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Trouver les baleines

Mais où sont les baleines?

Comment protéger et conserver une espèce sauvage alors que nous ne savons pas où elle se trouve? Comment pouvons-nous changer nos comportements pour réduire nos impacts et assurer la pérennité des espèces si nous ne pouvons pas dire avec certitude où elles se trouvent? En bref, nous ne pouvons pas. Il est impossible de vraiment protéger une espèce de baleine sans en connaître beaucoup sur ses principaux besoins et comportements, ainsi que les principales menaces à son existence, dont beaucoup sont causées par des activités humaines. Il reste encore beaucoup à faire.

Les baleines, parmi elles les plus grands animaux du monde, sont en réalité très difficiles à localiser.

Le suivi des mammifères terrestres comme le caribou du Canada est assez difficile compte tenu de l’immensité de notre territoire et de la mobilité de ces animaux. Mais ce défi semble simple par rapport à la tâche écrasante de rechercher des créatures qui évoluent au fond d’un océan à des profondeurs insondables, à des températures glaciales et dans une obscurité impénétrable. Ce vaste champ de recherche « tridimensionnel » renferme une multitude d’espèces de baleines extrêmement mobiles, qui évoluent partout, de juste en dessous de la surface de l’eau jusqu’à plusieurs kilomètres de profondeur, le tout dans un monde mystérieux qui englobe environ 70 % de la planète.

Le défi est si grand qu’en dépit de plus d’un siècle de recherche et d’étude scientifique (et environ mille ans de pêche à la baleine), l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), responsable de la publication annuelle de la Liste rouge mondiale des espèces menacées, a estimé en 2017 qu’il est impossible de déterminer le statut de 50 % des espèces de cétacés existantes, par manque d’information! Une bonne illustration du peu de connaissances que l’on a sur les baleines : une nouvelle espèce (maintenant connue sous le nom de Berardius minimus) a été découverte au large du Japon en 2019. Et en 2021, dans le golfe du Mexique, une nouvelle espèce de baleines, la baleine de Rice (Balaenoptera ricei), a été découverte et immédiatement déclarée en voie de disparition.

humpback whale underwater

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« Si nous ne savons même pas où se trouve la faune marine, comment pouvons-nous espérer gérer les activités sur les océans? Comment pouvons-nous arrêter d’être les adversaires des baleines dans le monde naturel et devenir leurs gardiens attentifs? Pour assurer leur avenir, nous devons être en mesure de savoir où se trouvent les baleines aujourd’hui. »

Sean Brillant, biologiste principal en conservation (programmes marins)

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La recherche dans les eaux canadiennes n’est pas moins intimidante

Vivant au large des 244 000 kilomètres de côtes du Canada dans quelque sept millions de kilomètres carrés d’océan, il y existe au moins 30 espèces différentes de baleines et de dauphins. Elles se trouvent dans les eaux du Pacifique au large de la Colombie-Britannique, de Vancouver au nord de l’Alaska, dans les eaux de l’Atlantique Nord, de la Nouvelle-Écosse au Cercle Arctique, et dans les vastes eaux nordiques de l’archipel Arctique et des environs, ainsi que dans les principales mers intérieures de la baie d’Hudson, de la baie James, du détroit de Géorgie et du golfe du Saint-Laurent.

Maintenant que ces programmes sont en fin de mandat, de nouvelles sources de financement doivent être développées. Un travail important a besoin de financement pour continuer.

vintage illustration sailor with spyglass

Anciennes et nouvelles façons de chercher des baleines

Combien y en a-t-il ? Où vont-elles? Qu’est-ce qu’elles mangent? Comment trouvent-elles leur nourriture? Dans la quête permanente de connaissances sur les baleines et leurs comportements, nous devons développer des moyens meilleurs et plus efficaces pour les localiser, les suivre et les observer. C’est la prochaine étape cruciale. Comme nous l’avons vu, malgré leur taille massive, ce n’est pas une tâche facile. C’est difficile et cela coûte cher. Il existe deux approches fondamentales pour savoir où se trouvent les baleines : l’observation et la prédiction. Ces deux catégories distinctes, comprenant plusieurs stratégies anciennes et nouvelles, ne sont vraiment efficaces que lorsqu’elles sont déployées ensemble. En effet, compte tenu de l’ampleur du défi, la seule possibilité de réussite est de déployer toutes les différentes méthodes en conjonction les unes avec les autres.

Surveillance : Des jumelles aux satellites

« Ça souffle! » C’était l’appel traditionnel lorsqu’un guetteur sur un baleinier repérait le jet d’une baleine. Pendant des milliers d’années, la seule façon de repérer une baleine, a été de patrouiller un endroit probable de l’océan et de garder un œil attentif. C’était simplement une question de chance. L’observation visuelle reste la principale façon de rechercher les baleines, généralement à partir d’un avion ou d’un bateau rapide, mais il existe également des études visuelles à terre dans des zones connues pour avoir une présence importante de baleines. Avec une bonne formation et l’équipement approprié, un observateur professionnel peut repérer des baleines parmi les vagues lorsqu’elles viennent respirer à la surface et peut identifier les espèces par des différences subtiles dans leur forme, leurs marques et même l’aspect de leurs jets. Cette méthode a l’avantage de pouvoir enregistrer des marques distinctes (y compris les cicatrices d’enchevêtrements et de collisions avec des navires), afin que chaque baleine puisse être individuellement identifiée et suivie. Récemment, des caméras infrarouges ont été testées pour évaluer si leur capacité à capter différentes signatures thermiques pourrait aider à rechercher ces créatures à la surface de l’eau. Cependant, la chance et le hasard demeurent au cœur du succès de cette méthode : il s’agit avant tout d’être au bon endroit au bon moment.

Les observations visuelles sont peut-être une méthode éprouvée, mais elle est loin d’être idéale : Les bateaux coûtent cher à exploiter et ne peuvent pas couvrir de grandes surfaces. Les avions coûtent encore plus cher et ont une empreinte carbone plus importante, sans parler de la nécessité d’avoir un équipage spécialement formé. Et fondamentalement, puisqu’elles ne passent qu’une petite partie de leur temps à la surface, les baleines sont tout simplement difficiles à voir. On estime que les baleines noires passent 20 % de leur temps à la surface, ce qui est un pourcentage plus élevé que pour de nombreuses autres espèces de baleines. De plus, il est impossible d’accomplir un contact visuel par mauvais temps, une condition maritime courante, comme vous le dirait tout marin.

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La réalité inévitable est que nous perdons sans cesse des baleines de vue. Les océans sont tout simplement gigantesques. Même de petites parties de ceux-ci, comme le golfe du Saint-Laurent, qui est en fait une mer territoriale, sont trop vastes pour être cherchées à fond. Il n’existe pas un seul appareil qui soit approprié et utilisable pour atteindre l’objectif. Nous avons plutôt besoin d’une expansion continue des approches et des technologies, afin de pouvoir compter sur toute une constellation de dispositifs pour détecter et étudier les baleines dans la nature. Il n’y a pas une solution unique.

Sean Brillant, biologiste principal en conservation (programmes marins)

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Écoutez : navires, bouées et planeurs

Un autre moyen de détection et de surveillance consiste à les écouter. Les baleines sont des animaux acoustiques, ce qui signifie qu’elles utilisent des sons pour communiquer entre elles. Tandis que les baleines à dents utilisent ces sons comme un sonar pour détecter et communiquer, les baleines sans dents « chantent » comme moyen de communication. Utilisant des microphones sous-marins sensibles reliés à du matériel avancé exécutant des programmes sophistiqués, les chercheurs peuvent enregistrer les sons des baleines et souvent distinguer les espèces et ainsi identifier les types de baleines à proximité.

La technologie acoustique est utilisée depuis longtemps par les navires, mais le bruit qu’ils font est perturbateur et les navires eux-mêmes représentent un danger pour les baleines à proximité. Une méthode utilisée depuis longtemps consiste à répartir un réseau de bouées fixes équipées d’hydrophones. Celles-ci ont été utilisées avec un succès réel, mais elles sont limitées par le fait d’être situées et prises à un endroit particulier et par la nécessité d’avoir à recourir à plusieurs bouées pour couvrir une zone aussi petite qu’elle soit. De plus en plus fréquemment, des hydrophones sont déployés à bord de planeurs autonomes, permettant aux scientifiques de plonger en profondeur là où les baleines vivent la plupart du temps. Parce qu’ils fonctionnent de manière autonome, ces planeurs sont très silencieux et peuvent couvrir des centaines de kilomètres sur des déploiements étendus. Ils présentent également d’énormes avantages par rapport aux hydrophones statiques sur bouée ou à bord de navires. Outre les hydrophones utilisés pour enregistrer le son des baleines à proximité et la capacité de transmettre des données en temps réel, ces drones sous-marins sont souvent également équipés d’instruments qui peuvent mesurer la profondeur, la salinité, la température de l’eau et même quels types de nutriments sont présents et disponibles pour les baleines dans la colonne d’eau. Les renseignements qu’ils recueillent peuvent être inestimables pour décider des mesures locales de conservation et pour déterminer comment éviter un contact entre les activités humaines et les baleines.

Bien sûr, l’écoute des baleines a également ses limites. Tout d’abord, les chercheurs ne peuvent pas se baser sur les enregistrements pour dire combien il y a de baleines, dans quelle direction elles se dirigent ni ce qu’elles font. Et il n’y a aucun moyen, contrairement à l’observation visuelle, d’identifier les baleines individuelles. Et bien sûr, cette méthode ne fonctionne que si les baleines vocalisent. Si elles n’émettent pas de sons, personne ne sait qu’elles sont là.

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Yeux dans le ciel, bas et haut

Il y a eu quelques innovations technologiques intéressantes au cours de la dernière décennie, dont certaines sont maintenant entrées dans les applications courantes. L’utilisation de drones, par exemple, offre une formidable opportunité d’inspection de près. Ces petits avions sans pilote, mais robustes, couvrent de larges étendues de l’océan, recherchant la présence de baleines, rassemblant d’innombrables images, et ce pour produire une analyse instantanée par ordinateur afin d’indiquer aux chercheurs si des baleines furent aperçues. Des drones sont également utilisés pour survoler discrètement les baleines, pour capturer des mesures précises et pour effectuer une évaluation de près de leur santé et de leur état corporel. Des versions spécialement conçues commencent à être déployées, qui ont la capacité de planer au-dessus de l’évent pour collecter des spécimens des jets de baleines. De tels échantillons offrent un tout nouveau niveau de connaissances du régime alimentaire d’une baleine, de son état de santé et de son niveau de stress, renseignements qui sont précieux pour les conservationnistes de baleines. Et ce processus est complètement discret. Au Canada, jusqu’à présent, ils ont été utilisés sur la côte ouest pour observer les orques et ont commencé à être déployés pour aider à évaluer la population de baleines à bosse dans la baie de Fundy.

Au cours des dernières années, les satellites ont également fait partie de l’arsenal des chercheurs de baleines du 21e siècle. En janvier 2021, l’Agence spatiale canadienne a annoncé, avec Pêches et Océans Canada et Transports Canada, qu’elle avait l’intention de commencer à utiliser une partie de la capacité satellite du Canada pour surveiller et protéger les baleines menacées dans les eaux du pays. Appelé baleinIdées, ce projet triennal de 5,3 millions de dollars permettra de mettre au point des systèmes permettant aux satellites de détecter la présence de baleines noires et de suivre et de prédire leurs mouvements. Parmi les projets actuellement en cours se trouve un système permettant de fournir des données de localisation à la minute près et de détecter toute proximité de navires potentiellement dangereux.

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drone over beach


satellite over earth
whale map from gliders


DFO right whale map

Prédiction et analyse

Aussi important pour la science de la conservation des baleines que l’observation, le processus de prédiction plus lointain et plus obscur basé sur l’analyse des conditions connues est tout aussi précieux. Comme nous l’avons vu, l’observation des baleines dans la nature n’est pas une mince tâche, donc toute méthode susceptible d’aider les chercheurs vaut la peine d’être poursuivie.

L’approche consiste à développer des analyses prédictives basées sur l’emplacement des sources de nourriture et d’autres conditions favorables aux baleines, souvent appelées modèles centrés sur les proies. Un bon exemple est une étude universitaire publiée en 2020 sur les baleines boréales dans les eaux au large de l’Alaska. Tentant d’identifier l’emplacement des populations de baleines noires boréales dans la mer de Beaufort, afin de déterminer où des mesures de protection étaient les plus nécessaires, les chercheurs ont modélisé ce qui serait l’emplacement probable, en fonction de la température de l’eau, de la composition chimique de l’eau, des profondeurs, des courants locaux et, surtout, de la présence de zooplancton, une source de nourriture essentielle pour les baleines noires boréales. En estimant l’emplacement des proies, ce type d’analyse peut prédire où les baleines iront. C’est une modélisation similaire centrée sur les proies qui a aidé les chercheurs à suivre les baleines noires au large de la côte atlantique du Canada. Les eaux plus chaudes associées au réchauffement climatique ont fait disparaître progressivement la principale proie de la baleine noires des lieux d’alimentation habituels comme le golfe du Maine et la baie de Fundy et on les a trouvées plus au nord dans les eaux plus froides du golfe du Saint-Laurent.

Avec les progrès de l’intelligence artificielle, les analyses prédictives et statistiques deviennent de plus en plus robustes et fiables. S’appuyant sur des données du monde réel provenant d’une multitude de sources mondiales, des ordinateurs puissants, utilisant des techniques de classification d’apprentissage en profondeur (qui peuvent digérer et apprendre à partir de grandes quantités de données visuelles ou acoustiques et fournir des modèles prédictifs), ont la capacité de résoudre des problèmes complexes. Ils devraient s’avérer un outil de plus en plus efficace dans les efforts visant à localiser et à conserver les populations de baleines.

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L’ACRUMM a été créée en 2013 pour unifier et appuyer les réseaux régionaux d’intervention maritime du Canada, encourager le partage de l’expertise et des ressources et combler les lacunes critiques dans le fonctionnement continu des réseaux. L’ACRUMM est présidée et coordonnée par la Fédération canadienne de la faune et dirigée par des représentants de chaque organisation régionale : Terre-Neuve-et-Labrador, les provinces maritimes, le Québec et la Colombie-Britannique, ainsi que le représentant du ministère des Pêches et des Océans (MPO).

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