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Empaillez!



Sarah Coulber

Les Canadiens sont soumis à de plus en plus de lois et de règlements qui les appellent à économiser l’eau et à réduire l’utilisation de pesticides. Ces nouvelles règles peuvent changer la donne pour les jardiniers qui, de leur côté, ont plus d’un tour dans leur sac pour s’adapter. Parmi ceux-ci, la pratique immémoriale qui consiste à couvrir les plates-bandes d’un paillis de matière organique comme des feuilles ou de la paille. Les bénéfices à tirer de ce simple geste sont nombreux, à commencer par des économies de temps et d’énergie, sans parler d’une meilleure santé des plantes sous culture. 

Les bénéfices du paillis 

Un des premiers objectifs poursuivis en appliquant du paillis est d’étouffer les mauvaises herbes. Les plantes naissantes ont de la difficulté à se frayer un chemin au travers du paillis, spécialement s’il forme une couche épaisse (de 3 à 20 cm, selon le matériau que vous utilisez). Si vous épandez du paillis autour de vos plantes, toutes les mauvaises herbes qui se montreront le nez seront faciles à arracher, puisque leurs racines seront lâchement emmêlées dans le substrat plutôt que fermement enfoncées dans le sol ferme.

Le paillis organique conserve aussi l’humidité dans le sol, ce qui l’empêche de se dessécher sous le chaud soleil de l’été. Cela se traduira par un meilleur taux de survie et de croissance de vos plantations, et réduira — ou éliminera complètement — le besoin d’arrosage. Vous pouvez appliquer du paillis n’importe quand et le laisser en place toute l’année, mais certains jardiniers préfèrent attendre que les pluies du printemps aient ameubli le sol. La plupart des paillis organiques, toutefois, laissent l’eau de pluie percoler doucement pour être facilement absorbée dans le sol sous-jacent. Si l’on veut utiliser comme paillis de grandes feuilles raides, il vaut mieux les déchiqueter d’abord avec une tondeuse. Une texture hachée plus finement laisse mieux passer la pluie.   

Une couche de paillis influencera aussi la température du sol, qui restera plus frais et confortable pour les racines pendant la canicule. Cela réduit le stress des plantes et minimise les écarts de températures du sol au fil de la saison de croissance. Le paillis est tout aussi utile en hiver quand il agit comme isolant et permet la culture d’espèces en dehors de leur zone de rusticité, en limitant les températures extrêmes et en diminuant les écarts dus au gel et au dégel. Si vous projetez d’épandre du paillis pour l’hiver, il vaut mieux le faire après que le sol ait vraiment gelé. 

Le paillis prévient aussi l’érosion du sol et le ruissellement de l’eau. Non seulement cela est-il bon pour la richesse de votre terreau, mais cela empêche aussi des sédiments d’aller obstruer les systèmes de drainage, spécialement en zone urbaine, là où l’eau circule rapidement sur les surfaces asphaltées plutôt que d’être absorbée dans le sol. Le paillis diminue aussi le tassement du sol en absorbant et en répartissant le poids et l’impact des marcheurs. Le paillis, en se décomposant, retourne des substances nutritives dans le sol, ce qui, avec d’autres facteurs, produit des terreaux plus faciles à travailler, ameublissant les argiles et liant les terres sableuses. Certains jardiniers considèrent aussi que les paillis organiques peuvent décourager les lépidoptères de pondre leurs œufs, qui deviennent des larves destructrices dans le sol. Le milieu peut aussi héberger des créatures bénéfiques susceptibles de patrouiller le jardin à la recherche d’espèces nuisibles. 

À faire et ne pas faire 

Évidemment, il y a des contre-indications à tout, même au paillis, mais en suivant quelques règles simples, on s’assurera que les bénéfices compensent amplement pour les inconvénients. Par exemple, il ne faut pas appliquer le paillis trop près de la tige des plantes (y compris du tronc des arbres), car cela peut favoriser des maladies en été et offrir un abri tempéré aux souris grignoteuses en hiver. Donc, on laisse un espace de quelques centimètres libre de paillis autour des plantes à favoriser.  

Un autre problème potentiel tient à ce que certaines matières, comme les copeaux de bois, peuvent causer un manque temporaire d’azote dans votre sol. Quand le paillis se décomposera, il retournera des substances nutritives, mais, au départ, si vos plantes jaunissent, cela peut indiquer un problème d’azote. Vous pouvez corriger la situation, entre autres, en amendant le sol, par exemple avec de la farine de graines de coton, du thé de compost ou du fumier de cheval bien composté.

Types de paillis 

Il existe de nombreuses formes de paillis et vous en trouverez certaines directement dans votre jardin. Prenez par exemple le gazon coupé. Le plus facile est de le laisser là où il a été tondu pour qu’il se décompose et nourrisse les racines des graminées. Si vous accumulez un tas important de gazon — imaginons que vous êtes parti en vacances et avez laissé le terrain partir en foin —, vous pouvez recueillir le gazon dans des sacs et l’étendre sur les plates-bandes. Certains préfèrent laisser sécher le gazon un peu avant de l’épandre. D’autres types de paillis comprennent les feuilles, de résineux comme de feuillus, et les copeaux de bois et d’écorce vendus dans les jardineries. On trouve aussi des cosses de sarrasin et des coquilles de coco vendues comme paillis commerciaux.

Certains optent pour les géotextiles — des toiles non tissées — plutôt que des matériaux organiques. Ces textiles procurent certains des bénéfices énumérés ci-dessus, mais n’ont pas les mêmes impacts au plan de l’apport en nutriments et de la texture du terreau. Si vous avez de la difficulté à choisir vos paillis, ou recherchez simplement plus d’informations, vous trouverez plusieurs livres sur la question, dont The Mulch Book de Stu Campbell. Pour plus d’informations sur d’autres façons de conserver l’eau et sur le jardinage biologique, visitez notre site JardinagePourlaFaune.org.