Laisser un héritage
Les familles qui élèvent des bovins de boucherie jouent un rôle essentiel dans la protection des espèces des prairies et de leur habitat. Les exploitations agricoles et les élevages durables gèrent les prairies indigènes non seulement comme une source de revenus pour leurs familles et pour l’avenir de celles-ci, mais aussi pour la biodiversité. Ce n’est pas facile. L’augmentation de la demande du marché pour les cultures annuelles exerce une pression sur les prairies indigènes restantes. L’élevage de bovins de boucherie est devenu moins rentable, mais les éleveurs continuent d’offrir au public de nombreux avantages : des écosystèmes de prairies qui abritent des espèces en péril, la majorité des habitats des espèces sauvages sur les terres agricoles, le stockage du carbone et un écosystème prospère. Il est difficile d’exagérer à quel point l’équilibre de la durabilité est difficile à trouver : gérer une exploitation viable tout en fournissant les bases à long terme d’un bien commun – des prairies indigènes saines et diversifiées qui répondent aux besoins de tous les Canadiens.
Renard véloce © Nydia Chowdhury
Tétras des armoises, mâle et femelle © Getty Images
La controverse sur l’élevage bovin
Dans un contexte de crise climatique croissante et de perte de biodiversité sans précédent, de nombreuses personnes se demandent si manger de la viande de bœuf est un bon choix environnemental. Les bovins produisent du méthane et font partie d’un secteur mondial d’élevage (porcs, poulets, moutons et chèvres) qui contribue à environ 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine dans l’atmosphère. Tout cela, ainsi que l’utilisation par le secteur des ressources alimentaires et hydriques et l’incidence de l’élevage bovin sur l’environnement, a donné une mauvaise réputation au secteur de la viande bovine.
Cependant, la relation entre l’élevage bovin, la biodiversité et les changements climatiques est plus nuancée. Les bovins sont élevés différemment d’un pays à l’autre. Quelle que soit l’utilisation finale des bovins au Canada, ils passent tous au moins 80 % de leur vie à brouter les prairies et les pâturages. Seuls 2,4 % de nos émissions nationales de gaz à effet de serre proviennent de l’élevage de bovins de boucherie, et ces chiffres ne cessent de s’améliorer grâce aux nouvelles technologies et aux pratiques de gestion bénéfiques.
En outre, les prairies stockent le carbone dans le sol dans une plus large mesure que toute autre culture. Les prairies parcourues par les bovins stockent environ 1,5 milliard de tonnes de carbone, soit plus que toute autre terre agricole. Si on remplaçait les bovins par des cultures annuelles, 30 à 50 % du carbone stocké dans les prairies s’échapperait dans l’atmosphère.
Certains des animaux les plus menacés du Canada vivent dans les prairies indigènes et les exploitations bovines. Lorsque ces exploitations sont mises hors service, les prairies indigènes disparaissent souvent, tout comme les espèces sauvages qui en dépendent. Guardians of the Grasslands (les gardiens des prairies), un groupe d’éleveurs qui se consacre à la préservation de l’élevage dans les prairies indigènes, estime que 5 millions d’acres de prairies naturelles et de pâturages cultivés ont été convertis en terres cultivées et autres aménagements lorsque 26 000 exploitations familiales ont cessé d’élever du bétail pendant la crise de la maladie à prions des bovins en 2003. Lorsqu’on laboure les prairies indigènes, des millions de tonnes de carbone stockées dans le sol sont libérées dans l’atmosphère.
La protection de ce qui reste de nos prairies en voie de disparition rapide nécessitera la capacité de plusieurs secteurs à travailler ensemble. Les éleveurs gèrent de vastes étendues des prairies canadiennes et jouent un rôle essentiel dans la protection de nombreuses espèces sur le point de disparaître.
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Comment les pâturages pour bovins aident les prairies
Le broutage, c'est nécessaire pour les prairies
- La population du bison des plaines était autrefois forte de 30 à 60 millions d’individus en Amérique du Nord. Ils se déplaçaient constamment en grandes migrations au cœur du continent, façonnant l’écosystème par leurs déplacements. Les bisons laissaient des herbes courtes dans leur sillage, mais ils évitaient aussi de grandes zones de prairies, offrant ainsi aux oiseaux nichant au sol et à d’autres espèces sauvages une mosaïque d’habitats. Le pâturage a également créé une mosaïque de paysages qui a maximisé la diversité des plantes et de la faune. Certaines plantes dépendent même du pâturage pour éliminer les vieilles herbes et faire place aux nouvelles pousses.
En broutant, les bovins aident à maintenir et à restaurer les prairies et la biodiversité
- Les bovins ne remplacent pas parfaitement les bisons. Toutefois, sous une gestion attentive, les bovins peuvent pâturer les prairies indigènes de manière avantageuse pour les prairies indigènes et la faune, tout comme le faisait le bison.
Dans les exploitations d’élevage durables, cette planification se fait par l’élaboration réfléchie de plans de gestion des pâturages qui concilient le rendement des fourrages, la santé et la productivité des animaux, les délais de récupération des pâturages et la protection de la biodiversité. Les éleveurs gèrent le nombre d’animaux présents sur les terres et les déplacent selon un schéma qui reproduit les schémas historiques de pâturage des bisons.
Étude de cas : Points de vue des éleveurs sur un programme incitatif fructueux
Les éleveurs de bovins du bassin versant de la rivière Milk, en Saskatchewan, ont participé à un programme financé par le gouvernement fédéral en prenant des mesures volontaires pour appuyer la durabilité des pâturages, la conservation de l’habitat et le rétablissement des espèces en péril. L’étude s’est déroulée dans une zone couverte par le South of the Divide Conservation Action Program (SODCAP), l’organisation qui a contribué à la mise en œuvre du projet sur le plan local. Environ 46 % des terres de la zone d’étude appartiennent à des propriétaires privés qui exploitent quelque 750 fermes. À l’époque, les prairies indigènes fournissaient environ 50 % de la nourriture de 130 000 bovins.
Nous avons besoin de programmes qui appuient les éleveurs.
Le prix de l'élevage durable
- L’élevage dans le but de protéger la biodiversité signifie souvent moins de bovins sur les terres, une gestion plus intensive et la mise au repos de certaines zones. Tout dépend de la manière dont l’herbe est gérée, ce qui peut se traduire par une baisse de revenus à court terme. Cependant, la politique agricole canadienne a toujours récompensé les éleveurs et les agriculteurs qui convertissent les prairies indigènes et les zones humides en terres cultivées, grâce à des instruments tels que les programmes de stabilisation du revenu. Bien que les éleveurs de bovins et les producteurs agricoles soient rarement reconnus pour la protection des écoservices qui empêchent l’érosion des sols et aident à retenir l’eau, ils peuvent facilement bénéficier de subventions lorsqu’ils sont frappés par des sécheresses et des inondations. Le Canada a besoin de programmes qui reconnaissent la bonne intendance que les éleveurs pratiquent depuis des générations.
Programmes incitatifs
- Les pâturages naturels sont des réservoirs de biodiversité et de carbone. Ils constituent une solution naturelle aux changements climatiques, à l’atténuation des inondations et à la perte de biodiversité sur le plan mondial. Ces services publics sont presque entièrement financés par le secteur privé – par les familles d’éleveurs qui gèrent ces lieux depuis des générations. Pourtant, la pression est forte pour convertir les prairies indigènes en monocultures afin d’obtenir un meilleur rendement financier pour leurs familles. C’est le cas de toutes les familles. Nous pensons qu’il existe des façons d’éliminer cette pression sur les familles d’éleveurs qui permettront de conserver intactes les prairies indigènes, de préserver la biodiversité et de maintenir d’inestimables écoservices. Les accords de conservation et les servitudes sont des programmes efficaces qui paient les familles d’éleveurs pour qu’elles conservent les prairies indigènes, ce qui élimine la pression exercée sur les terres. Ils prennent la forme d’incitations fiscales et de paiements pour des écoservices en échange d’un accord à long terme pour la conservation de l’habitat naturel. Ils nécessitent toutefois le soutien du gouvernement fédéral. Si nous voulons que les familles d’éleveurs gèrent et protègent les prairies indigènes qui servent à tous les Canadiens, nous avons besoin que les Canadiens rendent la pareille.
Que peut-on faire pour aider à protéger les prairies indigènes dans les exploitations?
Investir dans la recherche qui soutient la conservation des prairies sur les terres d’élevage en soutenant la Fédération canadienne de la faune. Nous travaillons en collaboration avec les éleveurs et mesurons les résultats de la gestion des pâturages en matière de conservation. Notre travail au sein des groupes consultatifs nationaux vise à apporter un plus grand soutien aux prairies indigènes du Canada et aux gardiens de ces terres. Chaque jour, nous nous mobilisons pour soutenir les prairies.
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