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Mystérieuses chauves-souris

Photo : Don Conway 

La Fédération canadienne de la faune a versé un don de 5 000 $ à Mme Lynne Burns, aspirante au doctorat à l’Université Dalhousie, et M. Hugh Broders, titulaire de la Chaire de biologie de l’Université Saint Mary’s. L’équipe mène des recherches sur les comportements migratoires automnaux et la santé des populations de chauves-souris du Canada atlantique.

Sous le coup du vent

Au cours de leur migration automnale vers les aires de reproduction et d’hibernation, les chauves-souris courent des risques de plus en plus grands d’accidents mortels liés aux éoliennes. Des cadavres de chauves-souris trouvés sous des turbines à vent près de Pincher Creek ont été examinés dans le cadre d’un projet de recherche mené en 2006 par Robert Barclay, professeur de biologie à l’Université de Calgary. Barclay a constaté que 90 p. 100 des chauves-souris étaient mortes d’hémorragie interne, bien que des signes d’une collision avec les aubes des turbines n’aient été relevés que dans 50 p. 100 des cas. Cela porte à croire que la plupart des chauves-souris avaient été victimes d’un barotraumatisme (provoqué par une baisse soudaine de la pression de l’air) en volant à proximité des pales des turbines.

Photo : Tom Lusk

Museau poudré

Le syndrome du nez blanc s’est propagé dans les hibernacles de chauves-souris du nord-est des États-Unis. Des dizaines de milliers de chauves-souris en sont mortes. Celles qui sont atteintes du syndrome ont le nez, les ailes, les oreilles et la queue couverts d’un champignon blanc. Elles subissent une perte grave des réserves de graisse dont elles se servent pour survivre à l’hiver. On peut également les voir voler à l’extérieur dans la journée, et hiberner à l’entrée de leurs hibernacles, un phénomène rare, les chauves-souris hibernant habituellement au plus profond de leur gîte. À ce jour, la pipistrelle de l’Est, la petite chauve-souris brune, le vespertilion nordique, la chauve-souris pygmée et la chauve-souris de l’Indiana ont été touchés par le syndrome dans l’État de New York, au Vermont, au Massachussetts et au Connecticut. La maladie se propage si rapidement que des chercheurs canadiens craignent de la voir traverser la frontière. En deux ans, elle s’est étendue à divers hibernacles dans un rayon de 250 kilomètres et a causé la mort de 70 à 95 p. 100 des chauves-souris qui y habitaient.

Photo : Michael Durham

À tire-d’aile

Lorsqu’il s’agit de trouver un partenaire, les chauves- souris ne s’arrêtent pas à mi-chemin. Au début d’août, les mâles parcourent les cavernes et les mines à la recherche d’endroits où ils pourront passer l’hiver et s’accoupler avec les femelles. Dans leur quête, les chauves-souris franchissent des dizaines, voire des centaines de kilomètres entre les lieux d’hivernage. Mais ce qui se passe après les ébats amoureux n’est pas bien connu des chercheurs. Nous avions supposé que les chauves-souris s’installaient alors au même endroit pour hiberner; cependant, les récupérations d’individus bagués montrent que les chauves-souris continuent leur migration alors que l’automne est déjà bien avancé, en franchissant jusqu’à 60 kilomètres par nuit, ce qui laisse penser qu’elles séjournent, lorsque la température baisse, en de multiples sites d’hibernation avant de choisir leur gîte final pour le repos hivernal.

Pertinence des recherches de Broders et Burns

Les cadavres de chauves-souris qu’ils trouvent éparpillés à l’entrée des sites d’hivernage et au pied des éoliennes amènent les chercheurs à sonner l’alarme : la santé de ces merveilles ailées semble menacée. L’équipe de Burns et Broders parcourra 32 000 kilomètres de grottes et de mines abandonnées au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Elle donnera un compte rendu de la santé générale des chauves-souris, notamment de leur état corporel et reproducteur. Elle recueillera également de petits échantillons de poils et du tissu des membranes alaires pour les soumettre à des tests génétiques. L’équipe étudiera en outre les mouvements et les activités des chauves-souris susceptibles d’entretenir un lien avec la propagation de la maladie. En capturant des chauves-souris pour les marquer au moyen de transpondeurs passifs intégrés (PIT), et en installant des antennes pour transpondeurs passifs intégrés à l’entrée d’abris d’hiver déterminants, l’équipe de Broders et Burns sera en mesure de suivre certaines chauves-souris et de voir lesquelles visitent l’un ou l’autre site. Ces enregistrements permettront à l’équipe de reconnaître les véritables gîtes d’hivernage des chauves-souris. Ils aideront également à savoir si les chauves-souris vont bel et bien d’un hibernacle à l’autre avant de se fixer à un endroit pour hiverner, et à déterminer de quelle manière leurs activités d’accouplement façonnent leurs populations. Les résultats aideront les agents de conservation à repérer les lieux de reproduction et d’hibernation importants nécessitant une protection.