Conservation des tortues

Environnement Canada a récemment publié le programme de rétablissement de quatre espèces de tortues (la tortue musquée de l’Est, la tortue molle à épines, la tortue mouchetée et la tortue ponctuée) et le plan de gestion pour deux autres espèces (la tortue géographique du Nord et la tortue serpentine). Ses documents énumèrent une liste inquiétante des 15 menaces principales (classées de moyenne à élevée) pour les six espèces. Toutes les menaces se rapportent à l’activité humaine, dont la perte ou la dégradation des habitats, les collisions avec des voitures et des bateaux et la prise accessoire associée la pêche.

Bien chaque espèce soit menacée par différentes choses et qu’aucune espèce ne soit confrontée à l’ensemble des menaces, onze des quinze menaces nuisent au rétablissement de la tortue molle à épines.

La perte et la conversion d’habitats sont menaçantes pour toutes les espèces. Il y a de moins en moins de terres humides au Canada, et peu de provinces ont imposé une protection juridique. Le développement des rivages menace grandement la tortue géographique et la tortue molle à épines. Le fait d’installer des murs de soutènement, des perrés et des quais réduit l’étendue de l’habitat disponible aux tortues pour faire leur nid, se prélasser au soleil, trouver de la nourriture et hiverner. L’introduction d’espèces exotiques et envahissantes a résulté dans un changement d’habitats étonnant pour la tortue mouchetée, la tortue molle à épines, la tortue ponctuée et la tortue géographique du Nord. En particulier, le roseau commun a envahi les terres humides et a réduit la qualité de l’habitat en diminuant la chaleur solaire aux sites de nidification.

Les six espèces sont toutes touchées par la capture illégale. Le commerce des tortues comme animal domestique est florissant, et toutes les espèces sont vendues illégalement au Canada et exportées ailleurs. Ironiquement, plus une espèce décline, plus le prix des tortues de cette espèce augmente, rendant ce marché plus lucratif. Les seules façons de mettre fin au commerce illégal de tortues sont d’accroître les risques d’être arrêté par les forces de l’ordre ou de diminuer le marché en conscientisant les clients potentiels. Il existe aussi un marché alimentaire, mais la portée du problème n’est pas bien connue.

Les collisions avec les véhicules menacent presque toutes les espèces. Les tortues se déplacent … à pas de tortues… et le réseau routier en expansion constante menace la survie des espèces de tortues par la mortalité et par l’entrave à leurs déplacements. Même si la tortue est consciente de l’approche d’une voiture, il y a peu de chance qu’elle puisse se déplacer assez rapidement pour éviter d’être happée. Une meilleure planification des routes loin des terres humides et la construction de passages pour les tortues sous la chaussée doivent être intégrées dans les budgets d’infrastructure des routes.

Une autre cause de mortalité pour certaines espèces est la collision avec les bateaux. Les tortues qui se prélassent dans l’eau – la tortue molle à épines, la tortue géographique du Nord et la tortue musquée de l’Est – sont vulnérables à de telles collisions. Les plaisanciers peuvent ne pas voir les tortues dans l’eau et ne pas sentir l’impact de les avoir happées. Il serait peut-être important de réduire les limites de vitesse et d’imposer des zones de non-navigation pour diminuer les risques.

Une autre menace étonnante pour toutes les espèces (sauf la tortue ponctuée) est celle des prédateurs favorisés par les activités humaines. Ces espèces comprennent celles qui sont bien adaptées aux activités humaines, dont le raton laveur et le renard roux. Puisque leurs populations prospèrent près des habitations humaines, ils sont devenus d’importants prédateurs de nids.

Une autre menace répandue est l’hameçonnage accidentel des tortues durant les parties de pêche. De nombreuses tortues d’eau douce sont des charognards opportunistes qui aiment aussi parfois saisir des proies vivantes, ce qui les met à risque de mordre des poissons hameçonnés. Souvent, les pêcheurs ne feront que couper la ligne lorsqu’une tortue est hameçonnée. L’hameçon demeure alors dans la tortue.

Certains hameçons restent pris dans la bouche de la tortue, ce qui nuit à sa capacité de s’alimenter. D’autres hameçons sont avalés et demeurent logés dans la gorge ou l’estomac, ce qui peut être mortel. Même si ce n’est pas l’hameçon qui tue la tortue, elle peut mourir d’intoxication au plomb si elle avale aussi le plomb.

Voulez-vous contribuer à la conservation des tortues? Consultez le tableau ci-dessous pour vous familiariser avec les menaces à chaque espèce. Demandez aux politiciens d’adopter des mesures de conservation. Les programmes de rétablissement et les plans de gestion nous montrent la voie à suivre. Il faut maintenant veiller à ce que ces mesures soient exécutées. Si vous vivez dans un endroit où il y a une de ces espèces, trouver un groupe communautaire qui pourrait jouer un rôle important et demander aux décisionnaires dans la conservation des tortues de réduire les taux de mortalité, la capture illégale et les blessures faites aux tortues. Pour obtenir de plus amples renseignements sur les programmes de rétablissement, consultez nos lettres de réponse à Environnement Canada.