Région de l'Atlantique
Les incidences du changement climatique le long de la cote Est pourraient être moins graves que dans la plupart des autres régions. Le Canada Atlantique subit plutôt un léger refroidissement. Cependant, la région est exposée aux élévations du niveau de la mer.
- Un accroissement de l'érosion des côtés, de la sédimentation et de l'inondation des terres basses du littoral, une superficie réduite des plages de nidification et des bas fonds inter- tidaux essentiels aux oiseaux de rivage, ainsi que la submersion des cordons d'îles indispensables aux rapaces et aux oiseaux coloniaux nicheurs sont tous des effets de l'élévation du niveau de la mer.
- Les marais salés sont les plus en péril. Ces terres humides côtières se sont adaptées à un mélange unique d'eau douce et d'eau salée. Une salinité trop élevée pourrait causer un déséquilibre de ce mélange, endommageant les habitats d'une grande variété d'espèces, en particulier des poissons et de la sauvagine.
- Des pluies plus fortes augmenteraient la quantité d'eau de ruissellement qui pollue les baies et les estuaires, qui sont des haltes indispensables aux oiseaux migrateurs et nourrissent d'innombrables espèces de mollusques, de crustacés et de poissons.
- Les changements de la température de la mer pourraient influer sur les aires de dispersion et de distribution, ainsi que sur les sources de nourriture des populations d'oiseaux de mer et de mammifères marins.
- L'intensité accrue des tempêtes, la fréquence des feux et d'autres tensions écologiques pourraient contribuer au dépérissement des conifères et favoriser le remplacement des forêts boréales par des forêts mixtes et tempérées.
Région des Grands Lacs et du Saint-Laurent
Les modèles du changement climatique laissent prévoir des impacts importants sur les terres et les eaux de cette région :
- Les températures moyennes pourraient connaître une hausse de 2 à 5 °C, tandis que les précipitations pourraient augmenter de 25 % d'ici la fin du siècle.
- Répercussions possibles sur les terres : effets nocifs, sur la santé humaine et faunique, de l'accroissement des périodes de stress dû à la chaleur et de pollution atmosphérique, déplacement des zones de végétation causant un déséquilibre des forets, augmentation de la fréquence et de la gravité des feux de forêts, prolongement de la saison de croissance et expansion de l'agriculture vers le nord. On pourrait aussi observer une diminution considérable des populations d'oiseaux migrateurs néotropicaux, y compris bon nombre d'espèces de parulines.
- Les températures des lacs, des ruisseaux et des rivières augmenteront, entraînant une évaporation beaucoup plus considérable de l'eau. Les niveaux d'eau des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent pourraient baisser d'un mètre d'ici 30 ans, réduisant le volume d'eau qui coule dans ce réseau et qui approvisionne en oxygène les zones biologiquement productrices.
- Ces changements seront avantageux pour certaines espèces aquatiques, mais désastreuses pour d'autres. Les poissons d'eaux froides, comme le saumon et la truite, pourraient éprouver des pertes considérables d'habitats et de populations. Les habitats de certaines espèces en péril comme la tortue ponctuée et la ketmie des marais pourraient se dessécher, tandis que les sites de nidification de la sauvagine deviendraient plus accessibles aux prédateurs dans les marais des Grands Lacs.
Région du Pacifique
Le changement climatique pourrait avoir un impact considérable en Colombie-Britannique et au Yukon :
- Le réchauffement de l'air pourrait entraîner des sécheresses dans les zones méridionales côtières et intérieures, causer des glissements de terrain résultant du recul des glaciers et de la dégradation du pergélisol dans les régions septentrionales et montagneuses, réduire le débit des rivières et des ruisseaux, rendre les forêts plus sèches et plus vulnérables aux insectes ravageurs, aux maladies et aux incendies, en plus de menacer les espèces sauvages terrestres et marines.
- Le réchauffement de l'océan pourrait entraîner des déplacements des aires de dispersion, modifier les frayères et les sources d'alimentation d'espèces marines comme le saumon du Pacifique, privant alors de nourriture des espèces terrestres comme les ours et les pygargues à tête blanche.
- L'élévation du niveau de la mer pourrait menacer les basses terres côtières comme le delta du Fraser et provoquer des inondations et l'érosion des sols.
- Des précipitations plus abondantes pourraient causer des inondations dans tout l'intérieur de cette région.
Région des Prairies
Les effets du changement climatique dans les Prairies pourraient être graves :
- La hausse des températures, la diminution des précipitations, l'intensification de l'évaporation et la diminution de l'humidité des sols pourraient causer des pertes d'habitats terrestres et aquatiques.
- Le réchauffement risquerait de prolonger la saison de croissance et d'étendre les terres agricoles vers le nord. Il pourrait aussi causer des sécheresses plus longues et plus fréquentes, réduire la production agricole et provoquer des conditions désertiques dans une partie du sud des Prairies.
- La fréquence accrue des incendies dans la forêt boréale pourrait repousser vers le nord les zones herbagères et réduire l'habitat du caribou des forêts et d'autres espèces.
- Plus de la moitié des étangs éphémères des Prairies pourraient disparaître. Ces milieux humides saisonniers sont des haltes migratoires et des habitats de nidification indispensables aux canards du Canada, dont le canard colvert, le canard d'Amérique et le canard pilet, et leur disparition pourrait être catastrophique non seulement pour la sauvagine, mais aussi pour les reptiles, les amphibiens et les mammifères.
Régions montagneuses de l'Ouest
Les conditions extrêmes du climat et de I'altitude rendent les Rocheuses particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique :
- À mesure que les températures se réchauffent, les glaciers de basse altitude fondent rapide- ment et pourraient disparaître ou causer des glissements de terrain qui mettent en péril les habitats fauniques; les espèces végétales et animales se déplacent en hauteur, par exemple, les taillis de sauge remplacent les prés glaciaires, et les formes de vie qui habitent dans les plus hauts sommets doivent céder la place aux autres espèces qui se déplacent des régions moins élevées.
- La neige est plus profonde à cause de l’augmentation des précipitations, rendant plus difficile la recherche de nourriture pour certaines bêtes comme le cerf et le wapiti, ce qui les oblige à descendre dans les vallées ou ils sont victimes de collisions avec des voitures ou des trains, ainsi que des attaques des prédateurs.
Région de la forêt boréale
Les scientifiques estiment que cette région septentrionale — constituant le tiers des forêts de la planète — sera une des régions les plus durement touchées par le changement climatique :
- Un temps plus chaud et plus sec pourrait modifier l'écosystème, prolongeant de plusieurs semaines la saison des feux de forêt, déclenchant des « incendies monstres » fréquents et graves, et doublant la superficie détruite chaque année. La hausse des températures pourrait donner lieu à des attaques plus fréquentes et mortelles d'insectes ravageurs comme la tordeuse des bourgeons de l'épinette et le scolyte.
- La composition végétale de la forêt pourrait changer à mesure que les conditions propices à la croissance et à la régénération du pin, de l'épinette, du sapin et d'autres arbres sensibles à la température continuent de changer.
- La limite méridionale de la forêt pourrait se déplacer vers le nord sur des centaines de kilomètres, repoussant la limite de la toundra vers l'archipel arctique et réduisant la toundra d'un à deux tiers de sa superficie actuelle.
- À mesure que les conifères céderont la place aux arbres feuillus dans le sud de la région, les pertes de la limite méridionale de la forêt seront probablement supérieures aux gains dans le nord.
- Plus de la moitié de la forêt boréale pourrait disparaître au cours des cent prochaines années à cause du changement climatique, mettant en péril les mésanges à tête brune, les martes des pins, les tétras du Canada et d'innombrables autres espèces dont la survie dépend de ce vaste écosystème.
Région de l'océan Arctique
Les effets lourds de conséquences du changement climatique seront les plus désastreux dans l'Arctique canadien, une des régions de la Terre où le réchauffement est le plus rapide :
- À mesure que les températures augmenteront, les climatologistes prévoient non seulement le rétrécissement de la toundra arctique, mais aussi une rétraction de la glace marine de l'Arctique. Cette plate-forme gelée fait partie intégrante de la vie d'une grande diversité d'espèces comme le morse, le phoque et l'ours polaire qui se nourrissent, voyagent et se reproduisent sur cette vaste étendue. Les algues qui vivent sous la glace marine constituent la base du réseau trophique marin polaire qui nourrit le plancton, les copépodes, les poissons, les oiseaux de mer et les mammifères. L'épaisseur moyenne de la glace marine a diminué de 40 % au cours des trois dernières décennies, mettant en danger l'avenir de ce réseau de vie.
- Parmi les espèces les plus touchées, mentionnons le guillemot à miroir, un oiseau de mer dont les populations ont chuté depuis 1990, tandis que la fonte de la glace a accru les distances de vol qu'il doit parcourir pour s'alimenter.
- D'autre part, l'ours polaire risque de perdre l'habitat gelé dont il a besoin pour chasser le phoque annelé, sa proie principale. À mesure que le climat se réchauffe, la glace de mer pourrait se détacher plusieurs semaines plus tôt au printemps, réduisant la durée de la période d'alimentation avant la venue de l'été, lorsque ce mammifère jeûne. Des périodes plus chaudes durant les saisons froides pourraient aussi causer la destruction des abris de neige des phoques annelés, réduisant les chances de survie des petits et privant les ours polaires de nourriture. La masse corporelle des femelles sera réduite, ce qui rendra plus difficile l'allaitement des oursons. Les biologistes ont déjà noté un déclin marqué des taux de naissances de certaines populations et craignent que l'état physique des animaux s'aggrave.
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