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Du pétrole dans la mer



Pam Logan


Nous suivons tous les nouvelles du déversement de pétrole dans le golfe de Mexique qui continue de faire la manchette quotidiennement. Ce sont maintenant des millions de litres de pétrole qui se sont épanchés dans la côte du golfe du Mexique, et les tentatives de ralentir ou de stopper l’écoulement du pétrole dans ces eaux précieuses se sont achoppées à des complications et des échecs.

Les équipes de nettoyage travaillent avec application à restreindre l’expansion du pétrole déversé. Des groupes du domaine de la conservation, des bénévoles et des organismes gouvernementaux joignent leurs efforts pour secourir des animaux. La National Wildlife Federation (en anglais) constitue des équipes de surveillance de la côte du golfe du Mexique pour repérer les animaux en détresse.

Les estimations initiales faisaient état d’un déversement quotidien de 5 000 barils, soit près de 800 000 litres, de pétrole brut dans la mer; des rapports plus récents indiquent cependant que le volume pourrait en fait être beaucoup plus important. Et avec l’étendue croissante des zones touchées par le déversement, ce sont également les conséquences potentielles sur cet écosystème complexe et fragile qui s’accroissent. Le golfe du Mexique compte plus de la moitié des milieux humides de la partie continentale des États-Unis. Comme d’autres milieux fragiles, des estuaires, des plages, des rivages, des zones aquatiques, le golfe du Mexique possède une faune bien caractéristique, qui comprend notamment des oiseaux de mer, des dauphins et des requins.

Entreprises risquées
Le déversement toxique qui se répand dans les eaux et sur les rivages du golfe du Mexique expose plus de 400 espèces à un péril extrême. Pour de nombreuses espèces d’oiseaux, de poissons, de tortues et de mammifères marins, le début du déversement a coïncidé avec le plus fort de la période de fraie ou de nidification, ce qui rend la situation encore plus critique. Sont notamment en danger...

Les tortues marines
Cinq des sept espèces de tortues marines vivent dans le golfe du Mexique, le traversent dans leurs migrations et trouvent sur ses rivages leurs aires de nidification. La tortue imbriquée, la tortue verte, la tortue luth, la caouanne et la tortue de Kemp sont toutes considérées comme étant menacées ou en voie de disparition; à l’échelle mondiale, la tortue de Kemp est la tortue marine qui court le plus grand danger de disparition. Le pétrole peut avoir des effets néfastes pour les tortues de mer dans toutes les périodes de leur vie. Une contamination même infime des œufs par le pétrole peut les empêcher d’éclore ou donner naissance à des bébés tortues malades ou difformes. En raison de leur petite taille, les nouveau-nés qui franchissent leur plage natale et atteignent l’eau peuvent se faire submerger par une marée noire. Les jeunes tortues ont tendance à nager à la surface de l’eau et à trouver ainsi sur leur chemin ce pétrole qui peut les empoisonner ou les enduire. Quant aux adultes, ils peuvent ingérer du pétrole lorsqu’ils montent à la surface pour respirer et parfois même manger des boules de goudron.

Les oiseaux
Les oiseaux sont particulièrement vulnérables aux effets du déversement de pétrole. Lorsque les ailes d’un oiseau sont enduites de pétrole, l’animal ne peut plus voler ni se tenir au chaud, ce qui mène souvent à l’hypothermie. En essayant de lisser ses ailes, il avale du pétrole, ce qui peut entraîner des problèmes de santé graves, notamment des dommages aux reins et au foie, et parfois la mort. Les milieux humides du littoral forment l’habitat de divers oiseaux, par exemple des goélands et des mouettes, des aigrettes, des sternes et des oiseaux migrateurs. Le pélican brun, l’oiseau qui représente l’État de la Louisiane, s’est vu retirer de la liste des espèces en voie de disparition en 2009; les tempêtes des saisons passées lui avaient déjà rendu la vie difficile. Sa saison de reproduction venait tout juste de commencer lorsque le déversement de pétrole s’est produit. Le taux de reproduction du pélican brun étant faible, l’incubation des œufs au contact du pétrole représente une menace non négligeable pour cette espèce emblématique.

Les poissons, les mollusques et les crustacés
Les poissons, les mollusques et les crustacés constituent une partie importante du réseau trophique du golfe du Mexique. Lorsqu’une espèce ingère des substances toxiques, elle peut les transmettre à ses prédateurs. La principale période de fraie étant en cours, le déversement risque d’entraver la survie de la prochaine génération de poissons, de mollusques et de crustacés. Ni les œufs ni les larves de poissons ne peuvent se mouvoir par eux-mêmes; par conséquent, ils ne peuvent éviter la marée noire lorsqu’elle se propage dans leur direction. Les seules frayères du thon rouge de l’Atlantique Ouest se trouvent dans le golfe du Mexique. Espèce en demande pour les sushis et sashimis, le thon rouge de l’Atlantique a vu sa population décroître de manière constante et est considéré comme étant en danger grave de disparition.

Les mammifères marins
Parce qu’ils passent le plus clair de leur temps en mer, les mammifères marins compteront vraisemblablement parmi les premières espèces à être en contact avec le pétrole déversé. Comme ils doivent monter à la surface pour respirer, ils peuvent aisément émerger dans la nappe de pétrole. Ils courent également le danger d’ingérer de grandes quantités de pétrole en se nourrissant de proies contaminées. Les dispersants chimiques utilisés pour réduire le pétrole en petites particules peuvent également être nocifs pour les mammifères marins : ils peuvent leur causer des brûlures, des infections et des lésions des voies respiratoires ou du tube digestif.

Pas d’eau, pas de vie, pas d’exception
Bien qu’il soit trop tôt pour prendre la mesure exacte des effets réels ou des conséquences à long terme de ce déversement de pétrole sur les espèces sauvages et leurs habitats, nous pouvons supposer avec quelque certitude que les répercussions négatives se feront sentir pendant des années. Et ces répercussions peuvent être considérables. Le pétrole déversé s’étend chaque jour davantage, et l’ampleur du désastre croît avec cette expansion.

La conservation de l’eau demeure l’une des préoccupations centrales de la FCF. Nous tâchons de nous assurer que les cours d’eau du Canada et leur protection occupent le devant de la scène politique et éducative. Vous avez été nombreux à appuyer notre campagne contre les modifications à la Loi sur la protection des eaux navigables. Les Écoles bleues de la FCF sensibilisent les jeunes des quatre coins du pays à cet élément vital qu’est l’eau.

Du 8 au 14 juin, nous célébrerons la Semaine des rivières et des océans. La Semaine des rivières et des océans nous rappelle que la protection de la qualité de l’ensemble des eaux de nos bassins versants, qu’il s’agisse de l’eau de source, de l’eau des ruisseaux, des rivières, des lacs, des terres humides ou même de l’eau souterraine, améliore également la qualité des milieux océaniques canadiens. La plupart d’entre nous sommes de simples spectateurs du déversement de pétrole dans le golfe du Mexique, mais nous pouvons faire beaucoup chez nous pour renverser la situation de plus en plus difficile dans laquelle se trouvent nos étendues et cours d’eau. Nous avons la chance d’avoir au Canada une grande abondance d’eau, et nous avons à la fois l’obligation et le privilège de protéger cette source de vie pour le monde qui nous entoure.

Cette année, la Semaine des rivières et des océans accordera une importance particulière à la tortue luth, l’une des nombreuses espèces aquatiques actuellement inscrites à la liste des espèces en voie de disparition, tout en attirant l’attention sur les problèmes qui ravagent les espèces marines et perturbent de plus en plus les milieux qui forment leurs habitats. L’activité humaine – qu’il s’agisse de la pêche commerciale, de l’utilisation de l’eau à des fins récréatives, des déchets urbains ou de la pollution – affecte de manière importante les chances de survie de bien des espèces aquatiques. Nous avons tous un rôle à jouer pour assurer la conservation des milieux aquatiques dans lesquels vivent ces espèces. Célébrez la Semaine des rivières et des océans en prenant un engagement qui contribuera à garantir la salubrité de cette ressource vitale qu’est l’eau pour les générations de demain.