« Il n'existe pas d'êtres solitaires. Chaque créature est d'une manière quelconque liée aux autres et dépendante de celles-ci »
— Lewis Thomas
Vous dépendez de la nature et vice-versa
Respirez profondément. L'oxygène dans vos poumons vient des plantes et des arbres de toute la Terre. En même temps, vous partagez cet oxygène avec beaucoup d'autres créatures de la planète. À présent, versez-vous un bon verre d'eau froide du robinet et pensez d'où elle vient : rivières, lacs, ruisseaux souterrains, marais, plantes et nuages. À présent, jetez un coup d'œil dans votre sac à lunch. Tout ce que vous apercevez — fruit, fromage, pain, biscuits, saucisson, couscous, enfin tout ce que vous pouvez imaginer — provient d'autres organismes vivants. Vous ne faites pas qu'absorber des nutriments; vous rejetez également des déchets. Votre vie est inséparable de l'écosystème dans lequel vous vivez. Chaque espèce interagit avec l'air, l'eau, le soleil et des organismes vivants qui la maintiennent dans un énorme réseau d'interdépendance.
Les villes et les autoroutes que nous construisons font partie de l'écosphère au même titre que les fleurs sauvages et les papillons. Quoique nous soyons capables de créer des choses étonnantes, nous ne sommes qu'une des millions d'espèces qui se partagent la Terre.
Un monde d'interdépendance
Les réseaux alimentaires illustrent bien les liens d'interdépendance — par exemple, le réseau alimentaire d'une forêt boréale. Dans cette vaste forêt de conifères, qui couvre plus de 30 % du Canada, les espèces sauvages existent dans le contexte d'un équilibre complexe d'interdépendance.
Un équilibre perturbé se rétablit rapidement. Par exemple, si une colonie de campagnols des champs produit trop de petits, sa nourriture disparaît et beaucoup de campagnols des champs meurent de faim. Mais tandis que la colonie diminue, les herbages naturels poussent de nouveau. À la longue, l'équilibre se rétablit entre les campagnols des champs et les plantes dont ils se nourrissent.
Heureusement, les colonies de campagnols des champs sont contrôlées de large part par des prédateurs comme la chouette cendrée — le plus grand hibou au Canada et le plus rare. Ce rapace vulnérable habite dans les marais les plus reculés et les plus sombres de la forêt boréale. Au fur et à mesure que le nombre de campagnols des champs augmente dans ces marais, les chouettes cendrées peuvent se reproduire davantage. Toutefois, s'il y a trop de chouettes et pas assez de campagnols des champs, certaines chouettes cendrées meurent ou partent à la recherche d'un meilleur terrain de chasse. Alors, le nombre de campagnols des champs augmente de nouveau. Les chouettes cendrées se nourrissent aussi de musaraignes. Les musaraignes mangent les larves des tenthrèdes du mélèze, qui défigurent le mélèze. Entre temps, les chouettes occupent les nids abandonnés par des corbeaux, des corneilles et des vautours, dont beaucoup, soit dit en passant, sont bâtis dans des mélèzes défigurés.
Améliorez les conditions pour les espèces clés
Certaines espèces, comme le chien de prairie, la morue arctique, les oiseaux chanteurs, les serpents, les couleuvres et les polatouches (écureuils volants) occupent une place plus vitale au sein de leur écosystème que d'autres espèces. Tout comme la perte de la clé de voûte d'une arche peut causer l'écroulement d'un pont en entier, la perte d'espèces clés peut causer l'effondrement de tout un écosystème.
- Le chien de prairie n'est pas seulement une source de nourriture pour un grand nombre de prédateurs, mais il fournit également, en creusant des tunnels, des abris pour certaines espèces menacées comme la chouette des terriers.
- Dans son double rôle de prédateur et de proie, la morue arctique transfère l'énergie alimentaire du maillon inférieur de la chaîne alimentaire — les crustacés appelés amphipodes, qui se nourrissent d'algues — aux mammifères marins qui constituent les maillons supérieurs.
- Sans les oiseaux chanteurs qui dévorent une multitude d'insectes nuisibles, les forêts canadiennes ne pourraient pas exister.
- Le polatouche est un écureuil volant qui répand les champignons des mycorhizes dans les forêts par ses matières fécales. Ces champignons sont essentiels à la croissance et à la reproduction des arbres.
- Les serpents et les couleuvres jouent un rôle important dans un grand nombre de réseaux alimentaires en mangeant, entre autres, des larves, des limaces et des souris, tout en servant de nourriture aux prédateurs.
Vous pouvez faciliter la vie de certaines espèces clés comme le chien de prairie et la morue arctique, en sensibilisant le public à leur importance pour votre région. Les projets qui suivent sont conçus pour venir en aide aux oiseaux chanteurs, aux polatouches, aux serpents et aux couleuvres.
Donnez à la chouette cendrée un lieu de squattage : La chouette cendrée est un « squatter ». Elle élève ses petits dans un nid taillé dans un arbre creux, abandonné par d'autres oiseaux. Toutefois, les nids sont rares dans les habitats convenables. Si vous désirez donner un coup de pouce à ce « fantôme des forêts », fournissez-lui, ainsi qu'à ses cousins — hibou à aigrettes longues, chouette rayée et Grand duc — des structures de nidification.
Adoptez un boisé pour les oiseaux chanteurs : Le tangara écarlate et la mésange à tête noire que vous apercevez en grand nombre dans les boisés sont très importants pour l'écosystème forestier. Sans ces oiseaux qui se nourrissent d'insectes phyllophages (mangeurs de feuilles), les arbres peuvent périr. En retour pour leur labeur, les oiseaux reçoivent une source de nourriture et des endroits pour construire leurs nids. Malheureusement, le nombre d'oiseaux chanteurs diminue considérablement — en grande part i e à cause de la destruction progressive des habitats au Canada et dans leurs aires d'hivernage, plus au sud. Rendez service aux oiseaux et aux arbres, ainsi qu'au réseau de vie qu'ils supportent : adoptez un boisé. Toutefois, assurez-vous d'abord d'obtenir la permission de votre municipalité ou du propriétaire foncier.
Sauvez les chicots : Les chicots offrent des lieux de nidification et des perchoirs à une diversité d'espèces, de l'écureuil volant à l'aigle pêcheur. Idéalement, ces arbres morts sont situés près de l'eau, à la lisière des forêts ou près de tas de broussailles. Fixez une affiche sur les chicots pour demander aux gens de les conserver au profit de la faune.
Gravez ici, pas sur un arbre : Ne faites jamais de tort à un arbre en y taillant une marque quelconque ou en enlevant son écorce. Protégez les arbres en installant un « poteau à graver » dans votre boisé, à l'intention des passants qui désirent vraiment y laisser leur marque.
Améliorez la lisière d'une forêt : Les lisières des forêts offrent aux animaux l'accès à d'autres habitats. Par exemple, la zone limitrophe entre un boisé et une prairie offre au cerf de Virginie des arbres pour se dissimuler. Améliorez les lisières des forêts en augmentant leur densité grâce à la succession — la croissance naturelle d'un écosystème — ou contribuez à la diversité de la nourriture en plantant des arbres à fruits et à noix, des arbrisseaux et des vignes. Le caryer, l'amélanchier, le raisin sont parmi les espèces les plus avantageuses que vous pouvez planter pour la faune dans les lisières ensoleillées des boisés.
Protégez les polatouches : Ces planeurs agiles raffolent des champignons des mycorhizes, et comme leurs déjections contiennent des spores de champignons, les écureuils volants jouent un rôle important dans la propagation des mycorhizes à la grandeur de la forêt. C'est une bonne nouvelle pour les champignons ainsi que pour les arbres. De nombreux arbres ont un lien d'interdépendance avec les mycorhizes, qui poussent sur leurs racines, stimulant leur croissance et leur reproduction.
Installez des nichoirs à aire ouverte : Le Grand polatouche et son cousin menacé du sud, le Petit polatouche, s'installent aisément dans des structures artificielles construites pour d'autres espèces (comme la mésange et la sittelle), surtout là où les chicots sont peu nombreux. Placez les nichoirs de 3,5 à 4 m du sol, dans un boisé dense, pour éviter la concurrence avec le moineau domestique. L'orifice devrait avoir un diamètre de 3 cm.
Quoique certains oiseaux comme le merle d'Amérique, le moucherolle phébi et l'hirondelle des granges ne nichent pas dans des nichoirs fermés munis d'un orifice, ils acceptent volontiers des abris-nichoirs installés dans des arbres ou sous des avant-toits.
- Utilisez du bois tendre non traité de 2 cm (3/4 po) d'épaisseur, ou tout autre bois résistant aux intempéries. Cette structure peut être facilement fabriquée de restes de bois. N'utilisez jamais de bois traité sous pression, car il pourrait être toxique pour les oisillons.
- Suivez le diagramme présenté ci-dessous. Coupez le toit, le plancher, les côtés, l'arrière et le devant du nichoir.
- Assemblez les pièces selon le diagramme, utilisant des vis revêtues à tête plate, de 4 cm (1,5 po). La structure sera plus durable si vous fixez les panneaux en place au moyen de colle de contact.
- Vous pouvez laisser l'abri-nichoir tel quel ou appliquer un enduit hydrofuge. Si vous peinturez l'abri-nichoir, utilisez du brun, de l'ocre ou du gris, étant donné que ces couleurs attirent davantage les oiseaux.
- Fixez l'abri-nichoir sous l'avant-toit de votre école, au moins à 4 ou 5 m de distance d'une entrée.
- Enlevez le nid dès que les petits peuvent voler. Le merle d'Amérique, par exemple, construit un nouveau nid chaque année, et souvent deux fois durant le même été. Le fait d'enlever le premier nid évite qu'il en construise un second par-dessus.
- Le merle d'Amérique et l'hirondelle des granges ont besoin de beaucoup de boue et d'autres matériaux pour construire leur nid. Aménagez un bourbier dans votre cour d'école ou près d'un boisé en mouillant de la terre argileuse et en la remuant jusqu'à ce qu'elle devienne boueuse. Entretenez le bourbier en l'arrosant d'eau régulièrement.
- Fournissez les matériaux nécessaires à la construction des nids en suspendant à un arbre un sac-filet à oignons rempli d'herbages séchés, de coton, de laine, de plumes, de brindilles, et ainsi de suite.
- Vérifiez à intervalle régulier si l'abri-nichoir est fixé solidement et en bon état.
Ménagez un abri d’hiver pour les reptiles rampants : Les serpents et les couleuvres jouent un rôle important dans un grand nombre de réseaux alimentaires. Ils mangent des larves, des limaces, des souris et des oiseaux, tout en servant de nourriture aux chouettes, aux hiboux, aux buses, aux éperviers et autres animaux prédateurs. Au fur et à mesure que le territoire se couvre d'immeubles et de terrains de stationnement, les serpents et les couleuvres perdent leurs habitats, y compris les repères souterrains dans lesquels ils hibernent. Un projet formidable à entreprendre en partenariat avec votre collectivité est de fournir un lieu d'hibernation pour ces animaux fascinants et utiles.
- Creusez un trou d'environ 2 m de profondeur et de 1, 5 m carré dans une clairière humide et ensoleillée près d'un boisé.
- Remplissez lâchement le trou de souches, de branches, de broussailles et de planches de bois, mêlés à de la Terre et à des feuilles.
- Couvrez le trou de broussailles, de terre et de feuilles amassées en un monticule d'un mètre de hauteur, pour isoler l'abri et protéger ses occupants des prédateurs.
- Certaines espèces de serpents et de couleuvres hibernent dans des monticules de pierres et des cavités taillées dans le roc. Vous pouvez leur être utile en remplissant le trou décrit plus haut exclusivement de grosses pierres.
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