Les couloirs de migration sont d'étroits rubans de terre ou d'eau qui relient des habitats isolés. Il peut s'agir par exemple de vallées fluviales qui servent de voies migratoires à des oiseaux ou de clôtures de verdure que les écureuils et les souris sylvestres utilisent pour passer d'un boisé à un autre. À la ville et à la campagne, qu'ils soient grands et petits, ces rubans de vie permettent à une grande variété d'animaux de trouver la nourriture, l'eau, les abris et l'espace essentiels à leur survie. Comme l'aménagement du territoire continue de morceler et de pulvériser des régions naturelles, le besoin de couloirs reliant les fragments de milieux naturels devient plus critique.
Les projets suivants vous aideront à réaliser cet objectif dans votre région.
Plantez un couloir de verdure
Les bordures de végétation qu'on retrouve parfois autour des cours d'école, des parcs, des maisons, des centres commerciaux, des entreprises et des fermes servent de voies de déplacement à des animaux. Qu'on les appelle clôtures naturelles, brise-vent ou rideaux-abris, ces couloirs boisés — ou couloirs de verdure — sont tout simplement d'énormes haies. Ils comportent au moins trois rangs d'arbres et d'arbustes, s'étendant comme de longs rubans étroits reliant des boisés, des terres humides et d'autres habitats clés. Ces couloirs de verdure ne servent pas seulement de voies protégées pour le déplacement de petites bêtes comme la belette, le lapin et le campagnol, mais ils fournissent aussi une abondance de nourriture et d'espaces où des espèces des plus variées allant du tamia à la mésange peuvent se reposer, faire leur nid et se cacher. Les couloirs de verdure protègent les cours d'école du vent froid d'hiver, offrent de l'ombre à la faune et aux gens et contribuent à atténuer l'érosion du sol.
- Choisissez un site pour votre couloir de verdure, en tenant compte du but recherché — soit de relier d'autres habitats comme des taillis et des marais. Pourquoi ne pas améliorer un couloir de verdure existant ou tout autre couloir boisé en plantant d'autres arbres et arbustes?
- Dessinez une carte du site de votre projet. Marquez l'emplacement de votre couloir de verdure. II devrait avoir au moins trois mètres de large lorsqu'il aura atteint sa maturité. Indiquez sur votre carte les bâtiments, les routes et les milieux naturels qui seront reliés par ce couloir de verdure.
- Consultez vos services régionaux de la faune, des forêts et de l'agriculture pour obtenir des conseils et vous assurer que votre choix d'arbres et d'arbustes convient à la région.
- Espacez les plants de sorte qu'ils puissent pousser à l'aise : les arbustes doivent être éloignés les uns des autres de 50 à 60 cm, et l'espace entre les arbres doit être deux fois plus grand.
- Oubliez la plantation en rangs d'oignons! Plantez les rangs de votre couloir de verdure en zigzag — les arbres plus élancés dans les rangs intérieurs, les arbustes plus courts à l'extérieur — en laissant suffisamment d'espace pour permettre à la faune de s'y cacher. Plantez les arbres ou les arbustes de chaque rang de manière à créer un motif qui alterne avec ceux des rangs voisins.
- Les arbres de choix pour les rangs intérieurs sont l'épinette blanche, le frêne rouge, le thuya occidental et l'érable négondo. Plantez des essences résineuses et des essences feuillues, afin d'offrir une grande variété de nourriture et d'abris. Pour les rangs extérieurs, les arbustes recommandés sont la ronce, le framboisier, le sureau, l'aubépine et la shépherdie du Canada.
- Arrosez les plants régulièrement jusqu'à ce qu'ils soient bien enracinés.
Transformez des voies ferrées en sentiers
Autrefois, le train était le mode de transport de choix pour la marchandise et les passagers, mais les voitures, les camions et les avions le remplacent de plus en plus. Des centaines, voire des milliers de kilomètres de voies ferrées sont abandonnés au Canada. La bonne nouvelle est que ces couloirs désuets, au cœur des forêts ou de la jungle de béton, offrent de précieux sentiers pour la faune, ainsi que pour les randonneurs pédestres, les ornithologues amateurs et les skieurs de fond. Il y a de fortes chances qu'une voie ferrée abandonnée traverse votre collectivité. Si c'est le cas, pourquoi ne pas la transformer en sentier faunique?
- En premier lieu, assurez-vous que la voie ferrée est réellement abandonnée. L'arrivée soudaine d'un train express de nuit mettrait fin à une activité de plantation.
- Demandez à votre municipalité la permission d'adopter une partie de la voie ferrée afin d'en faire un couloir de verdure pour la faune. Demandez conseil auprès des autorités locales de protection de la nature.
- Enlevez tous les déchets laissés sur les lieux. Posez des affiches portant l'inscription « Décharge interdite » et informant les passants des objectifs du projet.
- Améliorez le site pour les pollinisateurs en plantant des fleurs sauvages qui attirent les papillons, les abeilles et les colibris (voir « Prenez soin d’un couloir de nectar » ci-dessous).
- Pour favoriser la faune le plus possible, plantez des arbustes indigènes à petits fruits comme l'aubépine, la ronce et le sureau le long des rails, en laissant un sentier au milieu. Si le couloir est clôturé, plantez des plantes grimpantes comme le chèvrefeuille, des vignes et le célastre en bordure du sentier. Les fruits et les fleurs de ces plantes seront des sources d'énergie pour la faune résidente et itinérante.
Restaurez un couloir riverain
Les cours d’eau et la végétation luxuriante qui les borde sont des voies naturelles pour les migrateurs voyageant dans les airs, sur terre et dans l’eau. Riches en nourriture, eau, abris et espaces, ces zones riveraines aident une foule d’espèces à traverser des milieux de plus en plus fragmentés par les aménagements urbains et ruraux. Apprenez comment conserver ces « rubans de vie »!
Prenez soin d’un couloir de nectar
Le colibri ou le papillon qui voltige près de chez vous suit peut-être un « couloir de nectar ». Certaines espèces empruntent des couloirs de migration s'étendant sur des milliers de kilomètres, tout en recherchant des plantes qui fleurissent de façon séquentielle — du nord au sud à l'automne, du sud au nord au printemps. Ces pèlerins pollinisateurs ont besoin de s'alimenter de nectar pour effectuer leurs longs vols. En échange, ces espèces transportent à leur insu du pollen de fleur en fleur. Ce procédé, appelé fécondation croisée, assure la reproduction et le mélange génétique des plantes sauvages et des plantes cultivées.
Aujourd'hui, ce service essentiel est menacé par la pollution et les pesticides, ainsi que par la fragmentation des habitats résultant de l'aménagement d'industries, de parcs de stationnement et de centres commerciaux. Bon nombre de couloirs de nectar ne sont plus intacts. Les voyageurs doivent « passer d'un îlot à l'autre » dans des habitats épars qui contiennent peu de nourriture. Cette pénurie d'alimentation est une des principales causes de la réduction considérable des populations de pollinisateurs migrateurs. Leur avenir et le rôle crucial de la pollinisation qui assure le maintien des collectivités naturelles et qui met des aliments dans notre assiette sont en jeu.
C'est le temps de se montrer à la hauteur de la situation et de redonner la santé aux couloirs de nectar. Voici ce que vous pouvez faire :
- Sensibilisez les gens à la valeur inestimable des pollinisateurs. Ayez recours à des affiches, des histoires, des poèmes, des discours et d'autres moyens pour passer le message.
- Découvrez s'il y a une halte importante pour les pollinisateurs dans votre région. Consultez un entomologiste de l'université locale ou votre ministère provincial ou territorial des ressources naturelles.
- Si le site est en danger, élaborez des stratégies d'amélioration de l'habitat, comme les projets pour pollinisateurs décrits ci-après et beaucoup d’autres idées de jardinage favorisant les colibris et les papillons.
- Adoptez la halte de migration et demandez aux autorités locales de déclarer que ce site est une réserve pour les pollinisateurs.
- Travaillez avec d'autres localités le long du même couloir. Échangez des renseignements, discutez des problèmes de conservation et collaborez à des projets pour pollinisateurs.
- Éliminez les pesticides de votre municipalité. Vous trouverez à « Éliminez les pesticides de votre cour d’école et de votre localité » des suggestions sur les moyens de persuader votre conseil municipal d'imposer une interdiction visant l'usage d'insecticides et d'herbicides.
- Veillez sur des pollinisateurs migrateurs, notamment les vulcains, les belles-dames et les monarques, en participant à un recensement de papillons.
Postes de ravitaillement des pollinisateurs
Invitez les pollinisateurs dans la cour ou dans toute autre partie du terrain de l'école où même les papillons les plus braves n'osaient pas s'aventurer. Créez un poste de ravitaillement irrésistible en faisant pousser des fleurs sauvages regorgeant de nectar et de pollen dans toutes sortes de contenants. Projet idéal pour les écoles des quartiers centraux des villes où l'espace et les fonds sont limités, le jardinage en contenants offre un habitat faunique à la fois riche et portatif — un festin mobile.
- Recueillez divers contenants de plantation. Utilisez des contenants commerciaux fabriqués de bois, de métal, de plastique, d'argile et de céramique ou des contenants recyclés fournis par les élèves. Tout récipient dans lequel vous pouvez mettre du terreau et qui est assez grand pour permettre à une plante de pousser à l'aise — boîte de fer blanc, bidon de lait, vieux seau, mangeoire, corbeille à papier, brouette, voiturette rouillée, évier émaillé, demi-baril de whisky, cageot d'oranges revêtu de plastique à l'intérieur, boisseau ou tuyau de drainage placé verticalement — fera l'affaire.
- Percez des trous au fond des contenants. Une couche de cailloux permettra à l'eau de s'écouler. Remplissez les pots de terreau retenant l'humidité.
- Choisissez des fleurs annuelles indigènes d'espèces variées pour attirer une foule de pollinisateurs. Les vivaces doivent être plantées dans le sol ou conservées à l'intérieur pour survivre à l'hiver.
- Placez les contenants dans des endroits ensoleillés de la cour, de préférence à l'abri du vent. Disposez-les sur des planches reposant sur des blocs de béton, des étagères à plusieurs tablettes ou des « terrasses » en métal revêtu de plastique. Placez les gros récipients dans les coins. Suspendez des jardinières à des tonnelles, à des clôtures, à des balustrades, à des arches ou à des murs. Des treillis supporteront des plantes grimpantes plantées dans des pots, au sol.
- Arrosez les plantes régulièrement, surtout celles qui sont dans de petits contenants, jusqu'à ce qu'elles soient bien enracinées.
- Pour favoriser davantage votre couloir de nectar, les élèves pourraient apporter ces projets d'entretien facile chez eux, pendant l'été, et les placer dans la cour ou sur le balcon.
Une parcelle de fleurs dans la cour d’école
La superficie du terrain à votre disposition peut sembler trop minime pour avoir une utilité marquée à grande échelle, mais même une parcelle d'un mètre carré de fleurs peut constituer une petite partie importante d'un couloir de nectar. C'est ici que le « jardinage bio-intensif » — la culture de plantes sauvages très près les unes des autres dans des parcelles miniatures — entre en jeu.
- Choisissez un endroit bien drainé qui reçoit de six à huit heures d'ensoleillement par jour. Les deux côtés de l'entrée menant à votre école, à une maison privée ou à une résidence pour des aînés sont d'excellents endroits.
- Pensez « petit ». Des jardins d'un ou deux mètres carrés répondent bien à vos objectifs.
- Délimitez votre parcelle avec de la ficelle, des briques ou préférablement avec du bois d'œuvre. Une plate-bande surélevée fabriquée de bois d'aménagement paysager quatre sur quatre (non traité) offre plusieurs avantages : le jardin est protégé des piétons, mieux drainé, contient plus de terreau et est plus facile d'accès.
- Bêchez la terre (au moins jusqu'à 30 cm de profondeur). Puis mélangez une partie de compost ou de fumier à deux parties de terre.
- Divisez la parcelle en 16 carrés, avec de la ficelle. Chaque carré contiendra une espèce différente de fleurs sauvages (voir « Postes de ravitaillement des pollinisateurs » ci-après).
- Plantez plusieurs semis ou pincées de graines dans chaque carré, en rangs serrés légèrement échelonnés.
- Arrosez le jardin régulièrement, surtout par temps sec.
Plantes à pollinisateurs
- Les colibris et des papillons de la famille des papilionidés aiment les fleurs rouges de forme tubulaire, en cloche ou en trompette. Leurs préférées sont l'épilobe à feuilles étroites, l'ancolie, la sauge, l'hémérocalle, le chèvrefeuille de Virginie, la lobélie du cardinal, le pied-d'alouette, la liatride, le phlox et le géranium sauvage.
- Les meilleurs choix de nectar pour les papillons adultes sont l'apocyn, l'aster, l'asclépiade, la verge d'or, l'érigéron, le chardon, la pivoine, le lupin, le vesce et le phlox.
- De bonnes sources d'alimentation pour les chenilles de papillons comprennent le sédum, la violette, le trèfle, la marguerite jaune et la carotte sauvage.
- Les chenilles de monarques ne se nourrissent que d'asclépiades. Bien que l'asclépiade commune soit considérée comme une plante nuisible, il y a plusieurs autres plantes de cette famille — dont l'asclépiade tubéreuse, l'asclépiade rouge et l'asclépiade incarnate — qui offrent un bon abri aux larves des monarques. Demandez à un agent chargé de l'application des règlements locaux si ces plantes sont permises dans votre région.
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