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Le stress de la ville



April Overall

Vous êtes en retard. Après vingt minutes passées dans le métro, incapable de bouger, à côté d’un homme qui avait ce matin oublié, délibérément ou non, de se mettre du déodorant, vous arrivez à la station, à deux pas de votre lieu de travail. Vous avez réussi à vous rendre. Mais pas sans vous être presque fait frapper par un chauffeur de taxi empressé et grossier. « Excusez-moi », lui criez-vous en retour, même si c’était de sa faute, pas de la vôtre. Au moins, les touristes ont pu faire une belle photo de vous lorsque vous renversiez votre café sur votre chemisier neuf. Un moment charmant, mémorable, à consigner dans un album. Vous parvenez enfin à votre bureau et tentez de sauver votre blouse à l’aide du détachant Tide to Go, mais en ce qui concerne votre santé mentale, il est trop tard. Vous avez mal à la tête, les paumes de vos mains sont en sueur et vous sentez qu’un rien pourrait maintenant vous énerver. Ce n’est pas vous. C’est votre ville.

D’après une nouvelle étude, les citadins ne répondent pas au stress de la même manière que les gens de la campagne. Les chercheurs ont demandé à des volontaires – certains venant de la campagne, d’autres de la ville – de résoudre une série de problèmes mathématiques difficiles dans un délai serré. Ils ont étudié la réaction des volontaires à cette situation en faisant appel à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), une technologie qui consiste à examiner le cerveau par balayage et à enregistrer son activité. Ils ont constaté une hausse plus importante de l’hormone de stress produite par les glandes surrénales, le cortisol, chez les habitants de la ville que chez les habitants de la campagne. Selon l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, les gens qui sont nés en ville et y ont grandi courent un risque 21 p. 100 plus important de souffrir de troubles anxieux, et un risque 39 p. 100 plus important de souffrir de troubles de l’humeur.

En 2050, d’après des estimations, 69 p. 100 des êtres humains vivront dans des zones urbaines. Alors quelle est la bonne nouvelle? Dame Nature vous offre des possibilités auxquelles vous pouvez avoir recours pour que votre ville et vous-même vous portiez mieux.

Pour une ville plus saine

Laissez entrer le soleil. Dans le cadre d’une étude menée en 2005, on a constaté que les patients qui venaient de subir une opération à la colonne vertébrale avaient moins besoin de médicaments et éprouvaient moins de stress et de douleurs lorsqu’ils passaient leur période de rétablissement dans une chambre bien éclairée. Ces patients sortaient également plus tôt de l’hôpital que les patients des chambres sombres. C’était particulièrement le cas chez les femmes : celles qui avaient passé leur période de rétablissement dans une chambre d’hôpital éclairée sortaient après seulement 2,3 jours, alors que celles qui l’avaient passée dans une chambre sombre sortaient au bout de 3,3 jours.

Envoyez vos enfants jouer dehors. Dans le cadre d’une étude publiée en 2001 dans Environment and Behaviour, on a constaté que les enfants de sept à douze ans chez qui on avait diagnostiqué un trouble déficitaire de l’attention fonctionnaient mieux après des activités au grand air (par exemple après avoir été à la pêche) qu’après des activités à l’intérieur.

Envoyez des fleurs (ou au moins des photos de fleurs) à votre grand-mère à l’hôpital. Dans le cadre d’une étude menée en 1993, on a constaté que les images entourant des patients en convalescence d’une opération au cœur pouvaient avoir une incidence sur leur rétablissement. On avait assigné à chaque patient de l’étude une chambre de manière aléatoire : dans certaines, il y avait des images de la nature, d’autres présentaient des œuvres abstraites et d’autres encore n’avaient aucune image. Les patients qui se trouvaient dans une chambre présentant des images de la nature étaient davantage susceptibles de diminuer leur dose d’analgésiques que les autres patients, ce qui porte à croire que la nature, ou à tout le moins sa représentation en image, peut avoir un effet bénéfique en ce qui a trait aux douleurs postopératoires.

Prenez la clef des champs... ou des bois. Une randonnée en forêt peut stimuler votre système immunitaire en entraînant un accroissement du nombre et de l’activité des supercellules qui préviennent l’apparition de cellules cancéreuses. De plus, les belles couleurs des feuilles d’automne vous mettront assurément de bonne humeur!

Pour une ville plus sûre

Portez-vous bénévole pour le nettoyage d’un lac de votre ville. Des chercheurs de l’Université du Maryland ont constaté que les gens qui s’occupaient d’intendance environnementale étaient davantage susceptibles de prendre part à des activités civiques et politiques. Nos futurs leaders parlementaires seront-ils des écolos? Mon vote vous est acquis!

Plantez un arbre dans votre quartier. Une étude a montré que les habitants de Chicago dont les appartements étaient entourés d’espaces verts signalaient moins de crimes avec violence, et notamment avec violence intrafamiliale, que ceux qui ne voyaient pas de verdure à partir de leur logis. Dans le cadre d’une étude similaire, on a constaté qu’après avoir planté des arbres dans un quartier dur de Manchester le nombre annuel d’appels à la police de la ville est passé de 800 à 64.

Pour une ville plus heureuse

Demandez un bureau avec vue. Il se peut que vous travailliez dans un dédale de bureaux à cloisons de neuf heures à cinq heures, mais il y bien des manières d’en faire un espace plus agréable. Dans le cadre d’une étude conjointe de la Texas State University et du San Marcos Nature Centre, on a demandé à 450 employés de bureau de répondre à des questions portant sur leur satisfaction professionnelle et leur milieu de travail. Les résultats montrent que les employés qui disposaient d’un bureau avec une fenêtre et des plantes étaient plus heureux que ceux qui travaillaient toute la journée sous un éclairage fluorescent et sans l’ombre d’une plante autour d’eux. Et cela n’est pas moins vrai pour vous, les gars! Des études ont montré que la verdure et l’éclairage naturel avaient une incidence plus importante chez les hommes.

Allez faire une promenade au parc. Des chercheurs de l’Université du Michigan ont constaté qu’une promenade de 45 minutes dans un parc pouvait stimuler les facultés cognitives et vous aider à vous détendre. Lors d’une promenade dans la nature, une foule de choses intéressantes s’offrent à votre regard, mais vos neurones ont également le temps de se recharger. Ne trichez pas en faisant une promenade au centre-ville. Les promenades dans les milieux urbains demandent davantage de concentration; vous devez faire abstraction de la circulation, des gens, des publicités et de bien d’autres choses. Dans ces circonstances, votre esprit ne peut se reposer.