Jul 15, 2014
April Overall
Suivi des générations de monarques : nous avons enfin retracé le parcours de ces papillons insaisissables
Ce n’est pas un secret que la Fédération canadienne de la faune est préoccupée par le sort des monarques depuis un certain temps. Depuis que leurs effectifs sont tombés à leur plus bas niveau historique en 2012, nous avons le cœur brisé. Nous avons alors ressenti la nécessité de nous investir davantage. Nous devions absolument protéger ces papillons majestueux. Aussi avons-nous établi un jumelage avec le département de biologie intégrative de l’Université de Guelph dans l’optique d’expliquer cette diminution spectaculaire de la population de monarques.
La réponse réside dans leur migration et les nombreuses générations nécessaires à l’accomplissement de leur voyage depuis et vers leurs aires d’hivernage. Jusqu’à récemment, les scientifiques ne pouvaient qu’estimer les habitudes migratoires des monarques, et beaucoup croyaient que de simples individus étaient en mesure d’effectuer seuls ce parcours migratoire. Mais ces données ne nous suffisaient pas. Nous devions savoir, une fois pour toutes, où ces merveilles ailées se rendaient et d’où elles provenaient.
L’équipe de l’Université de Guelph a parcouru un total 35 000 km, sur les routes de 17 États et de deux provinces, pour accomplir cette tâche. Ses membres ont capturé au filet plus de 800 monarques et ont rapidement commencé à analyser les éléments chimiques présents dans leurs ailes. En effet, les monarques se nourrissent principalement d’asclépiade à l’état larvaire, et étant donné que la signature chimique de la plante varie d’un lieu à l’autre, les membres de l'équipe ont réussi à établir le lieu de naissance de chaque papillon par l’analyse de ses ailes. Remarquable, non?
Ils ont donc découvert que les monarques effectuent leur longue migration vers le Nord par générations successives, et non d’une seule traite. Les parents pondent ainsi des œufs qui éclosent en cours de route (il faut jusqu’à cinq générations pour se rendre au Canada), puis leur progéniture poursuit le voyage. Ils ont en outre constaté qu’un grand nombre de générations successives de monarques sont nées au Texas et en Oklahoma, tandis que d’autres sont nées dans le Midwest américain, et d’autres enfin dans une région plus étendue de la côte Nord-Est. Ces résultats nous indiquent qu’il est essentiel pour l’avenir des monarques de favoriser leurs habitats dans ces régions, d’abord par la conservation de leur nourriture (soit en plantant davantage d’asclépiades ou, à tout le moins, en ne détruisant pas les asclépiades déjà présentes), et d’autre part en surveillant de très près les effets néfastes que les plantations de maïs et de soja génétiquement modifiés ont sur cette espèce.
Alors, que pouvez-vous faire? Vous pouvez commencer à vous engager à faire de votre jardin un endroit sécuritaire pour les monarques! En vous engageant ainsi, vous intégrerez des choses à faire et à ne pas faire pour la survie des monarques à vos activités de jardinage, comme le choix de plantes appropriées, l’abandon d’outils de jardinage ordinaires, et plus encore. Engagez-vous dès aujourd'hui!
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