April Overall
Dans le numéro d’octobre 2010 de Nature en bref, nous avons parlé de la situation, critique, des bécasseaux maubèches de la sous-espèce rufa. Leur population venait de subir un déclin spectaculaire. Ils avaient besoin de notre aide. Le Fonds pour les espèces en voie de disparition de la FCF a accordé 27 000 $ au Dr Allan Baker du département d’histoire naturelle du Musée royal de l’Ontario pour qu’il effectue des recherches sur le bécasseau maubèche à son point de ravitaillement dans la réserve de parc national de l’Archipel-de-Mingan. Qu’y a-t-il donc découvert ? Voici un résumé de ses constatations.
Des chiffres en baisse
En 2006, Parcs Canada et le Service canadien de la faune ont commencé à dénombrer les bécasseaux maubèches dans l’archipel de Mingan. Un an plus tard, le docteur Baker et son équipe se sont joints à cette initiative. Du 13 juillet au 25 octobre 2010, ils ont compté les bécasseaux maubèches repérés dans la région. Les oiseaux y arrivent par vagues. La première vague a atteint l’île Niapiskau le 31 juillet, et on a alors recensé 2450 bécasseaux. La deuxième vague, arrivée le 15 août, comptait 1350 autres individus identifiés. Les chercheurs ont donc pu déduire qu’au moins 3000 bécasseaux maubèches s’étaient arrêtés dans la réserve de l’archipel de Mingan pour se ravitailler en 2010.
La réserve de parc national du Canada de l’Archipel-de-Mingan ne constitue en fait qu’un relais de ravitaillement et de repos pour les bécasseaux maubèches en route vers leurs aires d’hivernage, parmi lesquelles la Terre de Feu, en Amérique du Sud. En janvier 2011, quand ces oiseaux ont commencé à arriver à leur destination, les chercheurs ont découvert que leur nombre avait encore une fois subi un déclin important. Exactement un an auparavant, en janvier de 2010, on avait recensé 15 000 bécasseaux maubèches, ce qui représentait déjà une baisse prononcée par rapport aux 52 000 individus que comprenait cette population à peine dix ans plus tôt. Ce déclin ne faisait cependant que s’accélérer, et au début de 2011, seulement 10 000 de ces oiseaux se sont rendus jusqu’à la Terre de Feu.
Quelle est donc la cause de cette diminution ? C’est précisément ce que les chercheurs tentent de comprendre. Le docteur Baker et son équipe étudient la fécondité des couples reproducteurs, et il appert que le moment précis où ces oiseaux arrivent à la réserve est le meilleur indicateur de leur capacité de reproduction. Les bécasseaux maubèches ont un comportement intéressant en ce qui a trait à la migration. Ils ne partent pas tous en même temps, mais migrent plutôt par vagues, comme nous l’avons mentionné plus haut. Les adultes se déplacent à la fin de juillet, puis à la fin du mois d’août. Les jeunes bécasseaux, quant à eux, arrivent à la réserve de l’archipel de Mingan au début d’août et y restent jusqu’à la fin septembre.
Adultes – Première vague
Les adultes arrivent à l’archipel en deux vagues. La première vague comprenait des mâles et des femelles, mais un peu plus de ces dernières. Cela indique qu’il s’agit de couples n’ayant pas réussi à se reproduire et de femelles qui ont quitté l'Arctique tôt après la naissance de leur nichée.
Adultes – Deuxième Vague
La deuxième vague d’adultes est arrivée au début d’août à la réserve de l’archipel de Mingan. Le docteur Baker et ses assistants ont réussi à capturer 112 de ces oiseaux au moyen de filets à projectiles entraîneurs; la plupart d’entre eux étaient des mâles; cela laisse croire qu’ils ont probablement réussi à se reproduire, ce qui expliquerait leur arrivée tardive. Cela dit, cette vague était moins nombreuse qu’en 2008, une bonne saison de reproduction.
Les petits
Les jeunes bécasseaux arrivent aussi par vagues. Les premiers à être repérés sont arrivés le 9 août, mais on n’en a compté que deux. Ce nombre s’est accru lentement mais sûrement et, le 7 septembre, il y en avait 300 dans la réserve. Les derniers d’entre eux ont atteint l’archipel de Mingan le 27 septembre. L’équipe a capturé 43 juvéniles et les a bagués; ils étaient en bonne santé et prêts à s’envoler pour la prochaine étape de leur voyage.
La surveillance et le repérage des bécasseaux maubèches sont cruciaux à la compréhension des causes de leur déclin. Malheureusement, leur parcours annuel couvrant 30 000 km, cela constitue tout un défi. Il est toutefois essentiel qu’on poursuive les recherches comme celle du docteur Baker à diverses étapes de la route migratoire de cet oiseau.