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Feux de forêt : Des réponses à vos questions brûlantes



Stacey Scott

Forest fire

Compte tenu de leurs effets dévastateurs sur le paysage de l’Ouest canadien, les feux de forêt survenus en Alberta et en Colombie-Britannique ont fait les grands titres des journaux canadiens cet été. Il est difficile de voir le positif, si positif il y a, qui peut découler d’une telle dévastation. Vous serez peut-être surpris d’apprendre que, malgré sa violence apparente, le feu est un des facteurs clés du maintien et de la diversité des écosystèmes forestiers du Canada.

La saison

Au Canada, la saison des feux de forêt débute en avril et se poursuit jusqu’en octobre, atteignant son apogée en juin, juillet et août. Bien que les statistiques sur les feux de forêt varient d’une année à l’autre, en moyenne plus de 9 000 feux embrasent chaque année quelque 2,5 millions d’hectares de terres au Canada. Chaque feu évolue différemment; certains s’éteignent rapidement alors que d’autres font rage pendant des semaines et détruisent des centaines de kilomètres carrés. Le paysage, le climat et les conditions météorologiques sont des facteurs qui contribuent à alimenter un feu et à déterminer sa sévérité.

L’étincelle

Alors que les feux d’origine humaine (découlant notamment des cigarettes et des feux de camps abandonnés) sont plus fréquents, ils surviennent souvent à proximité des collectivités et sont ainsi plus rapidement découverts, rapportés et éteints. La foudre est la première cause naturelle des feux de forêt; elle est responsable de 45 pour cent de tous les feux de forêt au Canada et de 81 pour cent du total du territoire brûlé. Les feux déclenchés par la foudre naissent souvent dans des régions éloignées, à l’ouest et au nord du Canada, et il s’avère difficile de les rejoindre avec les équipements de lutte contre les incendies.

De retour

Les feux de forêt sont un phénomène naturel et ils jouent un rôle important dans le façonnement du paysage et des écosystèmes du Canada. Ils permettent la régénération en éliminant les plus vieux arbres de la forêt, lesquels peuvent aussi être les plus vulnérables aux insectes et aux maladies, et en éliminant les débris accumulés au sol, ce qui permet la croissance des nouvelles pousses et la diversification des espèces.

Certaines espèces d’arbres dépendent véritablement du feu : elles ont besoin de feu pour survivre. Le pin de Banks par exemple a besoin de la chaleur du feu pour faire fondre ses cônes — ce n’est qu’ainsi que ses graines peuvent être libérées — et répandre sur le sol des milliers de graines qui deviendront de solides pins.

Le feu distribue aussi la végétation, fournissant nourriture et abri et aidant la faune à s’adapter à son nouvel habitat. La population de pics à dos noir (Picoides arcticus) par exemple peut s’accroître jusqu’à 50 fois à la suite d’un incendie! Cette espèce particulière de pics se déplace en quête d’insectes tels les scolytes qui s’installent rapidement sur le bois brûlé. Le lynx du Canada (Lynx canadensis) est une autre espèce qui profite du feu; il s’abrite sous des conifères matures et il chasse sa proie préférée, le lièvre d’Amérique (Lepus americanus), dans les régions récemment brûlées. L’orignal et l’élan comptent aussi sur la végétation que fournissent les nouvelles pousses. Bien que les feux de forêt puissent s’avérer bénéfiques à plusieurs espèces, nombre d’oiseaux, de mammifères et d’insectes dépendent des forêts anciennes et sont déplacés. Plusieurs espèces d’arbres, comme le baume du Canada et l’épinette blanche, ne peuvent survivre dans des régions fréquemment incendiées parce qu’il leur faut davantage de temps pour atteindre la maturité de reproduction. Des années seront nécessaires pour que certaines espèces de plantes et d’animaux atteignent à nouveau leurs populations d’origine alors que d’autres espèces ne pourront plus jamais vivre dans cet environnement.

La controverse entourant le carbone

Bien que les discussions se poursuivent à savoir s’il convient ou non d’inclure le carbone libéré de sources naturelles, comme les feux de forêt, dans le débat général sur les changements climatiques, il nous faut reconnaître que les changements climatiques peuvent avoir de sérieuses conséquences.

Une forêt en santé est considérée comme un puits de carbone, où les émissions carboniques sont éliminées de l’atmosphère et absorbées par les arbres. Lors d’un feu de forêt, le carbone auparavant isolé est de nouveau libéré dans l’atmosphère, souvent sous la forme de dioxyde de carbone, ce qui peut aggraver les tendances observées du côté du réchauffement de la planète et diffuser de grandes quantités de carbone dans l’atmosphère.

La quantité de végétation affectée par le feu dans la forêt boréale canadienne a doublé au cours des dernières décennies. Comme le réchauffement de la planète continue de perturber les températures saisonnières, et que l’on prévoit que les foudroiements seront plus fréquents dans une proportion de 44 pour cent, les spécialistes estiment que les régions roussies par les feux de forêts au cours des 50 prochaines années seront jusqu’à 78 pour cent plus grandes.