Osez diversifier!
Allez faire une promenade dans votre cour d'école ou dans le terrain que vous aurez choisi d'améliorer pour les espèces sauvages. Maintenant que vous connaissez l'importance de la diversité pour les espèces sauvages, vous pouvez penser à différentes façons d'améliorer des habitats susceptibles d'attirer plusieurs espèces sauvages. La liste qui suit vous aidera à ne rien oublier d'important:
- Souvenez-vous d'arranger la végétation de façon que l'endroit ait l'air naturel (même un peu désordonné!) plutôt que trop rangé.
- Variez la grosseur et la hauteur des plantes en fonction de la diversité verticale. Plantez une grande variété d'arbres, d'arbustes, de légumineuses, de fleurs indigènes et d'herbages.
- Prenez les saisons en considération! Pensez à des plantes qui offriront un abri et de la nourriture aux espèces sauvages tout au long de l'année.
- Pensez à diversifier l'ensemble en utilisant des mangeoires, des nichoirs et des vasques adaptées aux oiseaux, de même que des buches, des broussailles et des tas de roches.
- Créez plusieurs habitats différents tels que des plates-bandes ou des parterres a fleurs sauvages, des massifs d'arbustes, des points d'eau, des arbres, des espaces ouverts, ainsi que des enchevêtrements de muriers sauvages et de vignes.
Invitez les insectes
Lorsque nous planifions un refuge pour les espèces sauvages, nous négligeons souvent les insectes moins apprécies tels que les abeilles, les araignées et les guêpes. Nous avons l'habitude d'asphyxier ces bestioles en vaporisant des insecticides ou en les martelant avec des journaux roules.
Bien sûr, nous connaissons maintenant les effets des pesticides et des autres poisons sur la planète. Toutefois, voulons-nous vraiment devenir les amis d'une bande de bestioles et les inviter dans notre refuge d'espèces sauvages ou dans notre jardin? Évidemment!
N'oubliez pas que les insectes que nous n'aimons pas parce qu'ils nous incommodent ou parce qu'ils détruisent les plantes, les cultures et les forêts sont en fait des gouters délicieux pour plusieurs autres insectes, batraciens, reptiles, oiseaux, mammifères et même pour des plantes carnivores. Nous pouvons attirer, dans nos jardins, plusieurs insectes qui s'attaqueront a des espèces nuisibles que nous sommes tous portes à détester. Considérons-les comme de minuscules troupes de soldats!
Saviez-vous qu'au Canada il y a maintenant plusieurs compagnies qui élèvent et vendent, en vrac, aux jardiniers et aux cultivateurs des insectes prédateurs, comme la coccinelle, qui s'attaque aux pucerons? (« J'aimerais avoir deux kilos de coccinelles, s'il vous plait... »).
Votre jardin attirera trois genres d'insectes :
- les insectes, tels les pucerons et les chenilles, qui sont herbivores;
- les insectes, tels les papillons, les abeilles et les guêpes, qui transportent le nectar;
- les insectes, telles les mantes religieuses, les guêpes et les mouches prédatrices, qui s'attaquent a d'autres insectes.
Pour attirer la bonne espèce d'insectes, vous devriez offrir un menu de plantes qui les tentera. L'asclépiade, par exemple, est la seule plante qui peut nourrir la larve du papillon monarque et les punaises de l'asclépiade. Plusieurs espèces d'abeilles solitaires ne recueillent que le pollen des fleurs de tournesol.
Il est important d'avoir toute une variété de plantes et de fleurs sauvages dans votre jardin à insectes. Les verges d'or, les asclépiades, les tournesols et les légumineuses vous donneront un bon point de départ. Assurez-vous de planter au moins quatre ou cinq plants de chaque espèce.
Plusieurs espèces apprécieront l'aneth, le persil, le fenouil, la carotte sauvage, les marguerites et les mille-feuilles. Des herbes à fleur comme la sauge, le thym serpolet, l'herbe a chats et la lavande attireront les insectes prédateurs, tout comme les mauvaises herbes telles que la moutarde sauvage, le pissenlit, le chénopode blanc et l'ortie.
Une fois qu'on se sera passe le mot dans le monde des insectes, toutes sortes de bestioles commenceront à y venir.
C'est vrai, certaines d'entre elles dévoreront les plantes de votre jardin à belles dents. (C'est pourquoi il faut prévoir plus d'un plant de chaque espèce.) Mais ne paniquez pas! Les insectes herbivores attireront les prédateurs telles la mante religieuse et la coccinelle. Laissez-les faire leur travail. Vous pouvez être certain que les prédateurs pourront maîtriser les herbivores.
Dorlotez un pollinisateur
La destruction des habitats et la pollution font lentement disparate les abeilles et les papillons au Canada. La perte de ces pollinisateurs actifs met aussi certaines cultures et certaines fleurs en danger. Plusieurs espèces de plantes comptent sur les abeilles et les papillons pour transporter le pollen de fleur en fleur. La pollinisation des fleurs de ces plantes leur permet de produire des fruits, des baies, des graines et des noix.
Vous pouvez organiser un banquet de pollinisateurs pour les insectes en plantant leurs fleurs sauvages préférées : l'asclépiade, la verge d'or, le phlox, la carotte sauvage, le chardon, la rudbeckie hérissée et l'aster. Dans un guide de fleurs sauvages, cherchez une variété d'espèces qui fleuriront dès le printemps jusqu'aux premières gelées. Assurez-vous que les plantes conviennent à votre région et vérifiez auprès des responsables régionaux qu'aucune d'entre elles n'est une espèce nuisible.
Saviez-vous que le bourdon est le principal pollinisateur de la pédiculaire de Furbish, une espèce « en danger de disparition »? Cette espèce a fleurs jaunes ne pousse que dans une seule région de la planète: le long des rives du haut de la rivière St-John, au Nouveau-Brunswick, et dans l'état du Maine. Les changements tels que l'inondation d'un barrage, la coupe forestière ou l'absence de bourdons, pourraient faire disparaitre cette espèce. En 1980, elle fut la première plante à être désignée comme étant « en danger de disparition » au Canada par le CSEMDC. Nous pouvons participer à la conservation de la pédiculaire de Furbish en protégeant son habitat particulier et le bourdon, pollinisateur de cette plante unique.
Aidez les oiseaux de rivage à « faire le plein »
Des millions d'oiseaux de rivage migrent entre les aires de nidification de l'Arctique canadien et les lointains refuges d'hiver de l'Amérique du Sud. Leur survie dépend de plusieurs arrêts essentiels et de points de « ravitaillement » qui se trouvent en cours de route, principalement dans les terres humides et les prairies des côtes et de l'intérieur des terres. Chaque endroit constitue un maillon important de la chaine. Tous ces points d'arrêt doivent être protèges puisque la destruction d'un seul d'entre eux pourrait être désastreuse pour ces oiseaux.
Chaque espèce migratrice emprunte un chemin différent entre son habitat de nidification et son habitat d'hiver. Certaines espèces migratrices volent seules, tandis que d'autres (comme la plupart des gros oiseaux aquatiques) volent en groupes. Saviez-vous que plus d'oiseaux de rivage allant vers le Sud s'arrêtent a Mary's Point, dans la baie de Fundy, au Nouveau-Brunswick, que nulle part ailleurs en Amérique du Nord? Après avoir « fait le plein », les oiseaux sont prêts à affronter la prochaine étape de leur voyage exténuant: un vol sans escale au-dessus de l'océan, vers l'Amérique du Sud.
Si les oiseaux de rivage vous intéressent, voici quelques suggestions:
- Vérifiez si une voie migratoire passe au-dessus de votre communauté. Quelles espèces empruntent cette route?
- Tracez sur une carte la route qui joint les habitats d'été et d'hiver.
- Vérifiez à quel moment de l'année migre telle ou telle espèce. Combien de kilomètres doivent parcourir les oiseaux? Volent-ils seuls ou en groupes?
- Cherchez à savoir si une espèce migratrice fait escale dans votre région. Si oui, y a-t-il un genre de nourriture que vous pourriez planter ou qui les aiderait dans leur long périple?
- Saviez-vous que la plupart des oiseaux migrent la nuit? A l'aide d'un télescope grossissant de 20 à 40 fois ou de jumelles, essayez de voir les silhouettes d'oiseaux qui se dessinent devant la pleine lune.
Devenez protecteur des plages
En plus d'abriter les oiseaux migrateurs, les plages servent d'habitats à plusieurs espèces de plantes et d'animaux. Lorsque vous visitez ces endroits, apprenez à les respecter.
- Si vous soulevez une roche, faites-le doucement. Ensuite, replacez-la comme elle était, car vous venez de soulever le toit d'une maison habitée.
- Ne laissez pas d'amas de sable ou de boue sur la plage. Les animaux pourraient s'y creuser un chemin, être emportés par la marée et mourir. Les amas pourraient aussi tuer les petites palourdes et d'autres espèces en barrant leur chemin souterrain.
- Si vous examinez une espèce qui vit sur une algue ou en-dessous de celle-ci, recouvrez-la avec des herbages mouilles pour éviter que le soleil ne l'assèche.
- Sur les plages pierreuses, évitez d'écraser les crustacés ou d'autres espèces qui vivent dans ce milieu. Essayez de marcher sur les roches nues ou les surfaces de sable et de boue.
- Ne déplacez jamais les animaux d'une zone intertidale ou d'une plage a une autre, ou d'un littoral a un autre. Ne les rapportez pas à la maison non plus.
- Laissez les coquillages là où vous les trouvez. Un coquillage vide pourrait devenir l’abri d’un bernard-l’ermite! Si les coquillages sont habités, ne les touchez pas et n’essayez jamais de les ouvrir.
Prenez soin des tortues
On retrouve la plus grosse tortue vivante au monde, la tortue luth, sur les côtes de l'Atlantique et du Pacifique. Avec sa carapace qui peut atteindre 2,5 m, elle peut peser jusqu'a 900 kg. On pourrait penser que rien ne peut affecter ce géant. Toutefois, les débris en plastique sont source de sérieuses difficultés pour la tortue luth. Elles prennent les sacs ou les contenants de plastique pour des méduses, leur nourriture préférée. Lorsqu'elles les avalent, le plastique obstrue leurs intestins et elles meurent. La tortue luth est déjà « en danger de disparition » à l'échelle mondiale parce que les humains chassent les adultes et leurs œufs pour se nourrir.
Les tonnes de déchets déverses négligemment dans nos cours d'eau tuent aussi plusieurs autres espèces marines. Les anneaux de plastique des cannettes de bière et de soda étranglent souvent les poissons et les oiseaux. Les vieilles lignes a pèche, les filets, les ficelles de cerfs-volants et les cordes peuvent aussi être mortels. Quand les animaux sont enchevêtrés dans ces débris, ils se retrouvent avec des coupures et des infections. Les oiseaux marins, les tortues, les dauphins et les phoques s'épuisent à trainer des filets. Ces bêtes peuvent être étranglées et étouffées ou mourir d'une infection.
Pendant des siècles, les marins ont jeté leurs déchets dans l'eau sans s'inquiéter! Mais c'était bien avant que le plastique indestructible ne fasse son apparition. Autrefois, les déchets étaient composes de matières naturelles qui se décomposaient sans faire de mal aux espèces sauvages. Aujourd'hui, les déchets sont un problème écologique énorme, mais nous pouvons le résoudre facilement. Dans les Maritimes, un groupe de pécheurs commerciaux a organisé un projet pour freiner la pollution de l'océan. Les pécheurs rapportent main- tenant leurs déchets a terre au lieu de les jeter par-dessus bord. Les bateaux de pêche qui naviguent le long de la cote acadienne du Nouveau-Brunswick rapportent environ 9 500 kg de déchets par semaine!
Voici comment vous pourriez prendre soin des tortues et d'autres espèces marines :
- Ne jetez pas de déchets dans la nature et encouragez les autres à suivre votre exemple.
- Organisez le nettoyage d'une partie du littoral.
- Adoptez une plage; une fois par semaine ou par mois, ramassez tous les déchets que vous y trouverez.
- Informez votre école, votre famille et la communauté du danger que représentent le plastique et les autres débris pour les espèces sauvages.
- Trouvez, dans votre région, un groupe qui lutte contre les déversements de déchets dans les cours d'eau et joignez-vous à ce groupe. Si ce genre de groupe n'existe pas, pourquoi ne pas en former un?
Les plans à long terme — une solution logique!
Plusieurs des meilleurs projets de protection des habitats fauniques peuvent prendre des années à mener à bien. Lorsque vous aménagez une cour d'école avec des plantes ou que vous nettoyez un cours d'eau, une période assez longue pourrait s'écouler avant que vous ne puissiez en constater les effets. Vous pourriez même obtenir votre diplôme ou déménager avant que les espèces sauvages commencent à nicher dans la cour d'école ou à nager dans le cours d'eau. On ne presse pas la nature!
Pour le bien des espèces sauvages, soyez patient. Vous pouvez vous demander si ce que vous avez fait fera une différence. Souvenez-vous seule- ment que l'habitat que vous aidez à protéger est un système complexe et surprenant qui change constamment et qui évolue lentement, sans se hâter.
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