Restaurez un ruban de vie
La lisière d'arbres, d'arbustes et de plantes herbacées qui recherchent l'humidité en bordure d'un lac, d'une rivière, d'une terre humide ou d'un autre plan d'eau s'appelle une zone tampon. Ce ruban de vie contribue à l'embellissement du rivage, projette de l'ombre et prévient le réchauffement de l'eau qui pourrait tuer les bêtes aquatiques. Il protège la qualité de l'eau en filtrant les polluants terrestres comme les engrais et les pesticides, contenus dans les eaux de ruissellement, et il prévient l'érosion du soi qui trouble l'eau des ruisseaux et détruit les frayères. Puis, ce ruban de vie procure de la nourriture, des abris et des lieux de nidification à une riche variété de formes de vie sur terre et dans l'eau.
Plus cette bande est large (et plus sa végétation est abondante, diversifiée et profondément enracinée), plus grande est sa capacité d'agir à titre de zone tampon et de milieu vital. Il est fort probable que des exploitations forestières et agricoles, la construction ou d'autres activités aient endommagé une de ces zones dans votre localité. Voici comment vous pouvez aider à revitaliser un ruban de vie :
- Établissez votre stratégie en fonction de la quantité de végétation absente et de la gravité de l'érosion du rivage. Des berges dénudées et effondrées exigent une intervention immédiate.
- Examinez le lieu et les environs pour voir quelles plantes y poussent déjà. Bon nombre d'entre elles pourront servir de source de semences et de boutures pour la zone perturbée.
- Choisissez des variétés de plantes indigènes adaptées aux conditions locales. Celles-ci plairont à la faune et résisteront mieux aux maladies et à la sécheresse que les espèces non indigènes. Tenez compte de leurs besoins en matière de soleil, d'ombre, de sol et d'humidité.
- Plantez au printemps, après le dernier gel. Pour les jeunes pousses, faites un trou assez profond pour y déployer les racines et veillez à ce que les tiges soient bien droites. Remettez la terre jusqu'au collet (renflement au-dessus des racines), en évitant les poches d’aires. Puis, tassez bien la terre autour de l’arbre avec votre talon.
- Une solution de rechange à la plantation de jeunes pousses, surtout sur des rivages plus vastes, est l'utilisation de boutures d'arbres et d'arbustes des alentours. Vers la fin du repos hivernal, avant le bourgeonnement, coupez des boutures de plantes sauvages prisées comme le peuplier baumier, le sureau, l'amélanchier, le cornouiller stolonifère et le saule de l'intérieur. Utilisez un couteau bien tranchant pour couper des tiges de 20 à 25 cm, taillant une extrémité en biseau. Chaque bouture devrait avoir au moins trois bourgeons en santé. Après le dégel, avant que les bourgeons n'ouvrent, percez un trou dans le sol et insérez-y l'extrémité en biseau de chaque bouture, laissant dépasser seulement 3 cm à la surface du sol et tassant la terre autour de la pousse. Des boutures plus grandes, ou « perches », de 2 m de long et de 5 à 10 cm de diamètre, sont également utiles pour stabiliser les berges érodées. Enfoncez chaque perche à une profondeur d'un mètre, sur le rivage, ou utilisez un maillet en caoutchouc si le sol est trop dur. Un feuillage dense devrait apparaître sur les pousses et les perches au milieu de l'été.
- La bande tampon idéale s'étend au moins jusqu'à 30 m du bord de l'eau. Un modèle à suivre se compose de cinq à dix rangs en zigzag d'arbres à croissance rapide, résistant aux inondations, comme l'érable argenté, l'érable du Manitoba, le peuplier deltoïde, le saule ou le frêne, le long de l'eau, avec une distance de 0,75 à 1 m entre les arbres, et de 2 m entre les rangs. Plantez le rang intérieur juste sous la marque de la laisse de crue (environ à 25 cm du bord de l'eau). Des arbres à fruits et à noix, des arbustes et des vignes sont également recommandés pour les rangs intérieurs ou extérieurs d'une bande tampon. Le long du rang extérieur, plantez une large bande de graminées et de légumineuses indigènes. Ce mariage de collectivités végétales créera un « effet de lisière », rassemblant un mélange d'animaux sauvages attirés par diverses espèces de plantes. Si c'est possible, arrosez les lieux durant les périodes de sècheresse et déracinez les plantes indésirables au cours des premières années.
Ode au bois mort
Un moyen d'améliorer la zone tampon d'un rivage est de résister à l'envie d'enlever les feuilles, les brindilles, les décombres et les amas de broussailles. Des débris de bois et des chicots (souches d'arbres morts) sont d'autres exemples d'habitats importants qui sont souvent détruits dans un élan de nettoyage. Plus nous en apprenons au sujet des écosystèmes, plus nous comprendrons le rôle clé que joue le bois mort pour assurer la viabilité des espèces vivantes.
Le bois en état de décomposition est un héritage biologique. Il recycle les nutriments essentiels dans le sol et sert de base à un réseau alimentaire riche et complexe : les bactéries, les champignons et les insectes rongeurs de bois comme les termites et les fourmis charpentières consomment le bois en décomposition; à leur tour, ces insectes servent d'aliments aux écureuils, aux musaraignes, aux salamandres et aux mille-pattes, qui nourrissent des prédateurs comme les belettes et les hiboux. Le bois mort sert également de refuge à une multitude d'espèces riveraines : l'écorce et les fentes offrent des cachettes sûres pour le scinque, le campagnol et le tamia; le junco ardoisé niche autour des racines exposées; la souris sylvestre cache des aliments dans les trous; la gelinotte huppée se perche sur une souche pour tambouriner et les rondins creux servent de gîtes à l'ours et au raton laveur, d’aires de reproduction à la martre et au porc-épic, d'abris au cerf et au troglodyte des forêts.
Les chicots sont les monarques du royaume du bois mort, où des oiseaux de rivage comme l'aigle, le balbuzard, le grand-duc, le corbeau et le héron nichent sur leurs cimes; le pic perce des trous dans leurs flancs; la mésange, le polatouche et le canard huppé nichent dans leurs cavités, tandis que la chauve-souris et la grenouille des bois se dissimulent sous leur écorce.
On devrait conserver environ de dix à douze chicots par hectare dans une zone tampon, en plus des débris de bois d'essences et de dimensions variées, à diverses étapes de décomposition, dispersés dans l'ensemble d'une zone donnée. (Les arbres atteints de la graphiose de l'orme peuvent facilement infecter des ormes en santé; ils devraient donc être abattus.) Donnez plus de valeur aux chicots en plantant à leur base des célastres grimpants, des vignes à raisins et des vignes vierges communes.
Place aux nichoirs!
Pour leur survie, des douzaines d'oiseaux qui nichent dans les cavités des arbres, ainsi que certains mammifères, comptent sur les trous percés par les pics. Nous pouvons fournir des demeures aux chouettes, hiboux et autres bêtes qui en ont besoin, en installant des nichoirs le long des rivages boisés.
Aménagez des micro-habitats dans la zone tampon
Un moyen facile de protéger toute une foule d'espèces sauvages riveraines est de transformer des pierres et des débris de bois en micro-habitats.
Les amas de roches - monticules de roches et de pierres - comportent des lézardes et des fentes internes et des parois externes abruptes. Ces amas attirent les bêtes qui habitent dans les terrains rocheux et les oiseaux picoreurs qui se nourrissent dans les endroits accidentés.
Les amas de bois sont construits sur une charpente de rondins entrecroisés pour former plusieurs étages et couches de cachettes. Ces structures sont recouvertes de racines, de branches et de brindilles, commençant par le matériau le plus grossier et finissant par des branches de conifères empilées à une hauteur de 1,5 à 2 m. L'amas de bois s'affaissera progressivement tandis que les bûches inférieures pourriront, et un couvert végétal enveloppera la structure, maximisant son attrait pour la faune.
- Pour que ces micro-habitats attirent les bêtes riveraines, laissez des espaces de grandeurs différentes entre les matériaux qui serviront d'abris ou de nids. Utilisez les plus gros matériaux de construction, comme les rondins ou les grosses pierres, pour fabriquer la base, et des matériaux plus petits, comme des branches ou des brindilles, pour les couches extérieures.
- Plantez des vignes comme le célastre grimpant, le chèvrefeuille, le raisin sauvage, la vigne vierge commune et la clématite odorante autour du micro-habitat, de sorte qu'elles puissent fournir un meilleur abri et de la nourriture.
- Permettez aux espèces sauvages d'aller d'un micro-habitat à un autre en toute sécurité, en construisant ces structures dans des lieux protégés comme les lisières entre les champs et les boisés.
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