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Vous avez dit... biogaz?

Quand les animaux du zoo produisent des tonnes d’ordures, il faut en tirer quelque chose. Daniel Bida les transforme en énergie verte.

Plusieurs auteurs sont d’accord pour dire qu’à l’origine de la civilisation... il y a le fumier. Autrement dit, qu’on peut associer la naissance d’une agriculture réfléchie à la réutilisation comme engrais des excréments animaux et humains. Aujourd’hui, par la force des choses, nous franchissons de nouveaux pas dans cette direction. Par exemple, Daniel Bida, de Toronto, a récemment fondé et dirige Zooshare Biogas Cooperative, une société qui se donne pour mission de transformer l’élimination des fumiers du zoo de Toronto en production d’énergie à émissions réduites. 

L’idée est simple. Les animaux du zoo produisent environ 3 000 tonnes de fumier par année, ordures qui traditionnellement étaient compostées et servaient en partie à engraisser les plates-bandes du jardin zoologique. Bida et son équipe proposent aujourd’hui d’utiliser ce fumier, mélangé à environ 12 000 tonnes de déchets organiques produits par une épicerie, pour faire tourner une centrale électrique de 500 kilowatts, située à côté du zoo. La quantité d’énergie produite peut répondre aux besoins de 300 à 500 maisons. Fait encore plus intéressant, le projet prévoit que la centrale sera propriété de la communauté par la vente de parts sociales dans la coopérative sans but lucratif Zooshare.    

« À ma connaissance, il s’agit du premier projet de production de biogaz en propriété coopérative au Canada. Il s’agit aussi du premier projet associé à un zoo en Amérique du Nord, et probablement un des premiers dans le monde », dit Bida, un analyste financier certifié qui se spécialisait en énergies renouvelables avant de créer sa propre société de développement, Regenerate Biogas inc.  

La production d’électricité à partir de biogaz — qui consiste à capter du méthane produit par des déchets organiques en décomposition pour le faire brûler — n’est pas une idée nouvelle pour le zoo de Toronto. Il en avait étudié la possibilité il y a quelques années, dans le cadre d’un programme de démonstration des énergies renouvelables pour ses besoins d’exploitation. À l’époque, toutefois, le zoo avait préféré des installations solaires et géothermiques plus traditionnelles à la technologie relativement nouvelle des biogaz. Il est revenu au biogaz en 2010 en lançant un appel de propositions pour une centrale de 3 à 5 mégawatts. Bida n’a pas répondu à cet appel, mais en octobre, lui et une équipe d’experts — qui comprend Koenig Consulting, Riepma Consulting et Angus Power — a relancé le zoo avec un projet plus modeste qui comprenait l’idée d’une propriété communautaire coopérative comme facteur de différenciation.

Le zoo de Toronto a accepté la proposition en novembre 2010 et le groupe Zooshare travaille depuis lors à mettre en place le projet. La coop a été incorporée en avril de cette année et se concentre maintenant sur la vente d’obligations pour financer la construction de la centrale, de même que sur une émission d’obligations dans la communauté, ouverte au public. Quand la centrale produira — on vise une inauguration à l’automne 2012 —, la coop générera des revenus en vendant de l’électricité au réseau de distribution ontarien, dans le cadre du Programme de tarif d’achat pour les projets d’énergie verte. D’autres revenus proviendront de redevances d’élimination versées par le détaillant en épicerie et de la vente d’engrais liquides et solides, sous-produits du processus d’extraction des biogaz. (L’engrais liquide sera acheté par un producteur agricole local, tandis que le compost solide sera distribué dans les centres-jardins sous la marque Zoo Poo, c’est-à-dire caca de zoo.)

Lorsqu’il regarde vers l’avenir, Bida est aussi intéressé à fournir de modestes volumes de CO2 restant après la décomposition des ordures à un projet de serre des environs. Cela permettrait de réduire encore les émissions produites par les déchets animaux et végétaux. Mais pour l’instant, la priorité est de donner vie à la première phase du projet Zooshare et de rechercher des occasions de croissance. « L’idée, dit Bida, est de grandir et de nous multiplier. »