April Overall
L’évaluation en mai dernier de 40 espèces sauvages par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a mis en lumière l’importance de la collaboration entre le gouvernement fédéral et ses équivalents provinciaux pour empêcher la disparition des espèces indigènes du Canada. Le COSEPAC a déterminé que la situation de 3 des 22 espèces réévaluées avait empiré – la baleine à bec commune du détroit de Davis, le méné-miroir, ainsi que la population carolinienne et la population des Appalaches de salamandres pourpres.
La modération a bien meilleur goût
Si vous croyez que votre razzia sur le sushi d’hier soir n’a aucune incidence sur les espèces en péril, réfléchissez-y un peu. L’exploitation et l’éradication par l’être humain sont les principales raisons du déclin de la population de nombreuses espèces aquatiques, dont le thon rouge de l’Atlantique et l’esturgeon noir.
Le thon rouge de l’Atlantique est toujours l’une des espèces de poissons les plus convoitées sur la planète. Certains paient même plus de 1000 $ pour un kilo de sa chair. À l’heure actuelle, la surpêche est la plus grande menace qui pèse sur cette espèce; comme il s’agit d’un poisson au long parcours migratoire, qui le mène des eaux canadiennes jusqu’au golfe du Mexique pour frayer, ce problème traverse les frontières, et il est assez grand pour pousser le COSEPAC à classer le thon rouge de l’Atlantique parmi les espèces en voie de disparition.
La réunion du COSEPAC a aussi permis d’établir que les cinq populations d’esturgeons noirs qui restent au Canada subissent un certain niveau de risque. Les populations de la région des Maritimes et de celle des Grands Lacs et du Saint-Laurent sont considérées comme menacées à cause de la dégradation de leur habitat et des barrages hydroélectriques.
Les mystères de la nature
Les scientifiques se grattent la tête et tentent de comprendre pourquoi la population de deux des espèces évaluées a décliné de façon si importante; ils ne savent pas vraiment comment le nombre d’hirondelles rustiques et d’eulachons a pu atteindre un niveau si bas.
Vous avez probablement déjà vu des hirondelles rustiques faire un piqué pour attraper un insecte en plein vol au-dessus des lacs et des champs; personne ne voudrait qu’un si bel oiseau disparaisse du paysage canadien. Il semble pourtant que c’est ce qui est en train de se passer. Cet oiseau a subi un déclin de jusqu’à 76 p. 100 au cours des 40 dernières années, et le COSEPAC l’a désigné « menacé ». Est-ce à cause de changements dans ses habitats? D’un problème dont souffrent ses proies? Du changement climatique? Pour l’instant, ça reste un mystère.
Le COSEPAC a évalué l’euchalon pour la première fois lors de sa dernière réunion. L’euchalon a déjà joué un rôle crucial dans l’existence de plusieurs groupes des Premières nations des côtes de la Colombie-Britannique. Malheureusement, depuis les années 1990, ses populations ont connu un déclin de 90 p. 100 ou plus. Les scientifiques ne savent toujours pas si c’est un changement aux conditions ambiantes, la capture accessoire, la pêche ou la prédation qui a causé cette chute catégorique. Il n’en demeure pas moins que la population des rivières Nass et Skeena est maintenant classée « menacée » alors que les populations du centre de la côte du Pacifique et du fleuve Fraser sont considérées en voie de disparition. Ce que cette situation a de particulièrement préoccupant, c’est que les populations de ces deux espèces ont vécu un déclin important pour des raisons qu’on comprend toujours mal. Les hirondelles rustiques étaient des oiseaux très communs au Canada, mais leur nombre a mystérieusement et abruptement diminué ces dernières années, et elles comptent maintenant parmi les espèces menacées.
Perdu et retrouvé
Le Canada a probablement perdu deux espèces : la petite pogonie verticillée et la rainette grillon de Blanchard. La petite pogonie verticillée était une orchidée indigène qui poussait dans les forêts du sud-ouest de l’Ontario et qu’on a vue pour la dernière fois en 1998. La rainette grillon de Blanchard habitait le lac Érié, mais on n’en a pas observé à cet endroit depuis 1970. Les scientifiques pensent que la dégradation de l'habitat a causé la mort de cette grenouille. Le COSEPAC nourrit toujours de l’espoir pour ces deux espèces, qu’il a classées en voie de disparition jusqu’à ce qu’il reçoive des preuves supplémentaires de leur disparition complète des milieux sauvages du Canada.
Tout n’est cependant pas perdu! La population du Pacifique Nord de la baleine à bosse, un mammifère marin de 45 tonnes, jugée menacée en 1985, a subi une forte croissance. En dépit de la menace de collisions avec des navires, d’enchevêtrement avec des engins de pêche et de la pollution sonore sous-marine, ces mammifères sont sur le retour, et le COSEPAC a maintenant placé cette population dans la catégorie « préoccupante ».