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Relocaliser les ours noirs



Leigh Edgar

Q.  Chaque année, j’entends parler d’ours noirs abattus parce qu’ils sont perçus comme une menace pour la sécurité publique. Plutôt que de les éliminer, pourquoi les ours ne sont-ils pas simplement déplacés?

R. Chacun passe une mauvaise journée quand un ours doit être abattu parce qu’il menace la sécurité publique – en particulier les agents de conservation chargés de l’abattre. Les ours sont abattus en dernier recours et pour des raisons qui sont presque exclusivement d’origine humaine.

Voir un ours dans la nature constitue une expérience émouvante, cela ne fait aucun doute. Regarder un ours manger des baies ou se promener paresseusement dans la forêt, humer l’air ou se gratter contre un arbre est en effet un moment privilégié. Certaines personnes toutefois feront alors n’importe quoi pour attirer un peu plus l’ours, y compris l’appâter avec de la nourriture. Les ours sont particulièrement intelligents et ils apprennent vite – il ne leur faut guère de temps pour associer les gens et la nourriture. Quand les ours n’ont plus peur des humains, ils deviennent habitués à eux; ils s’approcheront alors des gens par habitude parce que leur expérience précédente leur a valu des calories sans peine. Une situation mauvaise pour tous les ours mais plus encore lorsque des petits sont présents. Les oursons sont censés apprendre quelles sources de nourriture sont disponibles à quelle période de l’année, quelles plantes fournissent la meilleure nutrition et comment chasser les petits animaux. Une fois habitués, ils n’apprennent pas ces techniques de survie. En fait, leurs chances de survivre jusqu’à l’âge adulte diminuent alors grandement.

Un ours nourri est un ours mort. Nourrir les ours les amène, par définition, dans le monde des humains. Les animaux sauvages sont à leur mieux quand ils peuvent survivre indépendamment des humains, dans un environnement qui leur fournit les éléments de base de leur survie : la nourriture, un abri, de l’eau et de l’espace. Nourrir les ours – directement ou par inadvertance en laissant de la nourriture pour animaux ou des déchets dehors – leur transmet des habitudes qui mettent des vies en danger – des vies humaines tout comme leur propre vie. Si les ours s’habituent à obtenir de la nourriture des humains, ils ne craindront plus de s’en approcher et ils pourraient devenir agressifs s’ils n’obtiennent pas la nourriture qu’ils désirent. Les ours qui fréquentent certaines régions parce qu’on y trouve beaucoup de déchets sont plus susceptibles de rencontrer des gens. L’ours qui était auparavant vraiment sauvage devient soudain une véritable menace pour la sécurité humaine.

Pourquoi les ours « problématiques » ne sont-ils pas simplement relocalisés (déplacés ailleurs dans leur domaine vital) ou translocalisés (déplacés dans un territoire totalement nouveau)?

Relocaliser les ours n’est ni fiable ni une solution de gestion à long terme. En Colombie-Britannique par exemple, la relocalisation à grande distance de l’ours noir n’est plus considérée une option viable. Les ours ont de grandes aires de répartition et ils chercheront des sources de nourriture stables. Ils franchiront souvent une distance impressionnante pour revenir là où le problème a commencé, ou encore ils adopteront le même comportement dans leur nouveau territoire. De plus, un ours relocalisé peut être soumis à un important stress causé par la capture elle-même ainsi que par la recherche de nourriture et d’une tanière dans son nouvel environnement. Le nouveau venu succombe parfois à des confrontations avec les ours occupant déjà l’espace. Le coût élevé de la relocalisation associé au faible taux de succès se traduit souvent par un exercice vain et fort coûteux en temps et en argent.

Les ours deviennent problématiques uniquement à cause de certains individus. Les ours noirs sont présents dans toutes les provinces et les territoires du Canada à l’exception de l’Île-du-Prince-Édouard, et les efforts visant à éduquer le public quant aux façons de garder les ours sauvages et les humains en sécurité abondent. Faire de la prévention pour éviter que les ours ne deviennent un problème fait partie des gestes réguliers d’éducation et de sensibilisation que pose la FCC – il s’agit d’un message important que nous ne pouvons trop répéter. Nourrir les ours d’une façon ou d’une autre, directement ou indirectement, n’est jamais une bonne idée. Les ours sont des animaux sauvages. Ils ont besoin que nous agissions de façon responsable et non égoïste. Dans ce cas, c’est littéralement une question de vie ou de mort.

Sachez toujours quel comportement est approprié lorsque vous vous aventurez sur le territoire des ours, et si des ours vivent à proximité, assurez-vous de ne pas les attirer dans votre jardin. Pour en savoir plus sur l’ours noir, visitez Faune et flore du pays.  

 

Acheminez vos questions sur la faune aux chercheurs en conservation de la FCF, Terri-Lee et Leigh! Vos questions, ainsi que les réponses à celles-ci, figureront peut-être dans un prochain numéro de Nature en bref !