April Overall
Environ 260 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année, et 10 p. 100 de tout ce plastique aboutit dans nos océans. Près de 80 p. 100 des déchets qui se retrouvent dans les milieux océaniques s’y font emporter par le vent et le ruissellement – les ordures qui bordent nos routes sont entraînées vers nos ruisseaux et nos rivières et sont déversées, au bout du compte, dans nos océans. Les bateaux fournissent la proportion restante des détritus qui se retrouvent dans les milieux aquatiques.
Ce plastique, que lui arrive-t-il une fois qu’il est dans l’eau? Sous l’action du dioxyde du carbone présent dans l’eau, ainsi que des rayons du soleil et de leur chaleur, les matières plastiques se décomposent en des morceaux de plus en plus petits. Mais ne vous méprenez pas : le plastique ne disparaît pas, il est simplement réduit en morceaux plus petits. Des morceaux dont le poids peut être dix fois inférieur à celui d’un trombone. Des mini-morceaux!
Les immondices s’entassent en mer
Une « plaque de déchets » se forme lorsque des déchets marins sont rassemblés par des courants tourbillonnaires. Il y a actuellement cinq grands tourbillons océaniques : celui du Pacifique Nord, celui du Pacifique Sud, celui de l’Atlantique Nord, celui de l’Atlantique Sud et celui de l’océan Indien. Ces tourbillons couvrent 40 p. 100 des zones océaniques. Cette étendue où s’accumulent des déchets de plastique correspond ainsi à 25 p. 100 de la surface de notre planète!
La Plaque de déchets du Pacifique Nord est un tourbillon en mouvement, situé entre la Californie et Hawaï, et deux fois plus grand que le Texas. Il s’agit d’un dépotoir colossal : on y trouve 750 000 morceaux de plastique par kilomètre carré, et près de 70 p. 100 du plastique qui s’y est aggloméré a sombré sous la surface. Des chercheurs de l’Université d’Hawaï ont constaté que les ordures qui s’échappent du tourbillon en raison d’un changement des courants vont s’échouer sur les îles Hawaï; le reste aboutit dans la plaque de déchets du Pacifique.
La plaque de déchets de l’Atlantique Nord, située à des centaines de kilomètres des côtes de l’Amérique du Nord, est le tourbillon océanique dont la découverte est la plus récente. Des chercheurs de la Sea Education Association y ont trouvé quelque 200 000 morceaux de plastique par kilomètre carré, et ces morceaux sont présents jusqu’à une profondeur de 20 mètres.
Faites passer le plastique s’il vous plaît
Des canards en plastique aux applicateurs de tampons, tout ce que nous jetons aux ordures finit quelque part. Ce qui ne se retrouve pas dans les sites d’enfouissement finira inévitablement dans les océans. Et en se réduisant en morceaux de plus en plus petits, les matières plastiques se retrouvent souvent dans le ventre des animaux. Les poissons, par exemple, sont incapables de distinguer ces morceaux de plastique du plancton; ils en mangent donc. D’après la U.S. National Oceanic and Atmospheric Association, la mort de jusqu’à 100 000 mammifères marins, chaque année, serait reliée aux déchets. En outre, plus de 50 p. 100 des espèces marines de reptiles subissent le contrecoup des déchets en plastique, et, chaque année, un million d’oiseaux de mer se prennent dans des filets en plastique ou s’étouffent en mangeant des morceaux de plastique.
On a constaté que les albatros de l’atoll de Kure, dans l’océan Pacifique (à proximité de la plaque de déchets du Pacifique), mangent chaque année cinq tonnes de plastique. Chaque année voit la naissance de 500 000 bébés albatros, et la mort d’environ 200 000. Bien que le plastique ne soit pas le seul facteur expliquant la mort bien prématurée de ces oiseaux, ceux-ci avalent en tout cas une quantité vraiment ahurissante de cette substance toxique. Des chercheurs pensent que les oiseaux mangent les déchets fixés aux œufs des poissons volants (l’un des principaux éléments de leur alimentation). Le plastique peut perforer et obstruer leur tractus intestinal et peut en outre émettre des toxines. Des chercheurs de l’Université d’Hawaï ont étudié les pelotes de régurgitation des oisillons de l’atoll de Kure et ils y ont trouvé 10 fois plus de plastique que dans celles des oisillons qui vivent plus près de la ville d’Oahu. Cependant, les chercheurs soutiennent que, tant qu’ils régurgitent le plastique, les oisillons ont une chance de s’en tirer. Il est plus probable que les oisillons qui l’ingèrent soient en danger.