Terri-lee Reid
Nick Lunn, Ph.D., chercheur à Environnement Canada et conférencier invité au Forum sur les enjeux 2008 de la FCF, a étudié les effets des changements climatiques sur la population d’ours blancs de l’ouest de la baie d’Hudson. Son équipe a découvert que l’augmentation des températures entraîne une réduction de la banquise dont l’ours a besoin pour se déplacer, chasser, s’accoupler et élever ses petits.
La disparition de l’ours blanc
Lors de sa réunion à Yellowknife en avril dernier, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) a fait le point sur la situation de plusieurs espèces du Canada, en particulier celle de l’ours blanc. La FCF a assisté à cette rencontre.
C’est en se fondant sur des données scientifiques et sur les connaissances traditionnelles et collectives des Autochtones que le COSEPAC évalue la situation des espèces du Canada. Le comité a jugé que l’ours blanc entrait dans la catégorie des espèces préoccupantes.
Bien que certaines sous-populations d’ours blancs croissent ou demeurent stables, d’autres déclinent. Les changements climatiques font partie des causes de la régression des populations de ouest de la baie d’Hudson et du sud de la mer de Beaufort. Avec des températures à la hausse, la glace de mer fond davantage, ce qui entraîne une dégradation de la condition physique des ours.
Le fait que l’ours blanc figure sur la liste des espèces préoccupantes en vertu de la Loi sur les espèces en péril implique la préparation d’un plan de gestion comprenant des mesures pour préserver l’animal et son habitat.
Fonte précoce des glaces
Le travail de M. Lunn et de ses collègues a été essentiel à la recherche sur l’ours blanc. Selon les résultats de leur étude, la population d’ours blancs de l’ouest de la baie d’Hudson a diminué de 22 % et ce déclin est directement attribuable aux changements climatiques. Cette recherche révèle que la glace de mer de cette région se brise trois semaines plus tôt qu’en 1975, ce qui a des conséquences nombreuses sur les ours blancs.
Moins de bébés
Saviez-vous que les oursons restaient avec leur mère pendant deux ans et demi ? Voilà pourquoi, la femelle met au monde une nouvelle portée tous les trois ans. Comme cette espèce se reproduit à un rythme lent, il importe que les oursons survivent. M. Lunn a découvert des faits troublants. Les femelles en mauvaise condition physique ont de la difficulté à engendrer. Plusieurs mettent au monde des triplets au printemps, mais ces derniers ne survivent pas. De fait, M. Lunn et ses collègues n’ont pas vu de triplets à l’automne depuis 1996.
Quand la faim se fait sentir
Quand la glace de mer se brise plus tôt, les ours blancs ont moins de temps pour chasser le phoque et constituer leurs réserves de graisse, ce qui signifie qu’ils arrivent sur les côtes en moins bonne forme physique. Ils errent ainsi sur la terre ferme, vivant surtout sur leurs réserves et menant une vie inactive (80 % du temps). Lorsqu’ils se mettent à la recherche de nourriture, la majeure partie d’entre eux se contentent de carcasses. Les femelles avec leurs petits peuvent se nourrir de baies et d’herbes pour survivre. Plus les ours blancs se déplacent sur la terre ferme, plus grandes sont leurs chances de causer des problèmes.