la survie de la biodiversité et des moyens de subsistance agricoles, alors que nous entrons dans une nouvelle réalité climatique.
Que peut-on faire pour aider à protéger les prairies indigènes dans les exploitations?
Investir dans la recherche qui soutient la conservation des prairies sur les terres d’élevage en soutenant la Fédération canadienne de la faune. Nous travaillons en collaboration avec les éleveurs et mesurons les résultats de la gestion des pâturages en matière de conservation. Notre travail au sein des groupes consultatifs nationaux vise à apporter un plus grand soutien aux prairies indigènes du Canada et aux gardiens de ces terres. Chaque jour, nous nous mobilisons pour soutenir les prairies.
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