Les services que rendent les pollinisateurs, vivants ou non, passent facilement inaperçus. Pourtant, la pollinisation est indispensable à la reproduction de nombreuses espèces. Si celles-ci disparaissaient, la chaîne alimentaire et, par conséquent, les écosystèmes eux-mêmes s'effondreraient. Nous manquerions rapidement de nourriture, de médicaments et des produits du bois, bref de tout ce dont nous avons besoin pour vivre sur notre planète verte. Le travail des pollinisateurs est inestimable. Pensez, par exemple, aux aspects suivants :
- Aliments : Un tiers de ce que l'on croque provient du travail utile des pollinisateurs, qu'il s'agisse d'une banane, d'une pomme ou de chocolat. C'est également le cas de la moitié des gras et des huiles alimentaires consommés dans le monde. Pensez aussi aux boissons, aux fibres, aux condiments, aux épices et aux médicaments que l'on tire de plantes tributaires de la pollinisation. Et n'oubliez pas que la faune aussi se nourrit de végétaux qui se reproduisent grâce à ce même processus.
- Forêts : Les arbres sont des plantes à graines. Les érables, les frênes et les chênes de l'Est et du Sud du Canada, les sapins et les thuyas géants de l'Ouest, tout comme les épinettes du Nord boréal ont également recours à la pollinisation pour se renouveler Leur réussite devient la nôtre, puisqu'ils nous procurent le bois de construction pour nos maisons, le papier ainsi que des emplois et des lieux récréatifs.
- Air pur : Les plantes vertes constituent le « poumon » de la planète. Elles absorbent le dioxyde de carbone et libèrent de l'oxygène. La pérennité de la majorité de ces espèces végétales découle de la pollinisation.
- Eau salubre : Les plantes à fleurs aquatiques contribuent à purifier l'eau en absorbant les nutriments et les polluants Leurs cousines terrestres enracinées sur les berges ou sur les talus abrupts préviennent l'érosion des sols. Même les feuilles mortes ont leur utilité : elles forment une couche protectrice qui atténue l'impact des gouttes de pluie sur le sol.
- Biodiversité : La salubrité des écosystèmes et la biodiversité vont de pair. Or, la pollinisation contribue à la diversité biologique au moins à deux niveaux :
- La diversité génétique, c'est-à-dire les différences génétiques entre les membres d'une même espèce, provient du transfert efficace de pollen d'une plante à l'autre. Les populations végétales présentant une composition génétique diversifiée sont mieux armées pour lutter contre les maladies et les parasites et pour faire face aux changements survenant dans l'environnement.
- Le succès des plantes à graines en général a contribué à accroître la diversité des espèces des écosystèmes et, donc, à créer des écosystèmes plus sains.
- Économie : La pollinisation et ses produits permettent de maintenir la force de notre économie On estime que la pollinisation des insectes contribue, chaque année, à la production de fruits et de légumes d'une valeur de 1 milliard de dollars au Canada.
Une sombre réalité
Il est bien difficile d'imaginer un monde sans plantes à graines Le vent, l'eau, les colibris, les abeilles, les mouches et une foule de minuscules créatures s'acquittent fidèlement de leur tâche, sans tambour ni trompette, depuis des millions d'années. Pourtant, ce travail de pollinisation et la survie même de plusieurs agents biotiques sont compromis par nos activités.
- Perte d'habitat des pollinisateurs biotiques. Nos villes, nos maisons, nos pelouses et même nos champs ont chassé les variétés naturelles de plantes à fleurs qui, autrefois, composaient notre flore Il peut sembler contradictoire que de vastes cultures d'une même plante à fleurs ne représentent pas de riches habitats pour les pollinisateurs. Mais examinons la situation de plus près : dans ces champs immenses, un même type de plante parviendra à maturité en même temps et sera récolté également en même temps. Ainsi, le nectar et le pollen, qui composent le menu des pollinisateurs, ne sont accessibles que sur une courte période de temps. C'est comme si notre frigo, plein à craquer un jour, se trouvait complètement vide le lendemain, et que notre maison avait disparu du même coup! Sans habitat où se nourrir, s'accoupler et élever les petits, les effectifs et la diversité des pollinisateurs déclinent Des paysages contrastés et des régions sauvages protégées comme les parcs provinciaux, territoriaux et nationaux du Canada permettent d'assurer la diversité des habitats et, donc, d'accroître la variété des pollinisateurs.
- Produits chimiques toxiques. La lutte contre les ravageurs des récoltes a fait doubler le recours aux insecticides et aux herbicides depuis 1960. Les insecticides ne tuent pas uniquement les insectes nuisibles, à qui ils sont destinés, mais aussi ceux qui sont bénéfiques. De plus, ils peuvent persister dans l'environnement pendant une longue période. Même à faible concentration, les insecticides peuvent interférer avec la mémoire des abeilles et leur capacité à se diriger et à butiner Les herbicides, un autre type de poison destiné aux mauvaises herbes, peuvent détruire les sources d'aliment dont dépendent les pollinisateurs avant et après la période de floraison des cultures.
- Parasites et maladies venus d'ailleurs. Deux petits acariens, parents de l'araignée, s'en prennent aux populations d'abeilles domestiques et d'abeilles sauvages. L'acarien de l'abeille, originaire d'Amérique du Sud, s'attaque à la trachée de sa victime qui finit par suffoquer. Le varroa, qui nous vient d'Asie, se fixe au corps de l'abeille et suce ses éléments vitaux jusqu'à ce que mort s'ensuive. En 2003, ces deux parasites ont détruit de 30 à 50 % des colonies d'abeilles dans l'Est du Canada. Les scientifiques s'interrogent sur la propagation, en Amérique du Nord, de ce qu'on appelle la maladie de la disparition de l'abeille ou encore le syndrome d'effondrement des colonies : les abeilles partent à la recherche de pollen et de nectar et ne regagnent jamais leur nid Des colonies entières se vident ainsi sans que personne ne puisse encore l'expliquer, même si on soupçonne qu'un virus est à l'origine de cette épidémie.
- Changements climatiques. Les changements climatiques semblent influer sur tous les aspects de la vie de la planète et la pollinisation n'y fait pas exception Parmi les effets qu'on leur attribue figurent les suivants :
- Plus de parasites provenant d'autres régions sont capables de survivre et de nuire aux pollinisateurs bénéfiques.
- Certains insectes pollinisateurs voient leur aire de distribution s'amenuiser. Cela risque de provoquer une perte de diversité chez les pollinisateurs et, par conséquent, chez les plantes.
- Les périodes de floraison et d'activité des insectes peuvent fluctuer, de sorte que la production de pollen pourrait ne plus coïncider avec l'activité des pollinisateurs.
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