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L’ombre arctique à la croisée des chemins



April Overall

Photo : Bill Patterson

L’ombre arctique (Thymallus arcticus), membre de la famille des truites, vit dans les eaux froides des bassins hydrographiques de la rivière Athabasca, de la rivière de la Paix et de la rivière au Foin, en Alberta. Sensible à son environnement, l’ombre arctique est incapable de se défendre contre la surpêche, la fragmentation de son habitat causée par les ponceaux, ainsi que l’augmentation en flèche de la température, imputable au changement climatique. D’après la division de la faune aquatique et terrestre de l’Alberta Conservation Association, les populations de l’ombre arctique ont chuté de 50 à 90 % dans la portion sud de leur habitat. Qui plus est, le rapport General Status of Alberta Wild Species publié en 2000 a inscrit l’ombre arctique à la liste des espèces « vulnérables ». Toutefois, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada n’a pas encore étudié cette espèce.

Ici comme ailleurs 

Lors des changements de saison, l’ombre arctique adulte traverse plusieurs grandes rivières et bassins hydrographiques. À titre d’exemple, l’ombre arctique originaire de la rivière Little Smoky River descend le courant en septembre et octobre, pour atteindre des bassins profonds convenant parfaitement à l’hivernation, puis il remonte le courant pour frayer pendant la fonte des glaces, au début de mai. Nager d’un habitat à l’autre constitue la clé de la survie de l’ombre arctique : il doit se déplacer pour se nourrir, repérer l’endroit idéal pour aménager son habitat à une température optimale, demeurer à l’affût du lieu convenant parfaitement au frai et choisir une anse où passer l’hiver.  

À la croisée des chemins

Dans le nord de l’Alberta, la construction de routes et de passages de cours d’eau adjacents vise le soutien à l’expansion des exploitations pétrolières. Dans les eaux de la rivière Notikewin et des collines Swan à elles seules, des ponceaux constituent plus de 70 % de leurs passages. Les besoins de la faune sont souvent balayés du revers de la main, et leur habitat en vient à se fragmenter. La fragmentation des cours d’eau (causée par la construction de routes et par l’édification de barrières de ponceaux) est devenue un facteur crucial pour l’ombre arctique et son habitat. À force d’usure et de détérioration, les ponceaux peuvent barricader partiellement ou entièrement des portions de l’habitat de l’ombre arctique. Qui plus est, lorsque le mercure descend, la glace peut s’accumuler sur ces ponceaux et empêcher l’ombre arctique de se rendre à son lieu de frai, au début du printemps.

Bien que la Loi sur les pêches du gouvernement fédéral stipule que les passages de cours d’eau doivent faciliter la traversée sécuritaire des espèces de poissons à chaque étape de leur cycle de vie, l’état de nombreux passages de cours d’eau échappe au système, en raison de la médiocrité des mesures de contrôle et d’application de la loi. À titre d’exemple, une étude menée en 1973 sur les traversées routières de la région d’Edson a révélé que 40 % de ses passages de cours d’eau étaient considérés comme des entraves à la circulation naturelle des poissons, y compris l’ombre arctique.  

Applications de la recherche de Cam Stevens

L’équipe de Cam Stevens étudie actuellement l’impact des passages de cours d’eau sur la population de l’ombre arctique et sa répartition, en comparant les bassins hydrologiques à densité routière minimale aux bassins hydrologiques à densité routière élevée. Cam Stevens prévoit également comparer la répartition des populations d’ombres arctiques en amont et en aval des passages de cours d’eau (dont les ponts et les ponceaux) dans le bassin de la rivière Athabasca.